Publié le 22 février 2014 à 23h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h18
Le 21 février 1944, il y a exactement soixante-dix ans, vingt-cinq résistants étaient fusillés ici, au Mont Valérien. Vingt-deux membres du réseau de Missak MANOUCHIAN et trois lycéens bretons rassemblés là, dans la circonstance, pour être suppliciés à quelques minutes d’intervalle. Tous sortis ce jour-là de prison, menés jusqu’ici devant un peloton d’exécution. Ils le savaient.
J’ai lu et entendu avec vous leurs derniers mots, ces billets qu’ils ont écrits à Fresnes au petit matin d’une ultime nuit. J’ai vu la clairière où ils sont tombés, les yeux ouverts fixés sur leurs bourreaux. J’ai vu la chapelle où ils s’étaient recueillis puis, ensuite, où leurs corps ont été déposés. J’ai vu le monument où chacun de leurs noms est désormais gravé dans le bronze, au milieu de mille autres noms.
Des noms de femmes et d’hommes. Des noms difficiles à prononcer, des noms qui expriment la diversité des origines, des parcours, des histoires personnelles. Des noms qui évoquent la solidarité internationale, des noms qui parlent de l’exil et qui évoquent des pays lointains. Les noms des 1.010 fusillés du Mont-Valérien sans que l’on soit sûr qu’il n’en existe point d’autres.
Ces noms, tous ces noms, sont l’honneur de la France. Missak MANOUCHIAN est mort pour la France. Ce fils d’Arménie que le génocide de 1915 avait laissé orphelin, Missak MANOUCHIAN avait à l’époque 9 ans. Dix ans plus tard, il choisit la France, non par hasard, mais parce que c’était la patrie qui correspondait à ses rêves d’émancipation et de paix.
Missak MANOUCHIAN n’était pas le seul Arménien à avoir voulu vivre en France. Il ne fut pas non plus le seul Arménien à vouloir combattre pour la France.
En 1939, il demande à être mobilisé dans l’armée française. Lorsque la défaite, hélas, surgit, alors ses origines arméniennes, ses idées communistes faisaient de lui un suspect. Mais ce n’est pas pour cela qu’il choisit la Résistance. Il la choisit parce qu’il veut libérer la France. Il est arrêté le 16 novembre 1943, il était alors le chef militaire du groupe parisien des Francs-Tireurs et Partisans – Main d’œuvre immigrée.
Devant un tribunal -mais faut-il employer le mot de tribunal pour ce qui n’était qu’une pantomime ?– vingt-trois sont condamnés à mort. « Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant », comme le dit Aragon. Vingt-deux d’entre eux ont été fusillés au Mont-Valérien ce 21 février 1944.
Le 23e était une femme. Elle sera décapitée à Stuttgart le 10 mai 1944, le jour anniversaire de ses 32 ans. Elle s’appelait Olga BANCIC, elle venait de Roumanie.
Leurs noms avaient été placardés sur nos murs tout au long de la semaine du 10 au 17 février 1944 comme des accusations. La propagande nazie voulait faire de MANOUCHIAN et de ses camarades des bandits, des criminels et des comploteurs. Ce fut l’Affiche rouge. Cette affiche rouge devait faire peur. Elle en fit des héros.
Loin de susciter l’effroi, l’affiche rouge fut une promesse, un espoir, parce que ces femmes, parce que ces hommes n’étaient pas l’armée du crime comme le prétendaient les bourreaux, mais tout simplement la possibilité désormais acquise de la libération. Ce jour-là, ce 21 février 1944, c’est dans la poitrine de ces étrangers que battait le cœur de la patrie.
Le destin a voulu que les vingt-deux membres du groupe MANOUCHIAN soient suppliciés avec trois lycéens de Bretagne. Ils prononcèrent, les uns et les autres, ces hommes venus parfois de loin, ces jeunes venus de tout près, les mêmes mots au moment de mourir : « Vive la France ! ». Un même appel à l’unité, ce même mouvement pour la liberté.
Georges GEFFROY, Pierre Le CORNEC, Yves SALAÜN étaient des élèves du lycée Le-Braz de Saint-Brieuc, ils étaient membres des jeunesses patriotiques. Ils sont morts en soldats alors qu’ils venaient à peine de quitter l’enfance et qu’ils n’avaient jamais revêtu quelque uniforme que ce soit.
