Publié le 14 septembre 2022 à 21h24 - Dernière mise à jour le 11 juin 2023 à 18h40
La Première ministre, Elisabeth Borne a présenté ce mercredi14 septembre l’état de la situation énergétique en France, ainsi que son plan pour réduire la facture des ménages.
Élisabeth Borne rappelle que face à «l’explosion de gaz et de l’électricité à l’échelle européenne», dans le contexte de guerre en Ukraine, la France «a très tôt pris des mesures fortes pour protéger les Français». Elle est revenu sur l’ensemble des dispositifs et mesures mis en place dès l’automne 2021 -notamment le bouclier tarifaire- et cet été dans le paquet pouvoir d’achat ainsi que la «solidarité européenne».
Mais elle n’omet pas de souligner que «ces mesures ont un coût pour nos finances publiques». Aujourd’hui, poursuit-elle: «Ce qui intéresse les Français, c’est le résultat : y aura-t-il assez de gaz et d’électricité cet hiver ?». La cheffe du gouvernement a déclaré qu’à la lueur des scénarios publiés aujourd’hui par les gestionnaires des réseaux d’électricité et de gaz, elle souhaitait «expliquer de manière transparente les scénarios, les risques et les solutions à notre disposition aujourd’hui» en matière de d’énergie pour faire face à l’hiver.
«A partir de ces prévisions, nous pouvons tirer des enseignements. Le premier, c’est que dans les scénarios probables, si chacun prend ses responsabilités et fait preuve de la sobriété nécessaire, il n’y aura pas de coupures», assure-t-elle, avant de préciser que «le second enseignement, c’est que seules la sobriété et la solidarité européenne nous permettront d’éviter des coupures et des rationnements dans les cas de figure les plus pessimistes, comme un hiver particulièrement froid cumulé à des difficultés d’approvisionnement.»
La Première ministre considère: «La sobriété, ce n’est pas produire moins. Il s’agit de réduire un peu le chauffage et d’éviter toutes les consommations inutiles.» «Ce sont donc, ajoute-t-elle, des millions de décisions individuelles, chaque jour de chacun d’entre nous, qui sont indispensables pour que l’hiver prochain se passe bien». Autant de décisions qui doivent provenir «de l’État, des collectivités, des entreprises, des particuliers».
Prolongement du bouclier tarifaire en 2023, hausse limitée à 15 % pour le gaz et l’électricité
Les prix anticipés de l’électricité et du gaz pour 2023 sont «déraisonnables», a reconnu Élisabeth Borne. «Sans action du gouvernement, les tarifs seraient multipliés par 2,2 au début de l’année prochaine», a-t-elle chiffré avant d’annoncer le prolongement du bouclier tarifaire pour le gaz et l’électricité. Concrètement, la hausse des prix du gaz sera limitée à 15% à partir de janvier 2023 et pour l’année, soit une hausse moyenne de 25 euros par mois et par ménage plutôt que 200 euros. En ce qui concerne la hausse des prix de l’électricité, elle sera de 15% à partir du mois de février, soit 20 euros par mois en moyenne plutôt que 180 euros, selon les chiffres cités par Élisabeth Borne qui indique: «C’est l’engagement que nous prenons. L’écart ne sera pas sur les factures des consommateurs. En 2024, ou plus tard, il sera pris en charge par l’État.» Cette hausse limitée des prix du gaz et de l’électricité concernera «tous les ménages, les copropriétés, les logements sociaux, les petites entreprises et les plus petites communes».
Des «chèques énergie exceptionnels» pour 12 millions de foyers modestes
A la suite de cette annonce d’une hausse limitée des prix de l’électricité et du gaz à 15 % début 2023, la Première ministre assure: «Mesdames et messieurs, nous le savons bien, cette augmentation de 15 % n’est pas anodine pour de nombreux Français. Nous avons donc décidé un accompagnement spécifique pour aider les plus modestes aussi.» Un accompagnement qui prendra la forme de «chèques énergie exceptionnels versés d’ici la fin de l’année». Cette aide «concernera les 12 millions de foyers les plus modestes, et sera de 100 à 200 euros en fonction du revenu», a complété la Première ministre. D’après Bercy, cette mesure représente un coût de 1,8 milliard d’euros. Par ailleurs, la Première ministre a promis qu’il n’y aurait pas de rattrapage sur la facture en 2024, mais que le manque à gagner pour les énergéticiens serait «pris en charge par l’État». «Nous sommes aussi conscients des difficultés des Français qui ne se chauffent ni au gaz, ni à l’électricité, mais au fioul ou au bois», a-t-elle noté. Une enveloppe de 230 millions a été provisionnée et sera distribuée «en novembre» aux personnes concernées.
Des coupures de courant seulement en cas d’hiver rigoureux
Afin d’assurer aux Français qu’il y aura suffisamment de gaz et d’électricité cet hiver, Élisabeth Borne a rappelé les actions qui ont été menées par le gouvernement. «Nous avons accéléré le remplissage de nos stocks de gaz, qui est désormais de 95%», mais aussi «augmenté les capacités d’importation des terminaux méthaniers» et «renforcé et diversifié les approvisionnements de gaz en provenance d’autres pays», tout en accélérant «les projets d’énergies renouvelables».
De fait, «dans les scénarios les plus probables, si chacun prend ses responsabilités et fait preuve de la sobriété nécessaire, il n’y aura pas de coupure» d’énergie, a assuré la Première ministre, en se basant sur les prévisions des gestionnaires de réseaux, dévoilées plus tôt dans la journée. Dans ce cas, il n’y aura «pas d’activation du dispositif de rationnement pour les entreprises les plus consommatrices en gaz». En revanche, «seules la sobriété et la solidarité européenne pourront nous permettre d’éviter des coupures dans les scénarios les plus pessimistes». «Notre objectif, aujourd’hui, est de stopper l’explosion des cours de l’énergie à l’échelle européenne et de les ramener à plus de modération», a martelé la Première ministre, Élisabeth Borne
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a ajouté que les PME de moins de 10 salariés et dont le chiffre d’affaires est inférieur à deux millions d’euros continueraient «à bénéficier de l’accès au tarif règlementé avec le bouclier tarifaire». Pour les PME plus importantes, l’aide jusqu’à deux millions d’euros sera «refondue». Dès le 1er octobre, «toute PME dont le chiffre d’affaires comprend au moins 3% de factures énergétiques aura accès à cette aide», dès lors que son chiffre d’affaires sera en baisse sur au moins un mois.
Enfin, pour les entreprises les plus énergivores (imprimeries, industrie des secteurs de la chimie ou de l’acier), le ministre de l’Économie a promis que «le dispositif européen qui est trop complexe et qui ne fonctionne pas» serait «revu de fond en comble». Des discussions sont engagées avec la Commission européenne «et nous souhaitons qu’elles aboutissent avant la fin de l’année». «Tant que les prix de l’énergie resteront élevées, le guichet pour les entreprises restera ouvert», a-t-il promis.
Patricia MAILLÉ-CAIRE