Publié le 21 mars 2022 à 10h30 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h22
A l’occasion du Salon de l’Agriculture 2022, Pernod Ricard France a animé trois tables rondes « Ensemble et Engagés » autour de l’investissement de l’entreprise et de ses partenaires dans la sauvegarde des terroirs et de la biodiversité. Occasion de mettre à l’honneur le fenouil, la gentiane et la betterave sucrière.
Pernod-Ricard, présent au salon de l’agriculture, a organisé un débat sur la thématique «Ensemble et Engagés». Côté terroir, trois ingrédients étaient à l’honneur: le fenouil, la gentiane et la betterave sucrière et, pour en parler, une douzaine d’invités engagés dans l’agriculture durable pour découvrir, réfléchir, s’inspirer, réinventer ensemble : Valentin Raoul et Denis Vernet, producteurs de fenouil, Drissi Marbouh, gentianaire, Mélanie Boitrel, apicultrice, Lucie Schurr, doctorante à l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie, Marc Leroy, producteur de betterave sucrière, Anne Trombini, directrice de l’association « Pour une Agriculture du Vivant » et Cécile Devillers, responsable performance durable de Pernod Ricard France.
Côté saveurs, des surprises culinaires avec le chef cuisinier Matthias Marc et le mixologue Samuel Wassermann. Sans oublier une traversée des époques et des paysages avec le cuisinier historien de formation Emmanuel Perrodin pour qui «la cuisine est un langage. Elle met en œuvre les goûts». Avant d’en venir au paysage «fruit de rapports terre/nature et hommes et femmes qui les font vivre». Alors, pour lui: «Lorsque l’on mange un produit on mange la terre qui l’entoure mais aussi l’histoire qui a fait ce produit» avant d’inviter «à s’occuper avec respect des produits de la nature».
Préserver la planète, cultiver la convivialité responsable et agir en entreprise citoyenne
Bruno Goimier, directeur de la communication et de la RSE Pernod Ricard France explique: «Nous avons souhaité réaliser cette émission car les engagements environnementaux et de RSE s’inscrivent dans notre histoire. Je rappelle que dès 1966 Paul Ricard créait l’Institut océanographique Paul Ricard, il s’est aussi engagé en faveur de la riziculture en Camargue…». Le groupe poursuit cet engagement indique le directeur de la communication «autour de la feuille de route « préserver pour mieux partager » avec des objectifs chiffrés à 2025, 2030 sur des indicateurs environnementaux».
En France, poursuit-il: «Nous nous sommes fixés trois enjeux: préserver la planète, cultiver la convivialité responsable et agir en entreprise citoyenne». Avec notamment comme objectif «de voir 100% de nos terroirs stratégiques certifiés en agriculture durable d’ici 2030». Il insiste enfin sur l’importance de mettre en lumière les bonnes pratiques, les savoir-faire des producteurs.
A ses côtés, pour cette introduction, Guillaume Chamouleau, ambassadeur et administrateur d’Agridemain et Mathieu La Fay, directeur général d’Euro Toques. Le premier précise: «Je suis avant tout agriculteur et notre association met en relation le monde agricole et les citoyens. C’est d’autant plus important que les agriculteurs sont de moins en moins nombreux. Nous essayons de bien travailler cela n’est plus suffisant, nous devons aussi le faire savoir». Mathieu La Fay indique pour sa part: «C’est Paul Bocuse qui a eu l’idée de créer cette association qui œuvre pour la sauvegarde et la promotion des produits alimentaires de qualité et d’origine au sein de son réseau européen de chefs cuisiniers. Nous intervenons auprès des politiques et des forces économiques avec les agriculteurs pour défendre la qualité, la saisonnalité des produits».
Le fenouil, un ingrédient phare pour Pernod Ricard France
La première table ronde met à l’honneur le fenouil, un ingrédient phare pour Pernod Ricard France. Cette plante produit en effet le précieux anéthol, qui donne notamment aux recettes de la gamme Pernod Ricard son goût anisé. Pour assurer son approvisionnement et garantir la qualité et la quantité de cette matière première, la société Pernod Ricard France a lancé il y a près de 20 ans un important programme de relocalisation de la culture du fenouil et s’est entourée de producteurs de qualité qui partagent son engagement en faveur d’une agriculture durable.
Aujourd’hui, ils sont 23 en qui Pernod Ricard France a placé sa confiance. Pour représenter cette filière deux agriculteurs étaient présents, un du Sud Denis Vernet et un normand, Valentin Raoul lequel explique: «Nous produisons de l’huile essentielle de fenouil. Il s’agit d’une culture qui est bonne pour la terre, bonne pour l’environnement car elle capte énormément de carbone». Il précise à ce propos que ses terres sont classées en haute valeur environnementale avec une partie en bio; Denis Vernet ajoute: «Cette culture est bénéfique pour nous. Nous organisons une rotation de nos cultures pour ne pas fatiguer notre terre, le fenouil s’intègre bien dans cette rotation, semé la première année, il repousse la suivante, ce qui permet de réaliser deux récoltes. De plus, le fenouil nourrit la terre ce qui a un impact positif pour les cultures suivantes». Un partenariat avec Pernod Ricard France qui a un autre impact positif pour les agriculteurs: «Nous signons des partenariats sur trois ans, ce qui nous apporte une stabilisé financière».
