Publié le 19 juillet 2014 à 0h06 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 17h57
Pour les 92 musiciens issus du bassin méditerranéen et réunis à Aix-en-Provence pour une session de travail dans le cadre de l’Académie européenne de musique du Festival, les journées sont désormais rythmées par un programme pour le moins intense. Après avoir découvert les œuvres qui sont à leur programme en compagnie du chef assistant Quentin Hindley les instrumentistes sont entrés dans le dur avec l’arrivée d’Alain Altinoglu au pupitre. C’est lui qui est désormais à la baguette et, pour son premier temps de travail avec les jeunes, il n’a pas fait de cadeau, travaillant pendant près de trois heures la partition la plus difficile, Daphnis et Chloé, suite n°2, de Maurice Ravel. Un travail intense auquel ont participé activement les musiciens professionnels qui encadrent les jeunes. «Après la mise en route des premiers jours, nous confiait Alain Altinoglu, ma mission est désormais de donner un son à cet ensemble et de faire en sorte qu’ils soient les interprètes de ma vision de l’œuvre.» Ce qui est remarquable, c’est que tous niveaux confondus, les participants ont fait preuve d’une discipline et d’une attention remarquable, malgré la difficulté du travail proposé. Il faut dire que le directeur musical, pas encore quadragénaire, sait trouver les bons mots, les formules et les astuces d’une part pour capter l’attention des élèves, d’autre part pour faire passer les messages de façon efficace.
Messages qui, rappelons-le, sont repris tous les matins par familles d’instruments sous les ordres des musiciens de l’encadrement, majoritairement issus du London Symphony Orchestra. Nul doute que le 24 juillet en fin de journée, à l’heure du premier concert de fin de résidence donné au GTP, et en direct sur You Tube, l’osmose sera parfaite pour un moment musical intense et unique. Rappelons que ce concert aura lieu à 20 heures et sera suivi de deux autres prestations, toujours sous la baguette d’Alain Altinoglu, le 25 à 20h30 à la Villa Méditerranée à Marseille et le 26 à 21 heures, sur la place de mairie à Savines-le-Lac dans les Hautes-Alpes. A suivre… Jusqu’au 26 juillet, Destimed accompagne cette résidence avec une chronique quotidienne. Aujourd’hui nous vous proposons de découvrir Ester Shtishi, violoniste albanaise, membre de l’orchestre.
M.E.
Ester Shtishi, de Tirana : « Ici je vis une expérience formidable »
Ester est âgée de 20 ans. Cette jeune violoniste albanaise vit sa première participation à l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée. Loin de Tirana, elle avoue vivre un rêve éveillée, ou presque…
«Je suis arrivée à la musique presque par hasard, raconte-t-elle dans un français presque parfait, témoignant de la qualité des études suivies dans son pays. J’étais toute petite et me suis mise à chanter. Mon père, qui m’écoutait, m’a alors dit que je devais être musicienne. Et, à l’âge de 5 ans, je me suis retrouvée dans un lycée de musique. »
Lorsqu’on lui demande comment elle a choisi le violon, elle sourit délicatement en disant :«C’est mon père qui a choisi l’instrument. Moi je voulais faire du piano… Mais je ne regrette rien. Le violon, c’est vraiment un bel instrument.»
Et après le lycée, elle a continué la musique à l’Université des Arts de Tirana.
Mais sa participation à l’OJM, elle ne la doit pas à son père. C’est son professeur qui l’a poussée à passer l’audition.
«J’avais entendu parler de l’orchestre et de l’ambiance qui y règne. Je n’ai pas hésité et me suis présentée. Et je ne regrette rien. C’est une expérience extraordinaire de pouvoir apprendre ici dans de telles conditions avec des coaches de très haut niveau que sont les professionnels du LSO. C’est d’autant plus excitant pour moi que la seule formation au sein de laquelle je joue, c’est celle de l’Université. Puis ici, je peux travailler pour la première fois une œuvre contemporaine, une pièce de Ravel et une de Debussy. C’est une extraordinaire occasion de progresser.»
Lorsqu’on lui parle de l’éducation musicale en Albanie, Ester nous apprends que les choses bougent beaucoup.
«Il y a les grandes écoles de la capitale Tirana, mais aussi des écoles dans les autres grandes villes. Le niveau moyen augmente depuis quelques années. C’est certainement lié au fait qu’il y a de plus en plus d’enseignants qui ont étudié à l’étranger.»
Étudier à l’étranger… Un rêve pour Ester qui a présenté le concours d’entrée au conservatoire de musique de Paris.« Mais je n’ai pas obtenu mon visa d’un an à l’ambassade de France à Tirana. Je vais le redemander en espérant l’obtenir. Mes parents seraient très heureux si je pouvais étudier à Paris… »
L’avenir :
« Je veux être soliste, dit-elle en riant. Je veux rester ici car ce serait pour moi la seule façon, désormais, de progresser musicalement. »
Pour l’heure, Ester l’espiègle, s’est replongée dans sa partition de Ravel, rêvant de la tour Eiffel et du conservatoire parisien… Vivement le visa !
Michel EGEA