Publié le 22 avril 2022 à 7h30 - Dernière mise à jour le 4 novembre 2022 à 20h20
Afin de favoriser l’orientation des jeunes vers les carrières scientifiques et techniques, accompagner leur développement culturel, mais aussi favoriser le débat sur le rôle de la science face aux grands enjeux de société, et, contribuer à la lutte contre l’obscurantisme, la Région Sud s’est engagée dans le soutien à la diffusion de la culture scientifique, technique et industrielle dans le cadre d’États régionaux. Sur la période 2016-2021, cela a représenté un montant de 6M€.
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«La lutte contre la désinformation représente un défi essentiel pour notre avenir », rappelle Georges Léonetti, conseiller régional spécial en charge de la santé, de la lutte contre la pandémie, de l’enseignement supérieur et de la recherche, en ouverture des États régionaux de la culture scientifique et technique, qui viennent de se tenir, à l’Hôtel de Région. Il était entouré pour l’occasion de Josy Chambon, conseillère régionale, présidente de la Commission Santé, Handicap, Enseignement supérieur, recherche et d’Étienne Klein, physicien et philosophe des sciences. Ensemble, ils ont échangé autour d’ateliers pour donner aux jeunes et aux citoyens l’envie et les moyens d’acquérir une culture scientifique indispensable à la compréhension des grands enjeux sociétaux.
Pour Georges Léonetti : «Nous sommes là au cœur de différents problèmes avec des groupes qui ne communiquent qu’entre eux. Ce phénomène n’est certes pas récent mais il a pris une ampleur toute particulière avec le développement des réseaux sociaux». Il déplore notamment: «L’ultracrépidarianisme, phénomène qui consiste à parler de sujets que l’on ne maîtrise pas. La rigueur doit se gagner à tous les niveaux pour permettre à chaque individu d’exercer pleinement sa propre citoyenneté, comprenne et contribue aux grands choix technologiques, environnementaux et sociétaux».
Renforcer la place de la science dans le débat public
Georges Léonetti précise: «Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la volonté de Provence-Alpes-Côte d’Azur d’élaborer un Plan régional de lutte contre la désinformation et le complotisme, intégré à sa politique de diffusion de la culture scientifique, technique et industrielle». Ce Plan se construit autour de 3 axes : renforcer la place de la science dans le débat public et donner aux jeunes et aux citoyens l’envie et les moyens d’acquérir une culture scientifique indispensable à la compréhension des grands enjeux sociétaux; engager une action spécifique contre la désinformation pour enrayer les mécanismes permettant la diffusion des « infox », en particulier auprès des jeunes; prévenir le développement et la diffusion de théories complotistes en déconstruisant des récits scientifiques erronés, dans le cadre de sujets spécifiques disposant de bases scientifiques solidement établis. La réunion des États régionaux de la culture scientifique, technique et industrielle, constitue la première étape dans l’élaboration de ce plan.
La problématique de la désinformation s’amplifie et les solutions pour l’endiguer s’enlisent
Georges Leonetti constate qu’à mesure que les années défilent, «la problématique de la désinformation s’amplifie et les solutions pour l’endiguer s’enlisent». Il explique: «Dans un monde complexe rythmé par des crises majeures, le développement du sentiment de défiance, la perte d’esprit critique et la tentation du repli sur soi constituent de graves dangers pour la transmission de l’information, et plus largement pour la démocratie». Selon lui: «L’essor des réseaux sociaux a permis une révolution technologique à la fois formidable et terrifiante, rassemblant en un même endroit toutes les paroles du monde».
Si l’échange et le débat nous permettent d’apprendre, de comprendre, de nous élever intellectuellement, «il peut également, lorsque mal encadré, nous enfermer dans nos doutes et nous faire perdre toute notion du réel. Pire encore, les algorithmes de ces réseaux tendent à nous montrer les sujets qui nous ressemblent, occultant ainsi la vérité à une problématique douteuse», regrette Georges Léonetti.
C’est au travers de ces processus, poursuit-il, que «se créent et se propagent bon nombre de théories du complot, que se retrouvent et se rassemblent des personnes manquant des clés de lecture, persuadées de devenir les révolutionnaires de demain. A cela, l’effondrement de la place de la science et du savoir dans nos sociétés intensifie et accélère la propagation de ces fausses informations et théories du complot». Et, ainsi avec l’intensification de la diffusion des fausses informations via les réseaux sociaux, «la lutte contre la désinformation est devenue un enjeu majeur de démocratie», déclare Georges Léonetti. En ce qui concerne l’élaboration du Plan régional de lutte contre la désinformation, la Région Sud a souhaité s’appuyer sur une large consultation des partenaires régionaux au premier rang, desquels les acteurs du réseau régional « Culture science », et sur une mobilisation de la jeunesse, notamment à travers le Parlement régional de la jeunesse.
Le savoir est le pouvoir
Dans cette lutte, insiste-t-il: «Nous ne partons pas de rien. Nous avons déjà une action, avec l’État, dans le cadre du contrat de plan État-Région, nous soutenons notamment des dispositifs de vulgarisation de la science mis en place par des associations». Il indique que «la quête de l’information est précieuse. Le savoir est le pouvoir. Dans la guerre qui opposent l’Ukraine à la Russie, la notion de désinformation prend tout son sens. De la censure médiatique à la propagande aux dénonciations calomnieuses, savoir où se trouve la vérité relève parfois du défi. C’est notamment pour cela qu’il nous est nécessaire de préparer nos futures générations en leur apprenant l’esprit critique, afin de pouvoir s’élever face à un pouvoir autoritaire, afin de conserver notre capacité de réflexion, afin de conserver notre liberté». Il conclut son intervention en revenant sur la table ronde qui a été particulièrement riche. «Nous travaillons dessus pour des actions concrètes à mettre en œuvre dans le cadre du schéma régional de lutte que nous souhaitons voter avant la fin 2022».
Michel CAIRE