Publié le 15 juillet 2022 à 8h30 - Dernière mise à jour le 11 juin 2023 à 19h13
La Marseillaise a conquis les titres mondiaux en karaté et trusté les podiums jusqu’en 2006. Depuis 3 ans, elle sillonne le monde, mais cette fois comme ambassadrice pour le sport. Elle était à Aix-en-Provence pour suivre le tournoi qualificatif de la coupe du monde de rugby entre le Kenya et la Namibie. La Namibie qui a obtenu son billet et jouera face à la France.
« Je fais les choses à fond »
Laurence Fischer a la même énergie à l’oral que sur le tatami. Elle parle avec la même vivacité de son rôle d’ambassadrice qu’elle lâchait ses coups face à l’adversaire. Elle a hésité avant de dire banco pour ce poste. «Quand je fais les choses, je les fais à fond… J’avais deux enfants en bas-âge, je soutenais l’association Panzi qui aide les femmes en République démocratique du Congo, victimes de viols de guerre, à se reconstruire, à combattre le stress post-traumatique. J’avais aussi fondé « Fight for dignity » avec un programme sportif et social pour les femmes victimes de violences. Je ne voulais pas que tout cela s’effondre. Il fallait que je m’organise avant de dire oui », explique-t-elle. Aujourd’hui aucun regret : « C’est un honneur de représenter la France. De montrer qu’il y a une vie après le sport et de pouvoir inspirer d’autres athlètes».
« Un milieu impressionnant »
Être nommée par décret, en conseil des ministres, ambassadrice pour le sport et côtoyer les ambassadeurs forcément cela impressionne. «Je m’attendais à me retrouver dans un milieu très fermé au quai d’Orsay. En fait, j’ai bénéficié d’une bienveillance de mes collègues. J’ai noté la grande responsabilité et la rigueur qui règne au sein du réseau. C’est un peu comme dans le sport… ». Diplômée de l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), Laurence Fischer a rapidement intégré la structure et mit à profit cette double expertise d’athlète et de manager. En ligne de mire deux grands événements sportifs : la coupe du monde de rugby en septembre 2023, avec plusieurs rencontres en Provence et les jeux olympiques en 2024 avec la compétition de voile à Marseille.
Le rayonnement de la France
«Mon métier c’est de faire partager dans sa transversalité le sport. D’avoir une capacité de fédérer. De valoriser nos événements et de le faire savoir. D’assurer le rayonnement de la France à l’Étranger. Le pays est reconnu pour son expertise et son expérience sans égal pour accueillir les événements», affirme l’ambassadrice. On notera quand même une ombre avec les incidents du stade de France lors de la finale de la ligue des champions. «On en a tiré les leçons. On se challenge en permanence sur les événements», assure-t-elle.
« On est observés »
Les événements sportifs ne doivent plus uniquement rimer avec sport et business. D’autres termes s’imposent : le développement durable, l’inclusion, l’égalité homme/femme. «On sera observés sur cela. Sur notre capacité à réutiliser les infrastructures après les JO, sur l’accessibilité à la célébration. Ces jeux doivent être un accélérateur de conscience et de prévention. Le sport doit répondre aux sujets sociétaux. Je veux former une équipe de France, avec les ministères concernés, capable de répondre aux attentes du développement durable».
Business et environnement
Ces deux prochaines années, Laurence Fischer sera jugée sur sa capacité à promouvoir et à soutenir les entreprises françaises à l’export, à faire venir des touristes en masse pour les grands événements, le tout dans ce cadre étroit de l’environnement. Ce qui n’a pas toujours été, loin de là, le cas des JO. La mission est donc de taille. «Je m’inscris dans le triptyque de l’athlète : compétence, savoir-faire, valeurs et j’ajoute un autre ensemble : humilité, sobriété et solidarité», insiste Laurence Fischer. Avec son énergie et sa capacité à fédérer, nul doute que cette femme, formée aussi au théâtre, saura faire de la France une grande scène du sport.
Joël BARCY