A la prison de Fresnes, Georges GEFFROY laissa derrière lui tout ce qu’il possédait : un portefeuille, des stylos, une couverture blanche et un sac de scout. Mais il a laissé bien davantage : une lettre et surtout une volonté. Celle de permettre à ceux que nous sommes aujourd’hui d’être libres et d’aspirer, de pouvoir aspirer au bonheur.
Le lycée Le-Braz est un établissement qui a marqué l’histoire de la Résistance par l’ampleur du sacrifice qu’il a consenti à ce combat. La meilleure preuve est, qu’au lendemain de la guerre, la croix de guerre a justement été attribuée à l’établissement en 1948. Un groupe de lycéens représente aujourd’hui cet établissement. Je veux m’adresser à eux parce que les suppliciés avaient leur âge. Ils auraient pu être leurs amis. Ils n’étaient pas différents d’eux. 18 ans comme Thomas ELEK, Roger ROUXEL et Wolf WAJSBROT, les camarades de MANOUCHIAN qui tombèrent ici dans le même moment, dans le même mouvement. Ils sont morts il y a 70 ans, ils se sont tus à jamais, mais ils nous parlent encore.
Ecoutons-les. Ecoutons leur message. Ecoutons leurs mots, ceux qu’ils nous ont laissés avant de quitter la prison. Que nous disaient-ils ? Ils consolaient leurs proches, leur demandaient pardon de les quitter si vite, exigeaient d’eux qu’ils n’aient pas de peine. Ils les plaignaient, ils disaient qu’ils avaient été fiers de servir leur pays, même pendant une vie si courte, et qu’ils avaient jusqu’au bout, jusqu’à leur dernier souffle transmis ce qu’ils pouvaient faire de mieux, c’est-à-dire que les vivants soient libres.
Ils disaient aussi ces mots simples : « Nous allons tous mourir, mourir pour la France » disait Pierre Le CORNEC, « et nous en sommes fiers ». Yves SALAÜN ajoutait : « Il est midi et je suis étrangement calme, je suis sûr de pouvoir chanter, même devant le poteau d’exécution ».
Il n’y a, dans ces lettres -comme d’ailleurs dans celles que nous laisse MANOUCHIAN- aucune haine, aucun ressentiment à l’égard de ceux qui vont leur ôter la vie. Juste l’affirmation tranquille de leur certitude que la victoire est proche, que la France va se relever et qu’il y a une issue qui donne un sens à leur mort.
C’est cette humanité que MANOUCHIAN exprime le même jour à sa femme. Il y parle de l’enfant qu’il n’aura pas mais qu’il lui souhaite d’avoir. Il y parle de sa famille en Arménie. Il y parle du soleil qui brille dans le ciel, comme aujourd’hui, le soleil de MANOUCHIAN. C’est la dernière chose qu’il verra de la vie.
Mais surtout il y parle de la paix et il s’adresse, pas simplement aux vainqueurs dont il est, mais au peuple allemand et à tous les autres peuples, pour qu’ils vivent en paix et en fraternité après une guerre dont il est sûr qu’elle ne durera pas très longtemps.
Ils allaient mourir et ils sont morts sereins puisque jusqu’au bout, jusqu’à la clairière, là où ils vont tomber, ils sont sûrs de la justesse de leur cause.
Grâce à Serge KLARSFELD et à ceux qui poursuivent son œuvre de mémoire, nous connaissons désormais le nom des 1.010 malheureux qui ont été ici exécutés, au milieu des arbres, à quelques pas de l’endroit où nous sommes. Grâce à Robert BADINTER, la République a voulu qu’un monument rappelle leur mémoire. Il fut érigé sur le même lieu que le mémorial de la France combattante. Cette cloche sur laquelle sont inscrits les morts, et où est restée une place pour celles et ceux que nous n’avons pas encore retrouvés.
Le 11 novembre 1945, les corps de 15 valeureux furent accompagnés à travers Paris avant d’être déposés au Mont-Valérien. C’est pourquoi nous sommes là.
En 1960, le Général DE GAULLE inaugura un mémorial à leur mémoire pour qu’ils puissent représenter la France combattante dans toute sa diversité : les soldats de la campagne de 1939-1945, ceux des Forces françaises libres, les résistants de l’intérieur, les compagnons de l’armée de Libération et même les déportés.
