Publié le 8 avril 2014 à 23h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h47
Le président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, qui a annoncé hier soir sa démission du Parti socialiste, a présenté ses projets «d’homme libre » lors d’une conférence de presse, ce mardi après-midi, au sein du Bateau bleu. L’occasion, outre de tourner la page, d’annoncer la création d’un mouvement politique en vue des prochaines élections (sénatoriales fin 2014 et cantonales 2015).
Cette démission tient-il à préciser «n’est certainement pas due à la Bérézina électorale, particulièrement cruelle à Marseille». Ce choix poursuit-il : « j’y suis contraint » parce que ce parti «auquel j’adhère depuis l’âge de 16 ans, je ne le reconnais plus, je ne m’y reconnais plus». Tout en assurant qu’il reste «un homme de gauche» et que, s’il quitte le groupe socialiste au Conseil général il prendra l’étiquette «Divers Gauche ».
S’il déclare ne pas avoir de haine, il n’accepte pourtant pas d’avoir été désigné «comme le bouc émissaire d’une défaite annoncée». Rappelant que «ceux qui viennent d’être battus, ceux qui n’ont eu de cesse de m’humilier, avec haine et violence, entendent masquer leur incapacité à présenter un projet politique aux Marseillaise et aux Marseillais en jetant mon honneur aux chiens».
Il n’élude d’ailleurs pas la question sur sa mise en examen. «L’instruction judiciaire est interminable et est instrumentalisée par mes adversaires. Mais le temps ne dépend pas de moi, il faut laisser faire la justice».
«Certains candidats ont fait de l’anti-guérinisme ce qui n’est pas un projet»
Mais pourquoi ne pas avoir démissionné avant les municipales ? «Je n’étais pas candidat », signale-t-il. Enchaînant : «Certains candidats ont fait de l’anti-guérinisme ce qui n’est pas un projet. Ce qu’attendent les gens c’est de l’emploi, du pouvoir d’achat, mon exclusion, ils n’en n’ont rien à cirer. Guérini au PS ou pas cela n’aurait pas changé le résultat des élections». Ironisant à propos des mairies perdues par le PS : Toulouse, Limoges… «c’est aussi à cause de moi ?».
Et d’avouer : « On ne quitte pas le parti socialiste par une phrase comme cela. Je suis militant depuis 1967 et quitter mon parti à qui je dois tout -si je suis là où je suis je le dois aux militants et aux militantes du parti- a été une décision, à titre personnel, des plus douloureuses à prendre de ma vie ».
«Je quitte le parti mais je continue ma bataille politique»
Il assure ne pas avoir anticipé la décision du PS de l’exclure. «Mon exclusion n’est pas conforme au statut du PS». Mais, explique-t-il: «Ma réflexion ne date pas d’hier». «Je quitte le parti mais je continue ma bataille politique», déclare-t-il.
Il fera également taire la rumeur qui le plaçait derrière le PRG en déclarant «ne rejoindre aucun parti parce que je veux être un homme libre».
Et en ce qui concerne un éventuel rapprochement avec Pape Diouf, la réponse ne se fait pas attendre : «Je respecte l’homme mais je n’arrive pas à comprendre sa démarche politique avec le « ni ni » en permanence. En politique, il faut prendre des décisions».
Jean-Noël Guérini est donc fin prêt à s’engager dans une 2e phase avec la création dans les mois à venir d’un mouvement. «J’ai beaucoup travaillé, je vais continuer, je vais prendre des initiatives et préparer les cantonales. Je mettrai des candidats du mouvement que je vais créer dans certains cantons ». Son parti, annonce-t-il : «C’est les Bouches-du-Rhône ». «Et je vais encore vous surprendre. J’ai conservé beaucoup d’amis, j’en ferai bientôt la démonstration», prévient-il.
«Pourquoi la tête de la liste Mennucci ne s’est pas désistée en faveur de la droite républicaine ?»
Il n’omet pas d’aborder ce qu’il considère comme « le fond du problème ».
« J’ai eu Solférino (le siège du PS) au téléphone hier après-midi, on n’a pas parlé de solutions. Demain soir, on va désigner la tête de liste du PS pour les sénatoriales, à côté de cela depuis 10 jours on parle de l’exclusion de Guérini mais on n’évoque pas les causes des échecs du PS et la remise en cause des hommes et des femmes qui ont amené à ce désastre ».
Maintenant, poursuit-il : « Il y a des appels pour changer les militants socialistes. La plupart des militants a été méprisée par la tutelle mise en place. Et aujourd’hui qui mesure leur colère et leur peine ? Et qui mesure ce désastre de la mairie des 13/14 qui est passée aux mains du Front National ? Pourquoi Solférino ne se pose pas ces questions ? Pourquoi la tête de la liste Mennucci ne s’est pas désistée en faveur de la droite républicaine ? Cela fait 8 jours que j’attends une analyse de la situation. A part dire des horreurs sur Guérini et attaquer l’alliance Gaudin/ Narducci, il n’y a eu aucune analyse de fond».
Patricia MAILLE-CAIRE
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