Publié le 23 mai 2014 à 16h44 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h51
La Maison de la Région vient d’accueillir un débat sur la laïcité en présence de Jean-Louis Bianco, le président de l’Observatoire de la laïcité, de Michel Vauzelle, le président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de Gérard Perrier, le président de l’Université Populaire et Républicaine, qui est à l’initiative de cette conférence.
Michel Vauzelle parle de la responsabilité considérable que représente pour la République la laïcité, «cette singularité en Europe». Il ajoute : «La laïcité, parce qu’elle est une des conditions fondamentales du vivre ensemble, requiert la lutte constante contre toutes les discriminations. Elle suppose un engagement fort et constant de la puissance publique pour assurer sa compréhension et sa promotion».
Alors que Jean-Louis Bianco insistera sur le fait que «la laïcité n’est pas une citadelle assiégée dans notre pays. Quelle subit peu d’attaques, même si elles existent. Mais ce qui nous revient du terrain est étonnement rassurant, que ce soit dans l’Éducation Nationale ou dans les hôpitaux». Dans ce cadre, il déplore : « Lorsque nous publions les guides: « Laïcité et collectivités locales », « La gestion du fait religieux dans l’entreprise privée »et « La gestion du fait religieux dans les structures socio-éducatives »(*), quasiment personne n’en parle, en revanche au moindre problème, tout le monde m’appelle».
« La laïcité n’est pas une vieille lune »
Jean-Louis Bianco indique que l’Observatoire assiste le gouvernement dans son action visant au respect du principe de laïcité en France. Il réunit les données, produit et fait produire les analyses, études et recherches permettant d’éclairer les pouvoirs publics sur la laïcité. Il peut saisir le Premier ministre de toute demande tendant à la réalisation d’études ou de recherches dans le domaine de la laïcité. Il peut proposer au Premier ministre toute mesure qui lui paraît permettre une meilleure mise en œuvre de ce principe, notamment pour assurer l’information des agents publics et privés, des usagers des services publics, des élus et des représentants des cultes. Enfin, il est consulté par le Premier ministre ou les ministres sur des projets de textes législatifs ou réglementaires. Il comprend notamment quatre parlementaires : deux députés, deux sénateurs, deux hommes, deux femmes, deux de gauche, deux de droite, et des personnalités qualifiées ainsi que des membres de droit.
«Nous avons beaucoup travaillé pour produire un premier rapport. Le précédent ministre de l’Éducation avait lancé l’idée, reprise par son successeur, d’une journée de la laïcité. Cela nous semble une excellente chose car il faut donner les moyens de la connaître».
Selon Jean-Louis Banco : «La laïcité n’est pas une vieille lune, c’est quelque chose de vivant et la loi de 1905 ce n’est pas l’interdit mais la liberté». Il précise : «La France n’a jamais été aussi diverse qu’aujourd’hui. C’est pourquoi elle n’a jamais eu autant besoin de la laïcité, qui garantit à tous les citoyens de vivre ensemble dans le respect de leur liberté de conscience, de conviction religieuse, agnostique ou athée, dans l’égalité des droits et des devoirs, et la fraternité citoyenne. Dans une période de crise économique et sociale profonde, qui s’accompagne d’une montée des intolérances, la laïcité est un outil irremplaçable pour préserver la démocratie».
Il tient également à rappeler : «La liberté de culte est reconnue, elle s’arrête là où elle porte atteinte à l’ordre public ».
« Il faut arrêter de croire qu’on peut dire non à tout le monde »
En ce qui concerne le domaine privé, il préfère parler de l’ordre de l’intime : « Il y a ce qu’on fait entre soi, puis dans l’espace partagé, la rue, où la liberté est très grande, puis il y a l’État, les collectivités territoriales, où s’imposent, pour les agents, le respect du principe de neutralité». Dans l’Éducation Nationale «peu de problèmes se posent, et lorsqu’il y en a, la discussion permet souvent de trouver une solution. Dans les hôpitaux il y a pu y avoir des comportements violents de maris qui ne voulaient pas que leur épouse soit soignée par un homme. Par principe, on ne peut accepter cela. Mais force est de constater que, là aussi, le nombre d’affaires diminue. Dans les entreprises, la question de la laïcité vient très loin derrière d’autres questions. Sur la question des repas, hallal casher, Dominique Baudis expliquait que ce n’était pas une obligation. La Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité conseille de dire non car le repas se prend en commun. Après, il peut y avoir du poisson, des légumes… ».
Jean-Louis Bianco rappelle à ce propos que la Loi de 1905 est le fruit de compromis: «On ne peut donc faire une laïcité punitive, comme le prône le FN qui veut en faire un outil d’exclusion. Il faut arrêter de croire qu’on peut dire non à tout le monde».
Michel CAIRE
(*)Les trois guides pratiques sont librement téléchargeables sur Laïcité