Publié le 16 septembre 2022 à 10h04 - Dernière mise à jour le 11 juin 2023 à 18h39
Il était question d’inquiétude et, surtout, de colère lors du rassemblement en soutien à l’Arménie et aux Arméniens qui s’est tenu ce mercredi 14 septembre devant la Préfecture des Bouches-du-Rhône à Marseille à la suite de l’agression de l’Azerbaïdjan à l’encontre «de cet État souverain».
Dans ce cadre, le Conseil national des Conseils de coordination des organisations Arméniennes de France (CCAF) appelle la France «à saisir les instances internationales, et en particulier le Conseil de Sécurité de l’ONU, pour que soit mis fin sur le terrain à cette violence anti-arménienne qui s’inscrit dans la droite ligne idéologique du génocide de 1915. Abandonner l’Arménie, comme on a lâché le Haut-Karabakh, il y a deux ans, procéderait d’une complicité impardonnable envers le risque d’un nouveau crime contre l’humanité.» Ce rassemblement à Marseille a été marqué par les interventions de nombre d’élus: les députés en Marche Lionel Royer-Perreaut, Anne Laurence Petel, Sabina Agresti-Roubache , le député honoraire PS Henri Jibrayel et la sénatrice PS Marie Arlette Carlotti.
«Encore une fois on veut supprimer les Arméniens»
Julien Harounyan, co-président du CCAF est le premier à rappeler: «Il y a deux ans, en septembre 2020, nous étions déjà là pour dénoncer le conflit du Haut-Karabakh après l’agression azéri. Aujourd’hui c’est l’Arménie qui est attaquée. On ne peut plus nous dire, comme il y a deux ans que les frontières ne sont pas reconnues internationalement. Il faut stopper le dictateur Alyev qui veut relier son pays à la Turquie en supprimant l’Arménie au nom du panturquisme». Pour lui encore une fois: «On veut supprimer les Arméniens». Face à cela, poursuit-il: «Les messages ne suffisent plus, il faut des actes et les élus présents doivent porter notre voix». Il précise à ce propos qu’alors même que le rassemblement se tient une délégation est reçue en Préfecture. Elle est composée d’Aurore Bruna et d’Azad Balalas Kazandjian co-présidents du CCAF et de Renaud Muselier, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Martine Vassal, présidente du conseil départemental des Bouches du Rhône et de la métropole Aix-Marseille-Provence, Yannick Ohanessian, représentant le maire de Marseille et du député Nupes Sébastien Delogu. Ils ont aussi pris la parole au sortir de la rencontre avec le Préfet.
«Le cessez-le-feu a été violé en permanence par Alyev»
Aurore Bruna insiste sur le fait que, «depuis deux ans, le cessez-le-feu a été violé en permanence par Alyev. Il a toujours dit vouloir l’Arménie et il met ses menaces à exécution. L’Azerbaïdjan non seulement n’a pas été condamné mais il a été élevé au rang de partenaire privilégié de l’Europe pour le gaz. Les armes qui tuent les Arméniens sont financées par les achats de gaz de l’Europe». Azad Balalas Kazandjian revient sur la rencontre avec le Préfet lequel a signalé que le conseil de sécurité de l’ONU se réunissait à la demande de la France. Nations Unies qui se sont félicitées jeudi du cessez-le-feu conclu mercredi soir entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
«L’agression par l’Azerbaïdjan est un acte de guerre»
Pour Renaud Muselier: «Oui, l’agression par l’Azerbaïdjan est un acte de guerre, qui tue, qui brise des familles. Mettre dos à dos l’agresseur et l’agressé : jamais ! Le monde doit soutenir l’Arménie comme il soutient l’Ukraine». Pour lui le calendrier choisit ne doit rien au hasard: «L’Azerbaïdjan profite des difficultés de la Russie pour essayer de faire disparaître l’Arménie».
«On ne va pas se chauffer avec le sang des Arméniens»
Tandis que pour Martine Vassal il est hors de question d’utiliser le gaz azeri: «On ne va pas se chauffer avec le sang des Arméniens». Alors, ajoute-t-elle: «Ne fermons pas les yeux devant les crimes répétés de l’Azerbaïdjan. L’Arménie compte sur notre soutien et notre solidarité».
«On ne va plus laisser faire»
Yannick Ohanessian précise que, Benoît Payan, le maire de Marseille a écrit au président de la République afin qu’il intervienne en faveur du respect des accords de 2020 avant de lancer à son tour: «On ne va plus laisser faire, on va aller plus loin, on va montrer que les Arméniens comptent et qu’il ne peut y avoir une guerre contre un État souverain qui se mène en toute impunité».
«Une réaction asymétrique dans les conflits»
Au préalable Lionel Royer-Perreaut en appelait à la solidarité internationale avec l’Arménie, déplorant: «Une réaction asymétrique dans les conflits». Il affirme: «Oui, il est important de réagir en Ukraine, il est tout aussi important de réagir en Arménie». Il ne manque pas de signaler les actes du président de la République et signale: «Nous ferons passer le message d’indignation, de soutien à l’Arménie et de respect du droit international».
«Une question d’honneur»
Anne-Laurence Petel lance à son tour: «Être là ce soir, soutenir l’Arménie, c’est une question d’honneur. Lorsque nous dénoncions la situation dans le Haut-Karabakh on nous disait que les frontières n’étaient pas reconnues. Ce propos n’est plus d’actualité. Un État souverain voit ses frontières attaquées, des Arméniens meurent. Des gens ont peur, se demandent s’ils sont seuls face au monstre». Pour Sabrina Agresti Roubache, il est clair que: «si nous n’agissons pas nous aurons les larmes et le déshonneur et si nous devons refuser le gaz azéri nous le ferons». Tandis que pour Marie-Arlette Carlotti: «ce conflit ne cessera que le jour où la communauté internationale reconnaîtra les frontières du Haut-Karabakh»
Michel CAIRE