Publié le 18 novembre 2022 à 11h02 - Dernière mise à jour le 23 décembre 2022 à 16h01
Voilà bientôt 4 ans, une sage-femme exerçant à Rians , commune du Var, s’aperçoit, dans le périmètre de son activité professionnelle, qu’un certain nombre de femmes n’a pas accès aux soins gynécologiques, particulièrement pour ce qui est de la prévention. Cette sage-femme, Laure Fabre, m’informe de son inquiétude devant cet état de faits et nous décidons d’imaginer une solution pour y palier.
Les chiffres fournis par l’ARS (Agence Régionale de Santé) corroborent ce qui n’était qu’une impression et montre que dans certains territoires (Communautés de Communes) la population féminine se fait peu suivre quant au dépistage cancer du sein/cancer du col (53% vs 60% en Provence-Alpes-Côte d’Azur). Les causes de ce manque de suivi sont diverses. Citons la désertification médicale, actuellement endémique, la paupérisation (beaucoup de consultations «spécialistes» ont des tarifs hors convention), les difficultés pour certaines à se déplacer, etc.
Un projet naît, au sein d’une association «Santé pour tous», qui consisterait en la création d’une structure mobile afin d’aller vers ces populations en manque de soins. Ce projet mettra 4 ans à se réaliser avec le concours des différentes institutions : la Région Sud, l’ARS, l’Europe, le département du Var, les communautés de Communes (Provence-Verdon et Provence Verte) et l’hôpital de Brignoles que nous avons sollicité: il s’agira donc de consultations hospitalières conventionnelles déportées.
Le 5 septembre 2022 le «Gyneco-Bus» commence ses rotations avec à son bord une Sage-femme, un(e) gynécologue et une conductrice ayant également un rôle administratif. Il se présente comme une ambulance type «pompier» avec un petit local de réception (dossier médical) et, séparé, une salle d’examen avec un échographe.
Les mairies concernées par le parcours du Gynéco-bus (environ 44) mettent un site d’accueil à disposition avec un accès aux toilettes et à l’électricité. Les rotations permettent de visiter deux communes par jour, quatre jours par semaine. Le succès de cette entreprise a été immédiat. Le premier mois a enregistré environ 300 consultations, preuve s’il en est d’un besoin et d’un manque auprès de la population Nous étions deux professionnels au départ du projet, nous sommes actuellement une trentaine de professionnels (Sage-femme et Gynécologue).
Cela a été un concept enthousiasmant à réaliser parce qu’il est innovant (il n’en n’existe pas d’autre en France), il joue un rôle de premier plan en termes de santé publique et il est éminemment social.
Il reste à souhaiter qu’il suscite d’autres projets dans le domaine médical étant donné la grande pénurie que l’on déplore dans d’autres spécialités (Ophtalmologie, Dermatologie, Gastro-entérologie, etc.).
Docteur Gérard Grelet – ancien chef du service de la maternité de Pertuis Co-fondateur de « Gynecoco-bus »