Soldats en uniformes, soldats de l’ombre, Forces françaises libres, troupes coloniales, tous unis dans le même mouvement, dans le même sacrifice. Ils venaient parfois de très loin, du Tchad, de ce que l’on appelait à l’époque la Haute-Volta aussi, de Tunisie, du Maroc. Tous sont morts pour la France.
Dans la crypte, le dernier caveau, c’est celui de Renée LEVY. Elle a été décapitée en Allemagne en août 1943, comme Olga BANCIC, parce que le droit militaire nazi interdisait de fusiller une femme. Etrange scrupule d’un régime abject, qui avait fait de la destruction industrielle des plus faibles l’aboutissement ultime de sa barbarie.
Cette année, Mesdames et Messieurs, nous allons commémorer le 70ème anniversaire de la Libération de la France. Cette année, nous allons célébrer un esprit, celui qui doit d’ailleurs nous animer à chaque instant, l’esprit de Résistance, l’esprit de grandeur et de dépassement, porté par des hommes et des femmes dont tous les récits – et je souhaite qu’ils puissent être retracés – portent l’héroïsme et soulèvent l’admiration.
Des mots sont difficiles à utiliser pour rappeler ce qu’ont été ces hommes ou ces femmes. On se pose la question, toujours la même : comment ont-ils pu trouver en eux-mêmes cette capacité d’agir, ce courage, cette bravoure ? Régis DEBRAY a eu les mots pour qualifier ces hommes ou ces femmes : « ordinaires qui ont accompli l’extraordinaire ». Des hommes et des femmes qui ont obéi à ce qu’il y a de plus noble en chacun d’entre nous. Qu’ont-ils cherché ? A servir le destin collectif de la Nation, à porter la résistance face à l’occupant, face à toutes les oppressions, sûrement.
Ce sont des exemples dont nous avons besoin encore aujourd’hui pour nous dépasser, parce que c’est le sens de l’action que nous devons engager, et nous réconcilier autour d’une même fierté, celle de porter des valeurs. C’est le sens de la cérémonie qui aura lieu pour faire entrer de nouvelles figures au Panthéon. J’ai souhaité, j’ai voulu, que ce soit l’esprit de résistance, en cet anniversaire de la Libération, qui puisse être salué pour accueillir de nouvelles personnalités qui seront autant d’exemples pour la Nation au Panthéon.
Le Panthéon, c’est le lieu où la patrie affirme sa reconnaissance à des hommes, à des femmes, -très peu de femmes, deux seulement aujourd’hui- qui ont, par leur courage ou par leur génie, permis à la France d’être la France, pour la France et au-delà de la France. C’est notre génie national que de pouvoir parler bien au-delà de nos frontières, à tous les peuples qui se battent encore aujourd’hui pour affirmer leur liberté et leur aspiration à être traités comme des peuples dignes de l’être.
C’est cela le message de la France. En Europe, en Afrique, dans le monde entier. C’est ce message-là que nous continuons à exprimer à travers ces évocations, ces cérémonies, ces rituels. Aux Français pour qu’ils en aient bien conscience et au monde entier qui nous attend.
Le Panthéon ne peut pas être un mausolée. Le Panthéon, c’est un lieu de vie, un lieu d’éducation, un lieu que l’on visite ou que l’on doit visiter davantage. Un lieu de culture. Un lieu où la République s’incarne et se partage. Un lieu où chacun doit ressentir, quand il y pénètre, à la fois l’inspiration, l’émotion et l’exemple.
J’ai décidé de faire entrer au Panthéon, l’année prochaine, quatre grandes figures qui évoquent l’esprit de résistance, notamment de cette période où ils se sont illustrés : Germaine TILLION, Geneviève de GAULLE-ANTHONIOZ, Pierre BROSSOLETTE, Jean ZAY.
Deux femmes et deux hommes qui ont incarné les valeurs de la France quand elle était à terre ; deux femmes et deux hommes qui se sont dressés à leur façon, chacun à sa manière, face à la collaboration, à l’abandon, à la barbarie, au nazisme.
