Publié le 9 octobre 2021 à 13h12 - Dernière mise à jour le 1 novembre 2022 à 16h39
Marseille a su mettre en avant ses qualités de cœur pour Bernard Tapie. Une cérémonie toute en émotion lors de laquelle les supporters étaient là ainsi que des personnalités qui ont rendu un dernier hommage à celui qui est: « à jamais le premier ».
Comment ignorer la force de cette journée? Un peuple de supporters marseillais qui accompagne Bernard Tapie vers la cathédrale de la Major, qui suit la cérémonie qui pleure, applaudit, rit parfois au fil des interventions. Et les cornes de brume de bateaux qui accompagnent les fumigènes lorsque le Boss quitte la cathédrale pour s’en aller rejoindre sa dernière demeure.
Pour Monseigneur Aveline, l’archevêque de Marseille: « Si Bernard Tapie a choisi notre ville pour y établir sa dernière demeure, c’est parce qu’il l’aimait profondément. Et Marseille le lui rend bien ! Il aimait cette ville parce qu’elle lui ressemblait : populaire et libre, fière et rebelle, tendre et violente à la fois, accueillante à tous ceux que la vie a meurtris, exubérante, certes, mais pour mieux cacher sa pudeur», décrit-il avant d’ajouter: «On pourrait dire de Marseille ce que Bernanos disait de la France : »Nous sommes un peuple que le malheur n’endurcit pas ; nous ne sommes jamais plus humains que dans le malheur. Voilà le secret de la faiblesse inflexible qui nous fait survivre à tout ». Alors ce matin, le peuple de Marseille est là, présent et recueilli, triste et fier à la fois».
«Celui qui ne se bat que pour lui-même n’arrive à rien»
Il reprend: «La vie de Bernard Tapie a sa part d’ombre, c’est vrai, qui pourrait le nier ? Il était né « dans le tiroir d’en bas », comme il se plaisait à le dire, et avait voulu monter au plus haut, mais pas tout seul. Tel était, peut-être, son secret : celui qui ne se bat que pour lui-même n’arrive à rien. Le respect de Dieu ne va jamais sans l’amour des autres».
«La force vient du peuple»
Monseigneur Aveline évoque ensuite les joueurs et les supporters de l’Olympique de Marseille, «tous ceux qui, avec lui, avaient retrouvé le chemin de l’espoir et réussi à réaliser leurs rêves. Cette fierté, ils ne l’ont pas oubliée. On dit souvent qu’à Marseille, quand l’OM va, tout va ! Car ici, on sait que la force d’une équipe ne vient pas des milliards que certains injectent dans d’autres grands clubs. La force vient du peuple, qui aime jouer au ballon et qui pousse son équipe vers la victoire, parce que chacun puise dans cette communion la force d’affronter les réalités parfois difficiles de sa vie». Il précise immédiatement: «Mais à Marseille, au-dessus du stade, il y a la Bonne Mère ! Elle veille sur tous les Marseillais, ceux qui aiment le foot et ceux qui préfèrent autre chose, ceux qui habitent sur terre et ceux qui travaillent en mer, ceux qui connaissent le Christ et ceux qui ne le connaissent pas, ceux qui sont croyants et ceux qui ne le sont pas».
L’archevêque de Marseille note enfin: «Son ultime combat a été l’occasion pour lui de proclamer la foi qui l’animait. « Mon premier geste en me levant le matin est de me mettre à genoux et de prier », confiait-il. Bien loin de moi l’idée d’en faire des gorges chaudes : la foi est un secret intime. Mais son désir d’en parler n’était pas une impudeur médiatique. Il traduisait simplement sa certitude que l’amour est éternel et que même la mort ne peut rien contre lui».
«Depuis un an nous avons tous les jours priés»
Le Pasteur Marcel avance ne pas connaître la personne publique, en revanche, il connaît l’homme :«L’époux complice, le père, un homme vrai, sincère dans son amour du prochain» avec lequel «depuis un an nous avons tous les jours priés sans jamais qu’il ne lâche la croix qu’il tenait dans la main». Et d’insister: «Il était unique, exceptionnel». Rodolphe Michaux-Tapie avec tendresse et humour évoque la plus belle réussite de celui qu’il appelle Daddy, son grand-père: ce succès c’est la famille. Et d’évoquer une anecdote avec sa tante Sophie donnant à cette dernière et à l’assistance l’occasion de rire…
«Tu entres aujourd’hui dans le Panthéon du cœur des Marseillais»
Au préalable la parole était revenu aux politiques, en premier lieu à Renaud Muselier, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur qui avoue: «Nous pensions être préparés à ton départ, et bien nous ne l’étions pas». Ajoute encore: «Quand on voit l’émotion qu’a suscité l’annonce de ta disparition, on comprend mieux la force de l’empreinte que tu laisses partout dans le pays». Avant de lancer: «Tu entres aujourd’hui dans le Panthéon du cœur des marseillais. Tu y entres par la porte majestueuse de la cathédrale de la Major, lieu emblématique de tous les Marseillais, au même titre que Notre-Dame de la Garde».
«Marseille te va si bien, poursuit le président de région Et d’ailleurs, comme Marseille, tu n’as jamais laissé personne indiffèrent. Tu étais un homme singulier qui se déclinait au pluriel». Et il avoue être «impressionné, depuis ton départ, par le nombre d’éloges en ton honneur. On pourrait croire que tu n’as jamais eu d’adversaire, jamais eu de détracteur, d’opposant ou de critique. Cette belle unanimité doit bien te faire sourire, de là où tu nous regardes».
«Le gladiateur s’en est allé»
Jean-Louis Borloo, bouleversé, déclare: «Le gladiateur s’en est allé». Avance: «Tu n’as pas pu être maire de Marseille alors tu as été Marseille». Et il conclura son intervention en paraphrasant Rudyard Kipling: «Tu as été un homme mon frère». Pour Samia Ghali, maire-adjointe au maire de Marseille: «Il est allé chercher l’étoile, il l’a faite nôtre et cette étoile va veiller sur lui» avant de faire une promesse: «Ta mémoire ne sera pas oubliée après cette dernière journée». Benoît Payan, le maire de Marseille rappelle : «Bernard Tapie était un enfant de Marseille, un enfant adopté. Il a aimé Marseille et lui portait la force et la passion de ceux qui se sont choisis. Il aimait Marseille au point d’y faire son dernier voyage. Lui, l’enfant pauvre de Paris, du Paris populaire, a su comprendre et aimer cette ville. Il l’a faite vibrer, il lui a donné de la fierté».
Michel CAIRE