La boîte à polars de Jean-Rémi Barland. ‘La saignée’ de Cédric Sire : Enquêteur en cybercriminalité et femme puissante dans un thriller au style addictif

Publié le 6 janvier 2022 à  20h54 - Dernière mise à  jour le 4 novembre 2022 à  11h35

C’est ce qu’on pourrait appeler une femme puissante. Une femme qui revient de loin en tout cas. A la suite d’une bavure qui a coûté la vie à une innocente, elle a été écartée de la police. Depuis Estel Rochand dont le couple avec Léo est en miettes et la vie à la dérive, a été embauchée comme garde du corps chez Maxime Sécurité une agence très musclée dirigée par Jean-François Maxime.

Cédric Sire : derrière la toile se cache parfois le crime. (Photo Orlanda De Castro pour Fayard)
Cédric Sire : derrière la toile se cache parfois le crime. (Photo Orlanda De Castro pour Fayard)

Son atout personnel pour survivre demeurent avant tout ses poings, et son sens du combat, Estel pratiquant la boxe et défiant les gros bras, elle se voit confier des missions périlleuses dont elle s’acquitte avec panache et courage. Jusqu’au jour où la voilà approchée par Aymeric Dardeau, un écrivain beau gosse habitué des plateaux télé, de scandales ayant fait le buzz, et auteur d’un roman au style affreux à l’intrigue malsaine, surfant sur la popularité de «Cinquante nuances de Grey». Fondu enchaîné avec flashback. Marseille. Quentin Falconnier, policier spécialisé en cybercriminalité enquête sur un site du Dark Web, qui propose des vidéos de torture et de mise à mort en direct. Entraîné à fouiller le Deep Web, la toile la plus profonde non référencée par Google, sorte de paradis absolu du crime où l’on trouve vente de drogue, trafic d’armes, traite d’êtres humains, services de tueurs à gages… sans parler de pédopornographie, Falconnier a en cinq ans de travail écumé les égouts du web, et a su déchiffrer les adresses d’innombrables sites abjects «qui hantaient encore ses cauchemars, jusqu’à le réveiller au milieu de la nuit plus souvent qu’il n’oserait l’avouer.» Prouvant à tous ceux qui se croyant à l’abri derrière leur ordinateur commettent des actes criminels, il est devenu le détecteur d’adresses IP dont les propriétaires doivent rendre compte à la justice.

Aussi quand il coince un certain Omar Maaroufi, expert en l’achat d’armes, il pense avoir fait le nécessaire pour éradiquer les agissements de celui qui se fait appeler Lord of War. Ce ne sera pas aussi simple et il lui faudra continuer à poursuivre les investigations autour du détenteur de cette «red room» appelée «La Saignée» diffusant des meurtres à la perversité absolue. l’aide apportée par Delphine Bellefonds, lieutenant là la 2e DPJ de Paris lui sera très utile, et on verra comment les armes de guerre en provenance de Yougoslavie circulant à Marseille du côté de la Castellane sont sans doute là pour aider les tenants de la Saignée à parvenir à leurs fins.

Un monde où chacun doit affronter ses démons

Bien entendu les activités professionnelles d’Estel et de Quentin vont entrer en corrélation, formant alors un pôle anti-criminel commun. Avec beaucoup de subtilité, Cédric Sire l’auteur du très remarqué «Vindicta» propose avec «La saignée» un thriller terrifiant, construit autour de rebondissements multiples et de fausses pistes chargés de rendre le lecteur perplexe. Plongée dans un monde où chacun doit affronter ses démons, faisant la part belle à la psychologie des deux enquêteurs principaux ce roman efficace et très cinématographique réserve des surprises en plans larges. Au style incisif mettant en lumière la violence inhérente aux actions «La saignée», texte dérangeant et assez manichéen, est un régal de lecture. Où l’on verra que la littérature produite par quelques uns ne rime pas forcément avec…droiture.
Jean-Rémi BARLAND

«La Saignée» de Cédric Sire paru chez Fayard – 557 pages – 21,90 €

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