Deux femmes aussi, pour rappeler la contribution de toutes celles, anonymes le plus souvent, qui ont fait partie de l’armée des ombres. Ces femmes qui n’ont jamais rien eu, aucune reconnaissance. Comme le disait si bien Cécile ROL-TANGUY, que j’ai distinguée hier, ces femmes qui n’ont jamais rien eu et qui, la guerre finie, sont rentrées ou plutôt restées chez elles et ont repris leur vie sans jamais être reconnues.
Deux femmes, Germaine TILLION, Geneviève de GAULLE-ANTHONIOZ, deux survivantes, qui ont pourtant connu le martyr de la déportation. Deux femmes qui incarnent, représentent, les deux phases de ces années noires : l’abîme, celle des camps et aussi l’horizon de la Libération.
Germaine TILLION, c’est l’égalité. L’égalité entre les hommes et les femmes, l’égalité entre les cultures, l’égalité entre les peuples.
Germaine TILLION sera résistante, elle l’a toujours été, sans attendre. Déportée à Ravensbrück, elle traverse l’enfer en s’accrochant à l’art autant qu’à son courage : elle ramènera même de son calvaire une opérette, pour bien montrer que l’on pouvait avoir aussi l’aspiration au bonheur dans ce moment où le fatal était le plus probable. Revenue à la vie et au monde, elle entretiendra la mémoire de cette expérience concentrationnaire en luttant contre les tortures, contre toutes les exactions. Elle sera l’une des premières à lutter pour l’émancipation du peuple algérien, auprès de ses hommes, de ses femmes et de ses enfants.
Ce fut aussi une grande scientifique, une ethnologue réputée qui était partie à la rencontre des Chaouias, dans les Aurès, d’où son attachement à l’Algérie.
C’est Geneviève ANTHONIOZ-DE GAULLE qui remettra à Germaine TILLION la Grand-Croix de la Légion d’Honneur. C’était le 23 décembre 1999.
Geneviève ANTHONIOZ-DE GAULLE, c’est la fraternité. La fraternité dans la Résistance, fraternité dans la déportation, la fraternité pour la condition humaine. Elle consacra, au lendemain de la guerre, toute sa vie pour aller vers les plus pauvres, les oubliés, les exclus, les relégués. Elle avait su répondre à l’appel du Général DE GAULLE. Elle l’avait sans doute entendu au plus près, c’était son oncle.
A Ravensbrück, porter le nom de DE GAULLE lui avait valu encore davantage d’épreuves, notamment l’isolement. Ce fut ce qu’elle avait appelé elle-même la « Traversée de la Nuit ». Je le disais, plusieurs années plus tard, elle visite un camp, un autre camp, rien à voir. Celui-là, c’est un bidonville. Quand elle voit les visages de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants, elle répond à un autre appel, celui du Père WRESINSKY, pour mener un autre combat, une autre guerre – celle-là plus pacifique – pour apaiser les détresses, les misères et la pauvreté.
Pour cette cause, elle s’est dévouée. Elle a lancé, à son tour, des appels. En 1997, aux représentants de la Nation pour qu’une loi puisse être votée contre l’exclusion. Cet appel fut entendu et le Gouvernement de Lionel JOSPIN fit adopter un an plus tard cette loi qui fait, elle aussi, honneur à la République.
Pierre BROSSOLETTE, lui, c’est la liberté. Liberté d’expression : journaliste, il était journaliste jusqu’au bout il sera. Liberté de la pensée : Pierre BROSSOLETTE est un intellectuel qui écrit, qui réfléchit, qui imagine le monde de demain. Liberté de l’action : Pierre BROSSOLETTE est un résistant mais, avant, est un soldat. Lui qui avait tellement souhaité la réconciliation avant-guerre entre la France et l’Allemagne rejoint dès 1939 l’armée. Il est ensuite, hélas pour lui, libéré de ses entraves militaires. Il revient à ses travaux, il est membre de ce groupe du Musée de l’Homme, il participe à la formation des groupes de résistance Libération Nord, se rend à Londres en 1942, retrouve le Général DE GAULLE, est un portevoix sur la BBC de ceux qu’il appelait les « soutiers de la Gloire ». Il est parachuté en France à trois reprises, il est arrêté au début de l’année 1944, il est torturé et il préfère se donner la mort plutôt que de risquer de parler. Liberté de choisir jusqu’au bout, y compris sa propre fin.
