Publié le 21 juillet 2014 à 0h49 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h05
Ce lundi marque l’entrée en dernière semaine de résidence pour les 92 instrumentistes, membres de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, issus de 19 pays du bassin baigné par la grande bleue. 92 filles et garçons qui vivent une expérience unique à Aix-en-Provence sous la direction d’un jeune chef, méditerranéen lui aussi, Alain Altinoglu, et avec les conseils de musiciens professionnels pédagogues issus majoritairement des rangs du London Symphony Orchestra. Jusqu’au 26 juillet, Destimed accompagne cette résidence avec une chronique quotidienne. Et aujourd’hui, c’est l’un des ces « enseignants », Laurent Quénelle, violoniste au LSO, qui nous livre son sentiment sur l’OJM et son travail. Et comme tous les jours, nous vous proposons un portrait de jeune musicien, en l’occurrence, Marina Eischberg, une altiste Palestinienne. Bonne lecture.
Laurent Quénelle : « Il y a une réelle envie de grandir musicalement chez ces jeunes ! »
Violoniste, Laurent Quénelle ne vit que pour la musique. A l’âge de 25 ans, il fonde l’ensemble European Camerata, dont il est le directeur artistique et qu’il dirige toujours du violon. Puis, l’année suivante, en 1996, il intègre les rangs du London Symphony Orchestra où il se sent tellement bien qu’il ne l’a pas quitté depuis.
Il y a cinq ans, il fait partie des musiciens du LSO qui composent l’équipe pédagogique encadrant les jeunes instrumentistes méditerranéens. Il était donc intéressant de recueillir son sentiment d’enseignant sur une période significative.
« Le niveau évolue de façon positive d’une année sur l’autre, confie Laurent Quénelle. Pour les musiciens qui reviennent d’une année sur l’autre, c’est évident. On voit leurs caractères évoluer de façon significative et le fait que certains d’entres eux reviennent est intéressant et permet de poser des bases sur lesquelles nous nous appuyons pour optimiser notre travail. Concernant les cordes, je pense que le turn over doit être de 60% chaque année. »
« Puis il y a des choses qui s’imposent, même s’il est impossible de juger à distance les projets pédagogiques des conservatoires et écoles de la Méditerranée. Il y a quelques années, les jeunes égyptiens n’étaient pas au niveau de ceux qui sont là aujourd’hui. Les choses évoluent là-bas aussi. On s’aperçoit qu’ils sont nombreux, désormais, à posséder des bases de jeu d’orchestre. Ce n’est plus l’apanage des seuls Européens… »
Entre le pupitre des violons du LSO et son orchestre de Chambre, Laurent Quénelle pourrait remplir sans problème ses journées d’honnête musicien.
Pourtant, chaque année il consacre du temps aux jeunes de la Méditerranée. Et ce pour une seule raison :
« J’ai énormément apprécié ce que j’ai appris de mes professeurs et aujourd’hui je veux transmettre la flamme. Puis j’ai toujours aimé faire du coaching. »
Et lorsqu’il parle de la résidence de l’OJM, il est aussi très direct.
« C’est un projet enrichissant qui se déroule dans d’excellentes conditions avec un très bon chef et une intéressante équipe de coaches.
Puis on sent que les gamins sont heureux d’être là et ont vraiment envie de grandir musicalement. Cette année encore plus avec un répertoire auquel sont peu habitués les orchestres de jeunes, notamment la suite de Daphnis et Chloé de Ravel qui peut avoir un côté un peu rébarbatif et nécessite une grande concentration. »
Retour à Londres et au LSO. Les mois qui viennent de s’écouler ont été marqués par la disparition de Sir Collin Davis et par le départ de Valery Gergiev. Aussi flegmatique que ses homologues britanniques, Laurent Quénelle. Tout juste lâche-t-il :
« ce sera long de faire le deuil de Sir Collin Davis. Nous venons de faire un projet Schumann et nous nous posions la question de savoir comment nous aurions abordé les choses avec Colin Davis. Mais c’est la vie et ses cycles.
Personnellement je suis heureux dans cet orchestre et encore plus en pensant au travail que nous ferons la saison prochaine avec François-Xavier Roth à notre tête pour un programme de musique allemande post-romantique. C’est un chef très apprécié outre-Manche… »
En attendant de retrouver Barbican Center, le lieu de résidence du LSO, Laurent Quénelle est reparti vers le « Big One », studio de répétition pour grands ensemble au Grand Théâtre de Provence, pour retrouver les jeunes musiciens dont il a la charge…
Michel EGEA
Marina Eichberg, de Bethléem : « Le niveau est très bon, cette année »
Agée de 20 ans, Marina a quitté Bethléem il y a un an pour rejoindre un établissement supérieur de musique à l’Université des Arts en Allemagne.
Avec pour ambition d’obtenir un master. Son instrument : l’alto.
« Ce n’est pas moi qui l’ai choisi, dit-elle en souriant, c’est mon professeur. Et aujourd’hui je peux dire que c’était un bon choix. »
Elle a 11 ans, à Bethléem lorsque ses parents lui conseillent de faire de la musique.
« Personne ne pratiquait d’instrument dans la famille, mais tout le monde aimait la musique. Et ça ne me déplaisait pas. Alors je suis allée au conservatoire. Chez nous, il y a deux possibilités, soit tu travailles sur un instrument occidental, soit sur un instrument oriental. Et, bien entendu, il y a deux fois plus d’enseignants pour les instruments orientaux, c’est donc plus simple d’apprendre. Mais, bon, pour moi c’était l’alto… »
Marina n’en est pas à sa première participation à l’OJM. Elle nous confie que le niveau est plus élevé cette année :
« J’ai l’impression que les nouveaux instrumentistes sont beaucoup plus engagés dans le projet. Et ça a une répercussion sur la qualité du travail que nous fournissons tous. Puis il y a vraiment une bonne ambiance et les échanges entre nous sont riches. C’est une belle expérience. »
En attendant de trouver une place dans un orchestre, Marina Eichberg va poursuivre ses études en Allemagne, sans oublier sa Palestine natale…
« Au mois d’août je vais participer à la session de l’orchestre de Palestine qui se déroule en Jordanie. Ca va me permettre de rester un peu chez moi, à Bethléem. »
M.E.
Pratique
L’orchestre des jeunes de la Méditerranée terminera sa résidence par trois concerts ; le premier aura lieu au Grand Théâtre de Provence le 24 juillet à 20 heures. Le lendemain, à 20h30, c’est la Villa Méditerranée, à Marseille, sur le J4, qui accueillera les musiciens puis le 26 juillet, déplacement dans les Hautes-Alpes, au bord du lac de Serre-Ponçon, à Savines-le-Lac, exactement, pour un concert donné à 21 heures sur la place de la mairie.
Le prix des places pour le concert à l’Archevêché est fixé à 15 euros et
10 euros pour les détenteurs du Pass et les jeunes.
Renseignements et réservations : la Boutique du Festival, place des Martyrs de la Résistance, 13100 Aix-en-Provence. Tél. 0820 922 923. Festival d’Aix
Le concert du 24 juillet sera enregistré par France Musique et diffusé en direct sur You Tube