Publié le 21 avril 2022 à 9h04 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h28
Le débat d’entre-deux-tours, au cours duquel se sont affrontés, ce mercredi 20 avril, plus de deux heures durant Emmanuel Macron et Marine Le Pen était l’un des moments les plus attendus de l’élection présidentielle. Les candidats étaient certes les mêmes qu’en 2017 mais le débat, sur la forme a été tout sauf un remake. Marine le Pen a su rester calme, le président-candidat pour sa part a évité le piège du donneur de leçons. Mais sur le fond, c’est toujours un choix de société dont il est question.
Différent sur le fond, avec une candidate «normalisée» grâce notamment à la candidature d’Eric Zemmour mais pas tant sur le fond. Marine Le Pen affirme ne plus vouloir sortir de l’Europe, mais son nouveau positionnement ressemble fortement à celui de la Hongrie. Sur le plan économique et du pouvoir d’achat elle a affichée son populisme sans pouvoir expliquer comment elle financerait son programme. Et, avec le voile elle a montré sa volonté de mettre à bas la loi sur la laïcité.
Le pouvoir d’achat à quel prix ?
Huit thèmes étaient au menu de ce débat souvent âpre, parfois long, un peu trop long… C’est le pouvoir d’achat qui a eu la primeur, plutôt favorable à Marine Le Pen, car c’est la thématique sur laquelle elle a placée sa campagne et espère maintenant capter les voix qui se sont portées sur Jean-Luc Mélenchon au premier tour.
La candidate du RN dénonce le bilan économique d’Emmanuel Macron, qu’elle juge mauvais. Mais le président-candidat rappelle les effets bénéfiques du «quoi qu’il en coûte». Elle lance pour sa part: «Je veux faire du pouvoir d’achat la priorité de mon mandat si les Français me font confiance». Elle avancera, sans en dire vraiment plus qu’elle financera son projet par des économies sur des dépenses «dispendieuses et nocives».
Puis il a été question de la politique internationale, occasion pour le Président sortant de rappeler le prêt russe de Marine Le Pen: «Vous parlez à votre banquier quand vous parlez de la Russie». Vient ensuite le débat sur le modèle social français, occasion d’évoquer le sujet des retraites, où la encore, Marine Le Pen devait marquer des points. Elle annonce: «En 2027, les Français partiront à la retraite entre 60 et 62 ans, avec 40 ou 42 annuités pour partir en retraite pleine». Emmanuel Macron, insiste sur le fait que, pour pouvoir préserver le système de retraite il faudra travailler plus longtemps, et accepte cependant l’idée d’un départ à 64 ans plutôt que 65.
climatosceptique ou climatohypocrite
Emmanuel Macron a été à l’offensive sur l’environnement, les énergies renouvelables, le nucléaire. Il traite son adversaire de «climatosceptique» laquelle l’accuse d’être un «climatohypocrite». Marine Le Pen se prononce pour le tout nucléaire, dénonce l’éolien ce à quoi Emmanuel Macron lui répond: «Il n’y a pas de stratégie de sortie des énergies fossiles qui passe par le tout-nucléaire». Et cela indique-t-il, pour une raison très simple: «Le nucléaire qu’on décide aujourd’hui n’entrera pas en service avant 2035».
Un choix de société
Il est également question de la compétitivité, la jeunesse ou encore des institutions. Marine Le Pen qui a jonglé sur le populisme, se révèle, pour la première fois de la soirée, d’extrême-droite sur la sécurité et l’immigration. Ainsi, sur la question du voile que Marine Le Pen veut interdire dans l’espace public, Emmanuel Macron se fera le défenseur de la laïcité avant de dénoncer un projet qui «mènerait à la guerre civile».
Un débat qui, au bout du compte, ne semble pas devoir être décisif dans le résultat du second tour mais qui révèle la force tranquille avec laquelle le populisme avance dans notre pays. Il y a, au-delà du résultat, un urgent besoin de refaire sens, de refaire République. Des digues sont tombées face au populisme, il importe d’en construire de nouvelles, plus nombreuses, plus fortes. Et dimanche, il s’agira bien d’un choix de société.
Michel CAIRE