Publié le 15 novembre 2022 à 15h30 - Dernière mise à jour le 19 décembre 2022 à 16h07
45 000 kilomètres de long, capacité 180 térabits, le câble de fibre optique 2Africa doit révolutionner la connectivité du continent africain. Mais ne vous attendez pas à découvrir un monstre des mers. Il est de la taille d’un tuyau d’arrosage ! ce câble sous-marin est porté par un consortium d’opérateurs internationaux : Vodafone, Meta et Orange notamment. D’ici 2024, Il doit connecter 33 pays et plus de trois milliards de personnes, en reliant trois continents, l’Afrique, l’Europe et l’Asie.
33% de la population mondiale connectés
2Africa (prononcer twoAfrica) donne dans le gigantisme. Sa longueur est supérieure à la circonférence de la terre. « C’est le plus long câble jamais mis en service», affirme Cynthia Perret, responsable de projet pour le consortium 2Africa. «Il va connecter 33% de la population mondiale. On va développer et c’est une grande première, un écosystème digital neutre où il n’y aura pas d’accès privilégié pour tel ou tel opérateur. La station d’atterrage sera ouverte à tous. On veut aussi améliorer la compétition pour que l’usager puisse bénéficier d’un maximum de services pour un coût réduit. Marseille va jouer un rôle clé pour ce câble puisque qu’on a déjà de la connectivité vers l’Inde et plein d’autres pays».
Cynthia Perret
Marseille, une tête de pont
L’atterrage de ce câble sous-marin à Marseille n’est pas un hasard. En quelques années la cité phocéenne a vu se développer des data centers de poids. Le hub de Marseille se situe au 7e rang mondial et pourrait bientôt passer à la cinquième place. La ville est devenue le point névralgique pour l’échanges de données. Pour Fabrice Coquio, président de Digital Realty France (ex-interxion), «l’atterrage de ce 16e câble sous-marin marque le poids de Marseille dans les échanges numériques mondiaux et sa relation privilégiée avec l’Afrique. Avec 2Africa, le continent va passer d’un sentier numérique à une autoroute 2×4 voies chargée de transmettre l’information. C’est une vraie opportunité pour le développement économique des pays qui seront connectés et cela renforcera encore le rôle de hub de Marseille en matière d’échanges de contenus».
Fabrice Coquio
Prouesse technologique
Déployer 45 000 km de câble sous-marin en 3 ans sur plusieurs mers suppose une bonne coordination. «Il faut reconnaitre les routes, obtenir les permis dans les eaux internationales, produire suffisamment de câble», note Frédéric Cazeneuve, chef de projet marine chez Alcatel Submarine Network. «Jusqu’à 1 500 mètres on enfouit légèrement le câble. Au-delà, il est simplement déposé au fond de la mer mais il faut vérifier qu’on ne rencontre pas d’obstacle particulier au niveau topographique qui pourrait endommager le matériel quand on est à cinq ou six mille mètres de profondeur. Les incidents sont rares sur le long terme mais un tremblement de terre ou un cargo qui serait contraint de jeter l’ancre en cas d’avarie pourrait endommager le câble. C’est pour cela que nous avons des bateaux susceptibles d’intervenir en cas de problème».
Frédéric Cazeneuve
La pose des 45 000 km de câble s’effectue par phasage. Fin 2024 l’ensemble sera opérationnel. Il aura un effet « TGV » sur le développement de l’économie africaine. Le continent rejoindra alors les grandes plaques existantes : États-Unis, Inde, Europe, Asie… L ’accès à ces hubs va permettre pour tous les acteurs du numérique de se connecter, presque à la vitesse de la lumière, et d’échanger des données. Depuis Marseille il faut seulement 0,11 seconde pour transmettre des données à Singapour !
Reportage Joël BARCY
