Publié le 4 mars 2022 à 11h24 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h28
Dès l’ouverture du Sommet européen des Régions et des Villes, qui se tient à Marseille, le ton est donné. Apostolos Tzitzikostas, président du Comité européen des régions et Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur se présentent au milieu de la scène du Palais des Congrès du Parc Chanot pour déployer le drapeau ukrainien et qu’une minute de silence ne soit décrétée.
Et les interventions qui se succèderont lors de cette séance d’ouverture du Sommet seront toutes unanimes, au delà de l’Ukraine -dont la résistance sera tout aussi unanimement saluée- c’est l’Europe, et ses valeurs qui sont attaquées.
«Nous avons besoin de votre aide et qu’elle arrive rapidement»
Puis l’ensemble des participants au congrès se lèvera pour applaudir l’intervention de Youri Andrychuk, coordinateur de l’aide de Ukraine qui, en direct de Kiev, devait déclarer: «Nous avons des problèmes dans nombre de villes mais nous allons rester debout. Il y a 30 ans nous avons obtenu notre indépendance, aujourd’hui nous devons encore lutter pour elle. Et nous avons besoin de votre aide et qu’elle arrive rapidement à la frontière. Nous nous faisons fort, à partir de là, de la livrer partout où elle est nécessaire. Nous avons besoin de ce que vous avez et que nous n’avons plus. Nous ne luttons pas que pour l’Ukraine, nous luttons aussi pour l’Europe».
Il devait reprendre: «Je sais que je m’adresse aux régions et aux villes mais ce que vous devez comprendre c’est que nous avons 5 à 7 personnes pour une arme. Nous n’avons pas besoin d’armes pour attaquer, nous en avons besoin pour protéger nos villes, nos rues, nos familles».
«Les Ukrainiens paient leur liberté avec leur sang, nous avec nos euros, nous devons être à leurs côtés»
Le premier à prendre la parole est Renaud Muselier qui accueille les participants au Sommet: «Vous êtes ici chez vous. Dans cette Ville aux 26 siècles d’histoire, trait d’union entre le continent européen et la Méditerranée. Dans cette Région profondément européenne, où notre continent est une évidence de vie. Ici, les affaires européennes sont des affaires familières, et pas des affaires étrangères». Puis, avec gravité, il en vient à l’Ukraine: «Cette crise devait abattre l’Europe, tout au contraire elle l’a renforcée». Il lance: «Aujourd’hui les Ukrainiens paient leur liberté avec leur sang, nous avec nos euros, nous devons être à leurs côtés».
«Un régime sans vergogne qui a peur de la démocratie, de la liberté»
Apostolos Tzitzikostas dénonce «une invasion ordonnée par un régime sans vergogne qui a peur de la démocratie, de la liberté». Signale que le maire de Kiev a reçu son adhésion honorifique au Comité européen des régions et ajoute: «En tant que peuples libres nous restons unis et nous luttons pour la liberté, la démocratie. La lutte pour l’Ukraine est la lutte pour l’avenir de l’Europe, de nos enfants».
«l’Histoire est à un moment de bascule»
Pour Benoît Payan, le maire de Marseille: «l’Histoire est à un moment de bascule». En envahissant l’Ukraine, «la Russie menace aujourd’hui notre bien le plus précieux : la paix». Il considère qu’il importe d’indiquer aux Ukrainiens: «Comme l’a dit le président de la République lors de son allocution: nous sommes à vos côtés, comme nous sommes aux côtés du peuple russe, peuple frère de l’Ukraine, emporté et victime des vents martiaux de ses dirigeants».
Martine Vassal, présidente du Département des Bouches-du-Rhône et de la métropole Aix-Marseille-Provence avance: «Nous devons être unis, nous sommes dans la même situation qu’en 1938».
«Poutine n’entend pas s’arrêter à l’Ukraine»
Frans Timmermans, vice-président exécutif de la Commission européenne dénonce un Poutine «qui attaque un Pays, qui attaque la liberté au nom d’un rêve autocratique qui n’est pas celui de son peuple qui veut vivre en liberté». Il met en garde: «Poutine n’entend pas s’arrêter à l’Ukraine, il vise aussi les pays baltes, la Pologne… Mais l’Union européenne, l’Otan, veilleront à ce qu’il ne réalise pas son rêve».
Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des affaires étrangères prévient: «Nous devons, européens, nous préparer à organiser durablement la solidarité car nous devons nous préparer à une crise qui durera».
Penser à l’âme slave
Jacqueline Gourault, ministre en charge de la cohésion insiste sur le fait que le président de la République «veillera à ce que la solidarité soit la plus forte possible, c’est un engagement politique, démocratique, un engagement moral». Et d’inviter à penser à l’âme slave, «celle de l’Ukraine mais aussi des Russes qui ne sont pas d’accord avec Poutine».
«Il faut se préparer au pire»
Werner Hoyer, le président de la Banque européenne d’investissement précise que l’Établissement bancaire a interrompu toutes ses activités en Russie «pour recentrer son intervention sur l’Ukraine». Il annonce également un soutien aux pays frontaliers et «n’oublie pas l’impact sur les pays européens». Il ajoute enfin: «L’avenir est sombre, il faut se préparer au pire».
Pour Aleksandra Dulkiewicz, maire deGdańsk (Pologne), la guerre en Ukraine «est notre guerre», considère qu’en matière d’aide: «L’argent ne sert plus à rien, il faut envoyer du matériel». Elle appelle également au soutien de son pays: «Nous accueillons des milliers de réfugiés».
«cette guerre c’est le début de la fin pour Poutine»
La situation est la même en Roumanie comme l’indique Emil Boc, maire de Cluj: «Hier, nous en étions à 520 000 réfugiés en Roumanie dont de nombreux enfants». Et il prévient qu’ «avec ce conflit nous ne courons pas un sprint mais un marathon». Il plaide enfin pour l’adhésion de la Moldavie et l’Ukraine à l’Union européenne avant de considérer: «Cette guerre c’est le début de la fin pour Poutine».
«Le patriotisme c’est aimer le peuple, le nationalisme c’est détester les autres»
Pour André Viola, président de la délégation française du Comité européen des régions: «Il faut décupler nos efforts pour un meilleur accueil des Ukrainiens et, quand la paix reviendra il faudra être solidaire des collectivités ukrainiennes».
Carole Delga, présidente de régions de France rappelle: «C’est pour avoir voulu rejoindre l’Europe, un continent de paix que l’Ukraine est agressé». Elle considère: «Il faut une Europe plus forte, plus efficace sur la défense, la cohésion, la solidarité, l’accueil des autres. L’Europe est la solution à nos problèmes. Le patriotisme c’est aimer le peuple, le nationalisme c’est détester les autres».
Michel CAIRE
[(Photo: Emil Boc, Mayor of Cluj-Napoca Municipality, Cluj County, Carole Delga, President of the Regions of France7, Benoît Payan, Mayor of Marseille, Jacqueline Gourault, French Minister for Territorial Cohesion and Relations with Local and Regional, Renaud Muselier, President of Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Apostolos Tzitzikostas, President of the European Committee of the Regions, Martine Vassal, President of the Métropole Aix-Marseille-Provence and Bouches-du-Rhône Departmental Council, André Viola, Head of the French Delegation to the European Committee of the Regions, Florence Ranson, Moderator)]