Publié le 13 novembre 2022 à 12h07 - Dernière mise à jour le 11 juin 2023 à 16h39
Après un blocage inédit aux portes de l’Europe, l’Ocean Viking a commencé le débarquement de 230 rescapés, parmi lesquels plus de 55 mineurs, au port de Toulon (Var) ce samedi matin. Le navire se prépare à repartir en mer très prochainement.
Certains des 234 rescapés secourus entre le 22 et 26 octobre ont passé 21 jours sur le pont de l’Ocean Viking – un navire de recherche et de sauvetage affrété par SOS Méditerranée en partenariat avec l’IFRC-, dans l’attente que leur sauvetage se termine par leur débarquement dans un lieu sûr. «Cette attente est la plus longue période de blocage jamais vécue par des personnes secourues par SOS Méditerranée. Chaque heure, chaque jour additionnel passé en mer, là où la mort a été frôlée de près, impacte sur la santé physique et mentale des survivants et met en péril leur sécurité, ainsi que celle de l’équipage»,insiste SOS Méditerranée
20 182 femmes, enfants et hommes ont perdu la vie en Méditerranée centrale depuis 2014
Au moins 20 182 femmes, enfants et hommes ont perdu la vie en Méditerranée centrale depuis 2014 et au moins 1 337 décès ont été documentés depuis le début de l’année. Cette route est la route maritime migratoire la plus meurtrière au monde depuis 2014, année où les State Européens y ont retiré toute ressource maritime en capacité de mener des opérations de recherche et de sauvetage professionnels. Les tentatives de blocage des bateaux citoyens réduisent la capacité de sauvetage et augmente le nombre de personnes qui se noient en méditerranée centrale.
Sophie Beau, co-fondatrice et Directrice Générale de SOS Méditerranée déclare: «Nous prévoyons de repartir très prochainement, d’ici quelques semaines. Rien ne nous fera renoncer à l’impératif du sauvetage en mer. Il est criminel de laisser cet espace maritime sans les ressources nécessaires dédiées au sauvetage. Nous faisons toutefois face à des difficultés financières majeures, du fait d’un surcoût important de nos opérations, du fait des suites de la guerre en Ukraine. Nous en appelons aujourd’hui au soutien financier de celles et ceux qui partagent nos valeurs et souhaitent contribuer à sauver des vies : citoyens, organisations, institutions, collectivités territoriales, pour nous aider, faites un don. Dans l’état actuel de nos finances, nous ne pouvons pas assurer la pérennité de nos missions au-delà de quelques mois».
A la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine, l’année 2022 s’est révélée extrêmement complexe d’un point de vue économique. «Nous subissons un surcoût de plus de 1 millions d’euros du fait de l’augmentation du prix du fuel, de l’inflation et de l’augmentation des tarifs de nos prestataires de services. En parallèle, les dons ont chuté, également du fait de l’inflation, de la baisse du pouvoir d’achat ainsi que du fait d’une redirection d’une partie des dons vers l’Ukraine», explique Sophie Beau.
Les États de l’Union Européenne doivent cesser d’ignorer les appels à l’aide
SOS Méditerranée en appelle «à la solidarité de la société européenne dans son ensemble, pour que le droit maritime soit de nouveau respecté et appliqué en Méditerranée centrale. Les États de l’Union Européenne doivent cesser d’ignorer les appels à l’aide ou pire, d’empêcher ceux qui tentent de leur porter secours. Il est impératif que les États membres fassent preuve de solidarité avec les pays côtiers à travers la mise en œuvre d’un mécanisme de débarquement prévisible et efficace, ainsi qu’avec l’établissement de services de recherche et de sauvetage. Les pays côtiers les plus proches de nos opérations doivent, quant à eux, respecter le droit maritime international, et permettre aux personnes secourues en mer de débarquer dans un lieu sûr dans les plus brefs délais. Un tel blocage ne doit pas se reproduire.»
La rédaction