Publié le 11 octobre 2021 à 22h21 - Dernière mise à jour le 1 novembre 2022 à 16h41
«Le plus grand chantier que la Ville a initié depuis les années 1960.» Le maire de Marseille, Benoît Payan, qualifie ainsi le plan de rénovation des écoles marseillaises présenté ce lundi 11 octobre. Un plan de 1,2 milliard d’euros sur neuf ans pour réparer «une blessure profonde» et construire des écoles «plus ouvertes et plus vertes» Il sera mené dans le cadre d’un partenariat public/public avec l’État, dont le montant de la participation n’est pas encore connu. .
«La honte de la République», titrera en 2016 Libération dénonçant ainsi l’état des écoles marseillaises. À l’instar de l’habitat indigne, leur délabrement a suscité l’indignité. Aujourd’hui, «C’est le plus grand chantier que la ville de Marseille a initié depuis les années 1960. Depuis la construction du métro et le plan Egger, jamais la ville n’a porté un projet d’une telle ampleur sociale, environnementale, économique et territoriale», annonce Benoît Payan lors d’une conférence de presse sur ce dossier très attendu, promesse de campagne de la nouvelle majorité de gauche. En effet quelque 814 millions d’euros seront affectés aux 174 écoles (sur 472) les plus délabrées pour des rénovations lourdes ou des reconstructions.
Répondre aux urgences
Le maire de Marseille rappelle que «pour faire face à cette situation et dès notre arrivée, il a fallu répondre aux urgences. Dès le premier conseil municipal du mandat nous avons débloqué une enveloppe exceptionnelle de 30M€ pour réparer les écoles, les mettre en sûreté et en sécurité.»
Au total, la municipalité est intervenue sur:
-98 écoles avec des rénovations intérieures : des sols aux plafonds, en passant par les murs.
-50 réfections de chaufferies alimentant 77 écoles.
-66 écoles remises aux normes de sécurité incendie.
-66 cours de récréation, 22 façades et 38 toitures réparées
Chaque école sera prise en compte
Avec ce Plan version XXL seront rénovées «les écoles qui ne répondent pas aux normes sanitaires et de sécurité», indique le maire avant de préciser que «16 chantiers démarreront dès 2022 : Abeilles, Aygalades, Bouge, Dromel, Saint-Louis Gare, Vayssières, pour n’en citer que quelques-unes». Il ajoute encore que parallèlement seront lancées «les études pour 16 autres comme la Roseraie, National, Pommier ou Kallisté parce que nous n’avons pas de temps à perdre. Puis pas à pas, chaque école sera prise en compte.»
Les rénovations seront inscrites dans la transition écologique
«Nous allons ainsi réduire de 40% la facture énergétique de nos écoles pour économiser chaque année l’équivalent de la consommation d’une ville de 20 000 habitants Nous allons construire des écoles adaptées aux conditions climatiques méditerranéennes pour garantir dans chaque classe un confort thermique optimal. Nous allons transformer les cours pour les désimperméabiliser… et les réhabilitations seront privilégiées», détaille Benoît Payan.
«La carte des inégalités scolaires se confond avec la carte des inégalités sociales»
Benoît Payan plante le décor de ce qui, bientôt, pourrait faire partie du passé. «La carte des inégalités scolaires se confond avec la carte des inégalités sociales», décrit le maire qui constate que « le délabrement des écoles pèse davantage sur les plus fragiles, sur ceux qui connaissent plus de difficultés sociales, ceux qui vivent dans les quartiers les plus éloignés de l’emploi, bref, sur ceux qui sont déjà victimes d’inégalités.» De la Belle de mai à la cité Bassens, de Saint-Mauront à Malpassé, «certains enfants de Marseille ne connaissent que des écoles indignes», dénonce Benoît Payan qui souligne encore que l’ancienne municipalité de droite, dirigée pendant 25 ans par Jean-Claude Gaudin, dépensait en moyenne 113 euros par enfant et par an dans les quartiers Sud de la ville, plus aisés, contre 94 euros dans les quartiers Nord, plus pauvres, où se concentrent les deux tiers des écoles à rénover. La moyenne nationale de dépense des mairies pour les écoles est de 176 euros par enfant et par an, a-t-il affirmé.
533 euros par enfant et par an
Avec ce plan sur neuf ans, le maire porte ce montant à 533 euros par enfant et par an, «un choix politique». La mairie va réaliser ce plan «dans le cadre d’un partenariat public/public avec l’État», via une société dédiée que le maire présidera. Toujours selon la mairie, ce chantier va créer 14 000 emplois et apportera près de 2,27 milliards d’euros de retombées économiques pour le territoire. Pour l’heure, le montant de la participation de l’État n’est pas connu, a reconnu Benoît Payan, assurant que les discussions avec l’Élysée étaient en cours. Le président de la République, qui avait annoncé sans la chiffrer une aide pour les écoles de Marseille début septembre, est à nouveau attendu en fin de semaine.
Patricia MAILLÉ-CAIRE
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Le grand plan de rénovation des écoles de Marseille
Ce plan, c’est 174 écoles entièrement rénovées ou nouvellement construites.
-4 143 classes, 470 réfectoires, 470 cours d’écoles.
-600 000 mètres carrés de travaux, soit l’équivalent de 100 stades de foot.
1,2 milliard d’euros investis pour le plus grand chantier de la ville.
-1,2 milliard d’euros c’est 814 millions d’euros pour la rénovation totale des 174
écoles, soit entre 2 200 euros et 2 500 euros par m², «illustrant l’importance que nous avons donnée à la maîtrise des coûts», précise le maire de Marseille.
-C’est 208 millions d’euros pour la remise à niveau de toutes les autres écoles,
notamment sur la sécurité, soit 533 euros, par enfant, par an, dans les cinq ans à
venir.
-C’est 45 millions d’euros pour les cours d’écoles.
-C’est 60 millions d’euros pour réduire de plus de 40% la consommation énergétique
de nos bâtiments scolaires.
-C’est 84 millions d’euros pour aménager ces nouvelles écoles en mobilier et en outil
numérique.
Un levier économique majeur.
2,27 milliards d’euros de retombées économiques pour Marseille. «Pour chaque euro investi dans l’école, ce sont les carnets de commandes des entreprises qui se remplissent. C’est aussi du travail pour des milliers de Marseillais.» Un projet que «nous réalisons pour et avec les 78 000 enfants scolarisés dans le public au sein de notre ville, les 3 642 enseignants, 445 directrices et directeurs d’écoles, 3 135 agents municipaux et plus de 150 000 parents d’élèves.»)]