Publié le 15 septembre 2021 à 21h36 - Dernière mise à jour le 1 novembre 2022 à 16h25
Il est loin le temps où Francis Cabrel, cheveux longs et bottes de cow-boy chantait au Rex, salle de spectacles aixoise aujourd’hui disparue, qui était située en haut du cours Mirabeau, (au niveau du 48/52), là où se sont produits des centaines d’artistes de Julien Clerc à Murray Head, en passant par Brassens, Anne Sylvestre, Aznavour, Maxime Le Forestier, Guy Bedos. Là où Pierre Desproges réalisa son dernier one man show quelques jours avant sa mort et qui fut un haut lieu culturel de la ville.
Il est loin ce temps-là, et pourtant…. Présent au Pasino d’Aix pour deux soirées, Francis Cabrel n’a pas pris artistiquement une ride. Mieux…..il s’est bonifié, chante de mieux en mieux, d’une voix maîtrisée tout en nuances, qui n’a rien à voir avec celle des caricaturistes l’imitant, avec reconnaissons-le, une certaine admiration. Voire une admiration certaine. Artiste intemporel Cabrel l’est aussi par la teneur de ses titres, qui, pour la plupart, évoquent l’amour. «Je l’aime à mourir», «Petite Marie», «Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai», «L’encre de tes yeux», ou encore «La robe et l’échelle», chef d’oeuvre que l’on trouve sur l’album «Des roses & des orties», autant de chansons interprétées au Pasino dans ce troubadour tour, où il ne s’est pas séparé de sa guitare (sauf pour un titre) et avec laquelle il a ouvert seul le concert sur «Le chêne liège» et clos là encore en solitaire avec «Les chevaliers cathares». Un autre magnifique titre faisant référence à ces trois sculptures modernes évoquant le souvenir cathare sur l’aire de Pech Loubat, située au cœur de l’autoroute A61 près de Narbonne.
Trobador Tour
Trois colosses de ciment signés de l’artiste Jacques Tissinier que Cabrel relie à une sorte de complainte d’un monde oublié, fait de troubadours, de châteaux, de poèmes épiques en occitan parfois, et qui ne sont pas étrangers me semble-t-il au fait que le concert et la tournée s’appellent «Trobador Tour». Intemporel, sans rides de style, aucune de ses chansons ne paraissent datées, Cabrel s’est affirmé encore comme un fantastique metteur en scène sonore. Entouré de quatre musiciens virtuoses avec qui il a réorchestré tous ses titres et offert des intros puissantes et inventives, le chanteur a donné deux heures de récital où il sera beaucoup question également de défense de la nature et des rapports des hommes entre eux qu’on espère toujours plus harmonieux et plus fraternels. Quatre musiciens et sa propre guitare mêlée, on a l’impression néanmoins qu’un orchestre tout entier fait surgir des sons admirablement calibrés pour l’occasion. Cabrel qui évite tout bavardage ne meuble pas, va à l’essentiel et on n’oubliera pas «Sarabacane», ou «La dame de Haute Savoie» semblant revêtir des habits tout neufs. Splendide, essentiel, puissant et citoyen…Que demander de plus ?
Jean-Rémi BARLAND
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