Publié le 12 janvier 2014 à 23h56 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h12
C’est un événement fort qui s’est produit ce dimanche 12 janvier à Marseille avec le Collectif des Indignés de la Cité Phocéenne, composé de franco-comoriens. En effet, le Collectif a organisé une réunion publique à laquelle étaient invités les politiques locaux, pour expliquer que : « malgré les efforts d’intégration de la communauté franco-comorienne, cette dernière qui pèse 10 % de la population marseillaise, reste stigmatisée et discriminée, notamment sur le plan politique ». Un mouvement qui s’affiche en tant que communauté mais lance un appel pour être entendu, écouté, prendre toute sa place dans la cité, afin de ne pas sombrer dans le communautarisme. La classe politique a répondu en nombre, et dans la diversité puisque l’on notait notamment la présence d’Eugène Caselli, le Président PS de MPM, des députés Dominique Tian (UMP) et Henri Jibrayel (PS), de la sénatrice maire des 15/16 Samia Ghali, de Lisette Narducci, maire PRG des 2/3, du député européen Karim Zeribi (EELV), sans oublier Christian Pellicani, conseiller municipal Front de Gauche et Sébastien Barles, « Le Sursaut ».
« La diversité se voit peu au niveau politique, c’est notamment vrai pour la communauté comorienne, et c’est pour cela que nous avons créé le comité des indignés Marseille », explique un intervenant, avant d’ajouter : « Nous ne sommes pas le problème mais la solution et la richesse de Marseille. Nous sommes des citoyens de la Ville, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs que les autres citoyens et avec l’envie de construire, ensemble, l’avenir de la cité ».
« Marseille ne pourra vraiment se développer que lorsqu’elle prendra en compte toutes ses communautés »
Un autre intervenant rappelle : « La communauté est présente à Marseille depuis le début du XXe siècle mais ce n’est qu’en 1997 que, pour la première fois, elle a eu un élu dans les 13/14 ». Alors, ce dimanche, le message était clair : « Marseille a besoin de nous », est-il lancé. « Nous avons contribué à construire la Ville. Nous contribuons à son rayonnement en dressant un pont entre l’Océan Indien et la Méditerranée. Et nous partageons une valeur fondamentale avec cette terre : la fierté. Nous sommes fiers d’être Marseillais comme nous le sommes de nos origines. Mais si, comme moi, on aime Marseille, alors on est déçu de voir que la diversité de la population n’est pas représentée comme elle le devrait. Alors, ensemble, nous allons provoquer le changement. Nous devons être dans les administrations, les partis politiques, les élus. Il est temps d’aller de l’avant ».
Place à un nouvel orateur qui fait entendre la voix de la colère : « Il est inacceptable qu’avec les mêmes études, les mêmes diplômes, les mêmes lectures nous soyons mis de côté. Nous participons à l’essor de la ville, il est temps de prendre notre destin en main ».
Un autre juge « Marseille ne pourra vraiment se développer que lorsqu’elle prendra en compte toutes ses communautés ».
Elisabeth Saïd a été élue PS avant d’être élue sur les listes UMP lors des dernières municipales. Elle est invitée à parler de son expérience : « C’est comme si j’avais traversé le désert du Sahara sans une goutte d’eau pour moi et pour vous. La seule solution que j’ai trouvée a été de créer l’association Massaï Marseille qui ne fonctionne qu’avec des subventions privées. Ce n’est pas normal. Car, sans les associations la situation ne fera que s’aggraver ».
Une autre personne estime : « Nous payons de notre sang le fait de ne pas être représentés politiquement. Un an avant le crash de l’avion de la compagnie Yemenia une association s’était montée pour dire que les conditions de vol étaient scandaleuses, qu’un accident allait avoir lieu. Nous n’avons pas été écoutés et l’on déplore 141 morts. Je ne peux m’empêcher de me dire que si nous avions été mieux représentés politiquement nous aurions été entendus. Et, maintenant, nos jeunes meurent sous les balles des Kalachnikov alors que voilà plus de dix ans que nous tirons la sonnette d’alarme, expliquant que si rien n’était fait la violence augmenterait. Là encore nous n’avons pas été entendus ». Il conclut : « Il est temps que l’on nous entende, car, comme le disait Mandela : « Ce qu’on fait pour nous sans nous on le fait contre nous ».
Un dernier intervenant juge : « Nous voulons nous faire entendre en vue des prochaines municipales. Mais ceci n’est qu’une étape, nous venons de tracer un chemin et nous allons le suivre ».
Michel CAIRE