Publié le 15 mars 2022 à 21h21 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 18h38
Après s’être réinventé durant le confinement, avec des événements largement repris via les médias en ligne et les réseaux sociaux, le Centre culturel Juif de Marseille récidive en 2022 pour sa nouvelle programmation. Il fait le pari de l’excellence avec deux pièces de théâtre ayant reçu les meilleures critiques : «Dieu, Brando et Moi» et «Un sac de billes».
Les enfants cachés : enfants d’hier et adultes d’aujourd’hui
Cette année dans le cadre de sa thématique sur la mémoire, le Centre Fleg a décidé d’aborder le sujet poignant des «enfants cachés». Les enfants cachés d’hier, pour devenir parents à leur tour malgré leurs traumatismes, ont dû faire preuve de résilience afin de transmettre l’espoir sans quoi toute vie serait devenue impossible. Dans une période marquée par la perte des repères et l’oubli, il est salutaire de se remémorer ces parcours car ils sont d’une incontournable actualité.
Entre 1940 et 1944, des milliers d’enfants juifs ont été arrachés à leurs parents, obligés de se cacher pour échapper aux nazis. Ils ont vécu la détresse de l’abandon, de la solitude et de la peur. « Un enfant caché » est un survivant de la Shoah ayant vécu une vie clandestine. On estime à 72 000 le nombre d’enfants d’origine juive vivant en France en 1939. Environ 11 400 ont été assassinés dans les camps et quelque 6 000 ont survécu (source : fondation pour la mémoire de la Shoah).
C’est à Serge Klarsfeld que l’on doit la publication dès 1978, du mémorial de la déportation des juifs de France et la constitution de l’association Fils et Filles de déportés juifs de France qui regroupe en particulier les enfants cachés dont l’un ou les deux parents sont morts en déportation. Son travail pour faire reconnaître l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité et faire juger les responsables de la Shoah en France s’appuie sur cette spécificité de la Shoah : avoir déporté des enfants au motif qu’ils étaient juifs, avoir fait peser une menace de mort sur toute une génération d’enfants.
Les chiffres, s’ils ont le mérite de la précision, ont tendance à rendre les choses abstraites. Pour leur redonner vie, l’équipe du Centre Fleg a choisi le ton de la narration. Après «Un sac de billes» de Joseph Joffa, voici la 2e pièce sur le sujet : «Dieu, Brando et Moi ».
Dieu, Brando et Moi
Cette pièce de Gilles Tourman, mise en scène et interprétée par Patrick Simon, est programmée, en partenariat avec le FSJU, le lundi 21 mars 20h à l’Acte 12.
«Dieu, Brando et moi», raconte l’histoire d’un enfant sauvé de la barbarie nazie par la communauté protestante du plateau de Chambon-sur-Lignon. Pendant la dernière nuit de son père, Patrick Simon, acteur et metteur en scène, reconstitue ses morceaux de vie. Cette pièce renvoie à un questionnement sur son identité émaillé de traits d’humour, de cet humour juif si particulier, faisant de la dérision la noblesse suprême.
A travers une expérience singulière, cette œuvre compte une histoire universelle et intemporelle qui pourra toucher un large public : «En racontant la vie du comédien Daniel Milgram, la pièce raconte l’histoire de l’humanité. »
Hagay SOBOL
Réservation obligatoire au 04 91 37 42 01 – Tarifs : 20€ adhérents / 25€ non adhérents – Théâtre Acte 12 au 1, rue Jean Vague 13012 Marseille