Publié le 24 août 2021 à 21h57 - Dernière mise à jour le 1 novembre 2022 à 14h54
Les Hôpitaux Universitaire de Marseille (AP-HM) font face à un nombre croissant de malade Covid hospitalisés (très majoritairement non vaccinés) au sein de ses établissements qui en font un des CHU les plus impactés de France métropolitaine. Et, alors que l’AP-HM prévient qu’elle ne pourra guère aller au-delà de ces 67 lits de réanimation dédiés aux patients Covid, en raison des congés des soignants et des difficultés à recruter, les prévisions pour la semaine à venir sont particulièrement inquiétantes.
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur est fortement touchée par la quatrième vague de Covid avec un taux d’incidence qui dépasse les 600 cas pour 100 000 habitants quand il n’est que de 244 au niveau national. Dans ce contexte l’AP-HM a tenu une conférence de presse ce lundi 23 août lors de laquelle elle n’a pas manqué de voix pour dire: Il y a urgence à convaincre la population à se faire vacciner «pour protéger les autres, se protéger, éviter d’aller à l’hôpital», avance un expert, un autre ajoutant: «Il n’existe pas de traitement curatif efficace à l’heure actuelle la vaccination est la seule solution efficace pour lutter contre les formes graves». L’AP-HM met d’abord en exergue la situation au 20 août dans ses hôpitaux (Conception – Hôpital Nord – Sud -Timone): 234 patients Covid dont 61 en réanimation, 175 sont en hospitalisation ou aux urgences et 833 décès sont à déplorer depuis le 1er août 2020. «Sur ces 61 patients, 53 ne sont pas vaccinés, un a un schéma incomplet et 7 un schéma complet. Il s’agit de personnes soit très âgées soit immunodéprimées de haut niveau».
«89% des personnes qui sont actuellement en réanimation ne sont pas vaccinées»
Un expert précise: «Il y a 15 jours nous comptions 50 patients de moins en réanimation et nous attendons 25 patients supplémentaires par semaine lors des deux semaines à venir». De fait l’APHM lance un appel: «Nous avons besoin de 10 médecins supplémentaires ainsi que de médecins retraités pour les vaccinations ainsi que d’infirmières et infirmiers». «89% des personnes qui sont actuellement en réanimation ne sont pas vaccinées sachant que les non-vaccinés ne représentent que 30% de la population», signale ainsi le Pr Jean-Luc Jouve, Président de la Commission Médicale d’Établissement qui précise encore que la moyenne d’âge a baissé: «Elle est actuellement de 54 ans, la personne la plus jeune en réanimation a 22 ans, la plus âgée 78 ans. Et le ratio homme/femme qui, lors des précédentes vagues était de 2/3 d’hommes pour 1/3 de femmes, s’est fortement modifié avec cette nouvelle vague, avec 50% de femmes». Il est également indiqué que 180 patients Covid sont actuellement en réanimation dans les Bouches-du-Rhône et que cette quatrième vague a entraîné l’hospitalisation d’enfants «même si on compte peu de formes graves pour l’instant».
Une vague particulièrement forte dans les quartiers populaires
Une vague qui, à Marseille, est particulièrement forte dans les quartiers populaires, et, en premier lieu, dans les 15 et 16e arrondissements : «Les raisons sont multiples, parmi elles, le manque de lieux de vaccination et la pauvreté des transports en commun», avance un expert qui indique: «Nous allons organiser la semaine prochaine, avec la Ville, le Département et les marins-pompiers une opération de vaccination aux Aygalades (15e)». Le professeur Jouve regrette : «Lorsqu’on voit que plus de 80% des personnes en réanimation ne sont pas vaccinées nous avons une incompréhension sur les propos tenus sur « YouTube » par le professeur Raoult. Autant nous l’avons suivi sur l’hydroxychloroquine il y a 1 an et demi, parce qu’il n’y avait rien d’autre et qu’il fallait tout tenter pour sauver nos patients- nous avons vu depuis que cela n’avait pas les effets escomptés- autant nous ne pouvons pas le suivre quand il émet des réserves sur la vaccination. Lorsque l’on porte un discours il doit être accessible et intelligible, on peut débattre dans un colloque mais l’impact est tout autre sur YouTube. Un tel discours non seulement a un impact sur les personnes les moins informées mais nourrit également certains partis politiques qui en font un mauvais usage».
La vaccination des professionnels de santé est également abordée : «Nous avons plus de 60% de nos personnels qui sont vaccinés et nous multiplions les campagnes d’informations. Ce travail pédagogique porte ses fruits puisque nous arrivons à 100% de vaccinés dans certains services. Nous allons poursuivre note action pédagogique, passer du temps à expliquer et, lorsque le Pass sera obligatoire nous appliquerons la Loi». Toujours à propos du Pass, l’APHM indique ne pas connaître de problèmes «sachant que nous agissons avec pédagogie et que nous évitons tout renoncement aux soins».
Michel CAIRE
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