Publié le 7 octobre 2022 à 19h45 - Dernière mise à jour le 11 juin 2023 à 18h04
Le 15 avril dernier, Roselyne Bachelot-Narquin, alors ministre de la Culture, signait le décret de promotions et nominations dans l’ordre des Arts et des Lettres. Le directeur général de l’opéra de Marseille et du théâtre de l’Odéon, Maurice Xiberras y figurait, nommé pour recevoir les insignes de chevalier dans cet ordre. Insignes qui lui ont été remis, mercredi 5 octobre en fin de journée par Renée Auphan.
En 2001, Renée Auphan était nommée directrice générale de l’Opéra de Marseille et prenait son poste avec, dans ses bagages, deux collaborateurs proches. L’un des deux n’était autre que Maurice Xiberras qui, raconte-t-elle, lui avait sauvé la mise quelques années plus tôt à l’Opéra de Genève après qu’une Aïda lui ait fait faux bond en dernière minute. «On m’avait parlé des qualités d’un jeune homme très branché dans le milieu lyrique. Je l’ai appelé et en quelques heures il me proposait le nom d’une excellente cantatrice qui connaissait parfaitement le rôle. La production était sauvée et j’avais ainsi fait connaissance de Maurice Xiberras !»
Depuis la connaissance s’est transformée en collaboration puis en passation de pouvoir… Les points communs entre Renée Auphan et Maurice Xiberras sont nombreux ; les deux ont des attaches marseillaises, la première y est née, le deuxième y a découvert l’opéra à l’âge de six ans. Les deux ont mené des carrières lyriques avant d’embrasser des directions d’opéras, Renée Auphan, soprano et Maurice Xiberras, baryton. Dès lors il était logique que la dame remette, mercredi 5 octobre dernier, les insignes de Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres à celui qui allait lui succéder à la tête de l’opéra de Marseille en 2008, nommé directeur artistique par Jean-Claude Gaudin, puis directeur général en 2013 et directeur général de l’Opéra et de l’Odéon un an plus tard.
Maurice Xiberras est un homme du sérail lyrique. Et cela se ressent dans sa direction. Les professionnels qui viennent travailler sur et autour de la scène de la Maison sont unanimes pour reconnaître que l’accueil qui leur est réservé est exceptionnel et qu’il règne ici une ambiance particulière favorisant la qualité des productions. Par ailleurs, le « néo chevalier » est reconnu comme l’un de ceux, rares, qui ont affronté de façon intelligente la pandémie, ne fermant pas les portes de l’Opéra et proposant des captations de productions abouties ; de plus il permet à Marseille d’être la capitale de l’opérette avec une saison à l’Odéon composée de mises en œuvres de qualité réunissant des distributions de haut-niveau. Enfin, à talent égal, il privilégie l’engagement de solistes français, ce qui est fort apprécié dans le milieu.
Force est aussi de reconnaître son talent de dénicheur… de talents lyriques. Pour preuve la Lady Macbeth qui est à l’affiche actuellement, Anastasia Bartoli, jeune soprano qui triomphe dans une prise de rôle loin d’être évidente aux côtés d’une distribution de haut-niveau.
On pourrait allonger à l’envie le panégyrique mais nous nous contenterons de saluer les performances et succès artistiques reconnus ces dernières années qui lui sont dus, la poursuite de l’évolution qualitative de l’orchestre et du chœur de la maison avec l’intelligence de savoir s’entourer de professionnels compétents (Lawrence Foster pour l’orchestre et Emmanuel Trenque pour le chœur, entre autres), de même que l’ouverture de l’opéra sur différents publics, notamment les jeunes des établissements scolaires de la ville. Et tout ceci dans un contexte doublement contraignant : les restrictions budgétaires et un statut d’établissement sous régie municipale. Statut qui, comme le confiait mercredi dans son propos Jean-Marc Coppola, adjoint au maire de Marseille en charge de la Culture pour toutes et tous, la création, le patrimoine culturel et le cinéma, est appelé à évoluer puisque les édiles travaillent actuellement au passage en label «opéra national».
Bref, cette distinction, pour l’obtention de laquelle ses proches ont travaillé à défaut de lui même peut enclin à recevoir des honneurs, vient aujourd’hui mettre en lumière le travail efficace et discret d’un professionnel qui a érigé la qualité et le partage en credo. Mercredi soir, c’était «Maurice Chevalier»…
Michel EGEA