Jean ZAY, c’est la République. L’école de la République. Celle pour laquelle, comme ministre de l’Education du Front Populaire, il en dessine déjà la réforme, sans doute pour que d’autres s’en inspirent. Il veut qu’elle soit, cette République et cette école, à la hauteur des valeurs d’égalité qu’elle proclame. La laïcité de la République pour laquelle il lutte, non pas pour opposer mais pour réconcilier.
La culture, c’est aussi pour lui la République. Pas pour en faire une propagande mais pour en donner l’image la plus belle qu’il soit, celle de la liberté, pour que le beau soit à la portée du plus grand nombre.
Jean ZAY réfléchit pendant toute cette période de la captivité. Il n’avait que cela à faire. Subir et néanmoins imaginer, inventer la République nouvelle. Il en fit le récit dans « Souvenirs et solitude ». Néanmoins, il ne la vit jamais cette République à laquelle il avait rêvé.
Il fut exécuté par la Milice en juin 1944. Sorti de sa prison, conduit à un lieu-dit, le Puits du Diable, il savait ce qui pouvait l’attendre. Il eut le temps de crier lui aussi au moment d’expirer : « Vive la France !».
C’est ce cri prononcé par tant d’autres, ici même, au Mont-Valérien, que nous devons une nouvelle fois entendre.
La France, pour eux, était le bien le plus précieux.
La France, ce n’était pas simplement leur pays et pas toujours.
La France, c’était une idée, c’était des valeurs, des principes au nom desquels ils étaient fiers de mourir. Voilà pourquoi, nous devons savoir, avec conscience, que pour nous ces valeurs nous permettent de vivre.
L’amour de la patrie et de la liberté s’inscrivent – ce sont les mots de Robert BADINTER – dans l’amour de l’humanité toute entière. J’aime la France parce que j’aime l’humanité. Je suis Français donc je suis au service de l’humanité. Je porte des valeurs qui sont celles de l’humanité et qui font que la France a une place et un rôle particuliers dans le monde.
C’est le sens de cette évocation de la Résistance à travers les quatre grandes figures de la République dont je viens ici de rappeler trop brièvement l’histoire. Cette entrée au Panthéon aura lieu le 27 mai 2015, c’est-à-dire lors de la journée nationale de la Résistance.
Je sais bien que d’autres figures auraient pu, pour ce même esprit, cette même évocation, entrer également dans ce grand monument de la mémoire nationale. Des femmes ou des hommes célèbres ou des anonymes qui par leurs engagements, leur courage, leurs sacrifices, leurs idées ont sauvé l’honneur du pays.
Pourquoi ce choix ? Deux femmes, deux femmes inséparables dans la vie, dans l’épreuve, dans les souffrances et la déportation. Deux femmes qui se sont battues pour l’émancipation et la dignité humaine, qui n’ont jamais dévié, jamais abandonné, jamais renoncé. Ces deux femmes-là ont leur place au Panthéon.
Deux hommes, deux hommes jeunes au moment où ils ont été suppliciés, qui avaient déjà servi la République mais qui auraient pu tant donner s’ils avaient pu survivre. Deux hommes qui avaient éclairé de leur intelligence le chemin de la France vers le progrès.
Le Panthéon, c’est un lieu de mémoire pour célébrer les morts illustres, mais c’est aussi un lieu où reposent ceux qui nous harcèlent à chaque instant, qui nous rappellent ce que nous leur devons sans doute, ce que nous devons faire pour être fidèles à leur exemple.
Le Panthéon, c’est un lieu qui à la fois célèbre l’histoire, la nôtre, l’histoire nationale, la République et, en même temps, ce doit être un lieu où ceux qui regardent le monument pensent aux figures qui y sont accueillies, se disent qu’ils n’ont pas la conscience toujours en paix tant qu’existent des inégalités, des injustices et tant de progrès à accomplir.
La Panthéon est fait pour que la France soit à la hauteur d’elle-même, pour que la République soit toujours prometteuse, et pour que, aussi, la France continue de porter des valeurs qu’elle incarne dans le monde et qu’elle mette au service de sa propre réussite.
Le Panthéon, c’est un monument pour que la France prenne conscience qu’elle est un grand pays avec une belle histoire mais aussi un avenir où le bonheur est possible.
Vive la République ! Vive la France !