Publié le 7 octobre 2022 à 9h11 - Dernière mise à jour le 11 juin 2023 à 18h05
Dans le cadre des journées célébrant les trente ans de l’Institut de science et théologie des religions (ISTR) de Marseille, intitulées : «Le dialogue en chemin sur les rives de la Méditerranée», le Pape François a adressé un message. Message qui, au-delà des catholiques, s’adresse à l’ensemble de la société.
Le Pape François souligne dans son message: «Comme je l’ai rappelé plusieurs fois, aujourd’hui plus que jamais notre monde, s’il ne veut pas répéter les erreurs du passé, les disputes inutiles et les guerres entre frères et sœurs d’une même humanité, a besoin d’adopter un nouveau paradigme, une nouvelle manière d’affronter le réel». Il rappelle ses propos dans l’encyclique «Fratelli tutti» dans laquelle il écrit notamment: «La culture du dialogue comme chemin, la collaboration comme conduite, la connaissance réciproque comme méthode et critère».
Comprendre l’Autre et vivre ensemble sans être effrayé par la différence
«Mais que de temps perdu. Que de gâchis», déplore le Pape qui précise dans son message: «La Méditerranée connaît depuis bien longtemps ce mélange de cultures et de civilisations que le monde dans sa globalité expérimente de plus en plus. Dans la mesure où les sociétés européennes sont marquées par un plus grand pluralisme culturel, les années à venir verront l’Église s’engager plus encore pour répondre au grands défi de dialogue. Celui-ci doit devenir la «grammaire» de la convivialité humaine où il s’agit de comprendre l’autre et de vivre ensemble sans être effrayé par la différence. Car qu’est-ce le dialogue en général, et le dialogue interreligieux en particulier, sinon une nouvelle manière de considérer l’Autre? Non plus un objet abstrait de mission, mais un sujet auquel je m’adresse, un frère que je recherche et qui se trouve au-delà de mes frontières culturelles et religieuses. Le dialogue se situe au cœur même de la manière d’être de l’Église car il n’y a pas de contradiction entre la confession de foi au Christ et l’ouverture à l’altérité dans le respect et l’estime sincère de toute personne, à l’opposé donc du relativisme, de la fermeture sur soi et de la stratégie de conquête».
«Nous nous trompons tous quand nous abordons ce réel de manière unilatérale»
«Théoriquement, poursuit le Pape, les institutions académiques devraient être mieux équipées pour affronter la diversité du réel et des peuples, mais l’histoire de la pensée, ainsi que l’expérience quotidienne, montrent que ce n’est souvent pas le cas. Au contraire, nous nous trompons tous quand nous abordons ce réel de manière unilatérale et les penseurs s’égarent davantage encore quand ils prennent leurs théories et autres systèmes d’idées pour l’unique vérité. A une époque de mondialisation mais aussi de fermeture des frontières, le rôle du penseur est de fluidifier, de rendre possible une compréhension satisfaisante pour tous, pas simplement pour son propre clan. La souplesse intellectuelle et la capacité à dialoguer avec les étudiants, les collègues, les personnes qui croient et pensent et croient différemment sont essentielles aujourd’hui».
Pour le Pape François : «Le monde a besoin de personnes à la fois intelligentes et aimables». S’adressant aux chrétiens, le message est on ne peut plus clair: «Quant au chrétien, être aimable et convivial avec tous n’est pas une option, cela fait partie des exigences indispensables de l’amour; par conséquent l’Homme est tenu a rendre agréable ses relations avec les autres… L’amour aimable crée des liens, cultive les relations, crée de nouveaux réseaux d’intégration, construit une trame sociale solide».
Michel CAIRE
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Mgr Aveline: «Celui qui ne sait pas reconnaître la vérité lorsqu’elle est parcellaire, parfois même un peu défiguré n’aime pas la vérité»
Le cardinal Aveline, archevêque de Marseille est intervenu à l’occasion des trente ans de l’Institut de science et de théologie des religions de Marseille. Son propos était marqué par l’émotion puisqu’il en est l’un des fondateurs. Alors il s’est remémoré, jeune prêtre, ses rencontres avec Monseigneur Coffy. Ce dernier -né le 24 octobre 1920 au Biot (Haute-Savoie), décédé le 15 juillet 1995 à Saint-Zacharie (Var)- cardinal français, fut archevêque de Marseille de 1985 à 1995. «Il m’a appris la liberté lui qui refusa d’aller au STO et fut résistant. Il m’a aussi appris l’ouverture». A ce propos, Mgr Aveline met en exergue le travail théologique accompli à Lyon «qui a permis Vatican II». Insiste sur le fait que: «l’Église de France demeure un phare à condition qu’il veuille bien s’éclairer». Il évoque des travaux de Monseigneur Coffy notamment son ouvrage «Dieu des athées : Marx, Sartre, Camus». «Ce qui intéressait Monseigneur Coffy c’était d’aller chercher la part de vérité présente». Car, poursuit-il: «Celui qui ne sait pas reconnaître la vérité lorsqu’elle est parcellaire, parfois même un peu défiguré n’aime pas la vérité. Monseigneur Coffy aimait lui chercher cette vérité parcellaire et parfois même défigurée». Précisant: «Monseigneur Coffy m’a aussi appris la confiance». Insiste sur un Institut qui «a été voulu, réalisé, par une Église locale. C’est dans l’Église locale que vit l’Église universelle», une ode à la proximité, à la décentralisation. Puis d’en venir à l’Institut dans lequel il voit un travail académique à quatre étages: la recherche, l’enseignement, la formation et la sensibilisation: «La pièce maîtresse est la recherche car si on ne fait pas de recherche on ne nourrit pas l’enseignement et donc il n’y a plus de formation et de sensibilisation».
M.C.)]