Publié le 25 juin 2014 à 22h51 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
La Jeunesse arménienne de France (JAF) Marseille-Provence de s’indigner à la suite d’une profanation du signe de la croix gammée, dans la nuit du 24 au 25 juin 2014, à Marseille, sur le square qui porte son nom, de la stèle dédiée à Missak Manouchian et ses 22 camarades. La JAF de rappeler que «le Groupe de Résistance Manouchian était composé d’apatrides, d’origine arménienne, polonaise, bulgare, tchèque, espagnole et italienne, de tradition religieuse catholique, apostolique ou juive, tous émigrés en France après la Première Guerre mondiale, suite au génocide des Arméniens de 1915, aux pogroms d’Europe centrale, à la guerre civile espagnole et à la montée du fascisme en Allemagne et en Italie».
Sans avoir de famille à défendre, car ils n’en avaient plus, ni de biens à préserver, car ils les avaient tout perdu, «ils ont sacrifié leur vie pour la liberté de la France et des Français que nous sommes aujourd’hui. Sans leur amour de la liberté, sans leur abnégation pour défendre les valeurs de la République, sans tous ceux qui les ont imité dans la Résistance, la France dans laquelle nous vivons aujourd’hui ne serait pas la France».
La profanation du monument élevé à leur gloire et à leur souvenir «est un signe supplémentaire que le racisme est toujours présent parmi nous, actif et militant, parfois de manière évidente, par le signe abject tracé sur le monument, parfois de manière insidieuse, sous le couvert d’une prétendue défense d’une identité nationale, qui passe sous silence que celle-ci a été aussi construite et défendue par des femmes et des hommes aussi issus de l’émigration. Jean-Jacques Rousseau, le penseur de la République Française, premier personnage à entrer au Panthéon, était Suisse, Émile Zola, le défenseur des déshérités et de Dreyfus, était issu de l’émigration italienne, aujourd’hui encore le premier ministre de la France est d’origine catalane et la Maire de la capitale est d’origine andalouse.
Être français ne tient ni à la couleur de la peau, ni aux racines de sa naissance, ni à la religion. Être français, c’est apporter ce qu’il y a de meilleur en soi à la France, et non pas les relents du racisme et de la xénophobie dont on sait qu’ils conduisent toujours aux massacres d’innocents dans les déserts d’Anatolie ou dans les camps de la mort de Pologne ou d’Allemagne. Tracer aujourd’hui la croix gammée sur un monument dédié à des résistants arméniens, juifs, italiens, tchèque ou bulgare, c’est reconnaître que l’on veut substituer à une France et une Europe de la fraternité, de la liberté et de l’égalité une France et une Europe de la déportation et des fours crématoires.
La Jeunesse Arménienne de France directement issue de Missak Manouchian, et l’association des anciens combattants d’origine arménienne s’insurgent contre cette insulte à la mémoire des fusillés du Mont Valérien par les héritiers, aujourd’hui, à Marseille et ailleurs, de l’idéologie nazie. Elles condamnent fermement cet acte odieux. Elles demandent que tous les moyens à la disposition des pouvoirs publics soient mis en œuvre pour réprimer par la loi les propagateurs de ce cancer qu’est le racisme. Elles demandent à toutes les organisations qui partagent les mêmes valeurs de liberté, de tolérance et de résistance au racisme de s’unir à sa protestation et de se joindre à l’appel lancé par des parlementaires pour le transfert des cendres du Groupe Manouchian au Panthéon.