Publié le 24 octobre 2022 à 8h45 - Dernière mise à jour le 11 juin 2023 à 17h40
C’est avec l’insouciance des années vingt et leurs musiques que la saison d’opérette s’est ouverte ce week-end à l’Odéon. On y donnait «Nos folles années», une partition pour le moins originale.
Prenez un tiers d’opérette, un tiers de jazz et de musique américaine, un tiers de comédie musicale, ajoutez un grand tiers de bonne humeur : vous obtenez «Nos Folles années», une fantaisie sous forme de compilation assemblée par Jacques Météhen, compositeur, arrangeur, chef d’orchestre, et créée à Avignon en 1968. Trois heures avec entracte pour un retour musical vers le passé mis en scène, et en images, par Jacques Duparc qui livre une succession de tableaux élégants, toutes paillettes et bulles de champagne dehors. Et ça marche ! Car s’il fallait compter sur le livret pour le moins tarabiscoté de Marc Cab pour nous entraîner dans la fête, la chose serait un peu plus ardue.
Oublions donc le ténu fil rouge qui ambitionne de nous plonger dans l’après-guerre avec ses profiteurs, ses ruinés, ses filles faciles et ses amours contrariés pour jouir pleinement de la folle ambiance des cabarets des années vingt. Et retrouver l’insouciance et le sens de la fête avec un casting jeune et dynamique qui ne se prive pas de prendre du plaisir et ça se ressent dans la salle. Salle qui, au demeurant, chantonne avec les artistes, donne le rythme en tapant dans les mains et lorgne avec un tantinet de concupiscence les savoureuses plastiques qui se dévoilent sur la scène. Au sens propre comme au sens figuré la chaleur monte à l’Odéon ! C’est l’été indien, non ?
Dans la fosse, le quintette réuni autour de Didier Benetti fait merveille, distillant avec passion et chaleur les notes inoubliables des années d’insouciance. Sur le plateau, une joyeuse troupe s’égaye emmenée par le gouailleur Pivoine interprété par un Grégory Juppin en pleine forme dans ce rôle en forme de Monsieur Loyal. Difficile, ici, de mettre en avant l’un ou l’une plutôt que l’autre, tous sèment la joie tant par leur jeu que par leur voix. Le ballet est remarquable et contribue grandement à la qualité des ambiances créées par Jacques Duparc dont la qualité des tableaux est servie par des lumières soignées et de sympathiques clins d’œil comme lorsque les danseuses du ballet entrent avec une ceinture de bananes autour de leurs tailles… Les bananes donnent la banane et dans la salle le public est ravi. Quant au texte, il est parsemé de bons mots actualisés et savoureux… C’est fin et ça s’apprécie sans fin.
Michel EGEA