Publié le 23 mars 2022 à 17h02 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 18h39
On a coutume d’affirmer qu’en France tout finit par des chanson. En ce qui concerne Jean-Baptiste Le Vaillant, c’est l’inverse. Tout a commencé pour lui au cinéma par une chanson. Et pas n’importe laquelle. Face à Isabelle Carré , l’actrice principale du long métrage «Les chaises musicales» signé Marie Belhomme, il interprète avec quelques autres comédiens qui sont des élèves apprentis-chanteurs le bouleversant «Les gens qui doutent » d’Anne Sylvestre. Chanson devenu culte que l’on retrouve dans la bande originale de «Plaire aimer et courir vite» de Christophe Honoré, « Un autre monde» de Stéphane Brizé , «Les promesses» de Thomas Kruithof, ou le court-métrage «Sans contact» de Paul Nouhet, lors duquel l’actrice Lou Gala la chante également. Une chanson créée en 1977.
Face à Anne Sylvestre chantant «Porteuse d’eau»
Autant dire que cette chanson n’est pas rien, et que Jean-Baptiste Le Vaillant a eu autre expérience inoubliable le privilège de chanter face à Anne Sylvestre lors d’un concours de la chanson «Porteuse d’eau» un autre titre phare de cette artiste disparue le 30 novembre 2020. «C’est un souvenir inoubliable», confie le jeune acteur, né le 9 novembre 1995 à Brest, qui a suivi des cours au Conservatoire à Rennes, et qui, fou de chansons a créé «The brave mermaids» un duo musical avec Arthur Le Vaillant, où il met en valeur un univers marin, fait de grand large, où le voyage revêt une couleur de parcours initiatique. Toujours s’extraire d’une condition sociale pour chercher la paix, voilà un des credo des textes écrits par Jean-Baptiste Le Vaillant -qui les joue également seul, à la guitare, à l’harmonica- et qui sont en fait des prolongements des chansons d’amour et de conflits telles qu’on les trouve chez Barbara, The Doors, Les Cure, Higelin, Bashung, la punk electro, Lavilliers, et bien sûr Anne Sylvestre. «Dans une des chansons, c’est un gars qui se réveille la nuit et va voir le soleil se lever au milieu du désert. Il compare cela à une naissance». On ne sera donc pas surpris de savoir que Jean-Baptiste Le Vaillant se plonge régulièrement dans des ouvrages de sagesse, de méditation, et sur le cosmos dont celui que Jean-Claude carrère a écrit avec deux astrophysiciens.
Fou de cinéma on l’a vu dans «Des hommes» de Lucas Belvaux
Acteur très physique, possédant plusieurs cordes à son arc, faisant de la voile, de la boxe anglaise, du surf, de la natation du VTT ou du volley-ball, s’étant illustré dans «Emmanuel», le court métrage réalisé en 2021 par Benjamin Vu où il incarne un danseur. Jean-Baptiste s’est forgé une culture cinématographique grâce à ses parents qui lui passaient régulièrement des films. Inventif, jamais là où on l’attend il est absolument bouleversant dans «Emmanuel» justement. Emmanuel a une vingtaine d’années et il est étudiant au conservatoire de danse. Entre ses déboires administratifs et financiers et le fiasco d’une audition qui aurait pu tout simplifier, il traverse une journée mouvementée. Mais en se confrontant à certains obstacles, il se confronte surtout à lui-même et il prend conscience du chemin parcouru. Emmanuel est devenu un jeune adulte… Et puis, il y a au cinéma «Des hommes» que Lucas Belvaux a tiré du livre de Laurent Mauvignier, film qui l’a profondément marqué et de belles expériences au théâtre.
Dirigé par Xavier Gallais qu’il retrouvera ensuite dans le «Tartuffe» de Macha Makeïeff
Sur les planches, Jean-Baptiste Le Vaillant se souvient non sans admiration de sa participation aux deux pièces mises en scènes par Xavier Gallais -qu’il retrouvera sur le «Tartuffe» de Macha Makeïeff donné à La Criée- à savoir en 2018 « Lower Yoknapatawpha» et en 2020 «Majorana 370» d’Élisabeth Bouchaud et Florian Azoulay. «Rencontrer quelqu’un comme Xavier Gallais est une expérience inouïe, artistiquement et humainement», confie-t-il. Ce même Xaxier Gallais absolument tellurique dans ce Tartuffe créé à La Criée que l’on pourra voir sur la scène nationale toulonnaise de Châteauvallon Liberté du 24 au 26 mars.
Jean-Baptiste Le Vaillant y est un Valère explosif, pas du tout benêt et résigné, qui est club de golf en mains prêt à en découdre avec Tartuffe. «Valère est un être perdu, dans une jeunesse trop dorée, où on lui a tout donné. Il ne sait plus ce qu’il veut. Il devient aveugle à Marianne son amoureuse et il a besoin de se révolter. Il ne se sent plus à sa place et pour l’incarner je me suis raconté plein de choses sur lui», raconte le comédien.
«Macha est impressionnante d’exigence et dirige sans élever la voix»
Définissant un grand metteur en scène comme quelqu’un qui donne confiance, qui pose un cadre solide dans lequel «tu te sentiras libre», qui sait monter un spectacle en faisant en sorte que les non-dits deviennent majeurs, Jean-Baptiste Le Vaillant a loué Macha Makeïeff «une artiste d’exception». «Macha est impressionnante d’exigence. Soucieuse de toute l’équipe, elle dirige sans élever la voix et en ayant un point de vue très fort sur chacun des personnages. Ce fut avec elle ma première grande expérience au théâtre et j’en suis ressorti plus fort et en me disant que jouer la comédie c’est, avec chanter une des plus belles activités du monde.» Au regard de sa puissante interprétation de Valère on ne peut que souligner la pertinence de son propos.
Jean-Rémi BARLAND
La pièce «Tartuffe» mise en scène par Macha Makeïeff au Théâtre Chateauvallon Liberté ce jeudi 24 mars à 20h30 – vendredi 25 mars 20h30 – samedi 26 mars 20h30 – Plus d’info et réservations: chateauvallon-liberte.fr