on peut vraiment faire son miel avec le fenouil
On découvre encore avec cette table ronde que l’on peut vraiment faire son miel avec le fenouil. Mélanie Boitrel, apicultrice a sa ferme implantée à une heure de l’exploitation de Valentin Raoul: «J’installe mes ruches sur ses champs de fenouil» Valentin Raoul précise immédiatement: «Il n’y a que du positif à avoir des abeilles dans nos champs, nous nous réjouissons de cette collaboration qui dure maintenant depuis une dizaine d’années». Mélanie Boitrel reprend: «Cela donne un miel tout autant original que bon avec des notes de noix et de fruits secs». Lucie Schurr, doctorante à l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie explique pour sa part: «En faisant travailler le fenouil dans le Sud Pernod Ricard France a voulu savoir quels étaient les impacts de cette culture. J’ai voulu savoir ce qu’il en était tant sur le plan positif que négatif et, en fait, après plus de 3 ans de travail pour ma thèse, il n’en ressort que du positif. On ne s’attendait notamment pas à trouver, outre des abeilles, autant d’espèces d’insectes, une soixantaine, dans le fenouil. Deuxième effet notable: nous nous sommes rendus compte que ces insectes avaient un effet bénéfique sur la production de fenouil».
La gentiane : des racines pour demain
C’est la racine de gentiane qui offre à la Suze sa saveur caractéristique, à la fois amère et rafraîchissante. Pour aider à la préservation de cette plante rare qui met entre 25 et 45 ans à arriver à maturité, la Société a fait le choix de recourir à la gentiane sauvage laquelle invite à cultiver… la patience puisqu’il faut plus de trente ans pour quelle devienne adulte. «Il est donc absolument nécessaire de la protéger– mentionne Drissi Marbouh, gentianaire avant d’ajouter: Il faut en effet savoir qu’outre cette durée, sur les 1 000 graines que compte une fleur de gentiane seules deux vont germer. Alors, lorsque nous récoltons nous laissons une plante tous les dix mètres et nous n’utilisons pas d’outils mécaniques afin de ne pas abîmer le terrain». Cécile Devillers, responsable performance durable de Pernod Ricard France: «Il y a deux ans, nous avons décidé de travailler la gentiane sauvage de façon durable et nous avons décidé de n’acheter qu’aux gentianaires, membres de l’association Gentiana Lutea qui est engagée dans le respect de la nature, qui interdit de travailler des gentianes de moins de 25 ans et impose de laisser 10 mètres entre chaque gentiane.»
La betterave sucrière: prendre les problèmes à la racine
La betterave sucrière représente aujourd’hui l’une des premières sources d’alcool chez Pernod Ricard France. La majorité des matières premières brutes étant d’origine agricole, l’engagement de la société en faveur d’une agriculture respectueuse de l’environnement et des terroirs s’est très tôt – dès les années 70 – imposée comme une évidence. Dans cette lignée, la Société a choisi de s’engager en 2018 auprès de l’association « Pour une Agriculture du Vivant » qui compte environ 600 adhérents agriculteurs et une centaine d’entreprises partenaires triées sur le volet. Pour Anne Trombini directrice de cette association, le plus grand défi auquel est confronté l’agriculture c’est l’érosion des terres. «Il faut en effet savoir que plus de 40% des terres émergées dans le monde sont aujourd’hui dans un état de dégradation avancée. Or, sans sol vivant et fertile on ne peut plus produire notre alimentation».
Mais rien de simple en ce qui concerne la betterave: «C’est une racine donc on va abîmer le sol pour la récolter. De plus, avec le réchauffement climatique, elle est attaquée par nombre de maladies. C’est donc de plus en plus difficile pour les agriculteurs d’assurer le rendement et, pour ne rien simplifier, les cours mondiaux de la betterave ont chuté».
Depuis deux ans nous vendons la betterave sucrière deux euros la tonne
Marc Leroy est producteur de betteraves sucrières, il explique que : «depuis deux ans nous vendons la betterave sucrière deux euros la tonne, on ne pourra pas tenir longtemps à un tel prix». S’il est conscient que «la terre est un capital à préserver, on ne peut pas faire n’importe quoi avec elle, on essaie d’utiliser le moins de chimie possible, mais on ne pourra pas tout passer en bio d’autant que l’on nous demande de produire bon et pas cher». Anne Trombini acquiesce: «L’agriculteur ne met pas de la chimie dans le sol par plaisir», elle met en avant le travail accompli par « Culture industrielle sur sol vivant », une structure qui, explique Agathe de Saint-Victor, «entend accompagner, sans dogmatisme, les démarches agroécologiques et à mettre en valeur des pratiques qui ont un effet bénéfique pour l’environnement». Anne Trombini reprend: «Il y a nombre de voies pour parvenir à l’agroécologie, l’une d’entre elle étant le bio, particulièrement respectueuse de la biodiversité».
Cécile Devillers, responsable performance durable de Pernod Ricard France avance: «La betterave est essentielle pour nous. Or, la filière est en difficulté, notre devoir est donc de nous associer à elle. Très concrètement nous allons voir sur le terrain comment soutenir les agriculteurs dans leur transition écologique. Nous allons aussi contribuer à repenser le système économique afin qu’il soit viable pour les producteurs. Car, si la filière n’est pas viable il y aura de moins en moins de producteurs et de production et donc de moins en moins d’alcool. C’est ensemble que nous construirons des réponses pour un développement durable».
Michel CAIRE