Publié le 27 avril 2014 à 13h05 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h49
Le « week-end Capuçon » s’est ouvert samedi soir dans un GTP archicomble avec un public à forte densité parisienne, Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture et de la communication en tête. On pouvait aussi croiser, outre Laurence Ferrari, Bernard Pivot, Pierre Bergé, Laurent Joffrin, entre autres, venus assister à la « carte blanche » jouée par le directeur musical de la manifestation.
La journée avait débuté par les suites de Bach, n°1, 2 et 3, données par Ophélie Gaillard à midi au théâtre du Jeu de Paume. L’occasion pour la musicienne de faire entendre le beau son de son instrument, un Goffriller de 1737, prêté par le CIC dont le Président, Michel Lucas, qui est aussi mécène principal du Festival de Pâques, était présent pour écouter Bach.
Renaud Capuçon, lui, réglait les derniers accords de sa carte blanche… Autour des cordes du Chamber Orchestra of Europe, il a invité ses homologues violonistes Christian Tetzlaff, Alina Pogostina et James Ehnes ainsi que la claveciniste Céline Frisch, régionale de l’étape puisque co-fondatrice de l’ensemble Café Zimmermann en résidence au GTP. Tout ce beau monde était mobilisé pour Bach et Vivaldi, en première partie, dont des concertos pour deux, trois et quatre violons étaient programmés. Du très haut niveau pour des interprétations joyeusement enlevées par les instrumentistes. Une heure de délectation et de virtuosité qui permettait de constater que le Chamber Orchestra of Europe est, décidément, une bien belle machine à musique, qualités déjà soulignées un peu plus tôt dans la semaine puisque ce sont ces musiciens qui étaient aux côtés de Martha Argerich pour une soirée entrée dans la légende.
Des musiciens qui ont eu encore plus l’occasion de nous faire vibrer avec, après les concertos, les dernières notes, ou presque, posées sur une partition par Richard Strauss, celles de Métamorphoses, étude pour vingt-trois cordes solistes. Avec en premier violon super soliste de l’ensemble, un Renaud Capuçon, très concentré.
On dit que ce sont les lectures de Goethe qui ont inspiré la composition de Strauss au soir de sa vie. Que la guerre et ses destructions peuplent aussi la portée… On ne peut s’empêcher d’entendre ici la deuxième partie d’un testament débuté avec les Quatre derniers lieder, le testament d’un homme résigné, qui sait qu’il ne peut rien faire face à l’inexorable, au destin… La composition est tour à tour émouvante, tourmentée et paisible. « In mémoriam » est écrit de la main de Strauss au bas de la partition. Tout est dit. Et la beauté de ce testament, à l’écoute, vaut toutes les gloses que peut générer la vie du compositeur. Merci à Renaud Capuçon de nous avoir permis d’entendre les deux volets de ce testament en ce Festival de Pâques.
Michel EGEA