Publié le 19 septembre 2014 à 19h10 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h11
Le Site-Mémorial du Camp des Milles, ouvert au public depuis deux ans seulement, permet de découvrir un lieu exceptionnel d’histoire, d’émotion et d’enseignements.
Un parcours de visite inédit présente l’histoire et les lieux eux-mêmes mais aussi des clés de compréhension pluridisciplinaires pour apprendre de notre passé et proposer des repères pour aujourd’hui et pour demain.
Cette année deux nouvelles expositions viennent compléter les trois volets historique, mémoriel et réflexif du parcours muséographique du Mémorial.
Une exposition nationale produite par l’Oeuvre de Secours aux Enfants est consacrée au sauvetage des enfants pendant la guerre 1939-1945. Elle fait écho à l’Exposition nationale de Serge Klarsfeld déjà présente sur les «11 400 enfants juifs déportés de France à Auschwitz» réalisée par l’Association des fils et filles des déportés juifs de France. Ces expositions prennent un relief particulier alors que du Camp des Milles furent déportés une centaine d’enfants à partir de l’âge de un an.
Après les trois volets historique, mémoriel et réflexif du parcours de visite, le visiteur pourra découvrir l’exposition temporaire produite cette année par le Site-Mémorial «Une cicatrice dans l’histoire, Rwanda 1994». Cette exposition de photographies nous renvoie les visages dignes de ceux qui ont survécu, sans voyeurisme aucun. Elle est complétée d’éléments documentaires qui rendent compte des engrenages institutionnels et des étapes qui vont du racisme ordinaires au racisme exterminateur.
Patrimoine longtemps caché et aujourd’hui sauvegardé après 30 ans de mobilisation de la société civile pour sa mémoire, le Camp des Milles (1939-1942) est le seul grand camp français d’internement et de déportation encore intact et l’un des très rares en Europe.
Lieu témoin prenant le relais des témoins, c’est un patrimoine précieux destiné à renforcer la vigilance et la responsabilité de chacun face aux menaces permanentes du racisme, de l’antisémitisme, de l’intolérance et du fanatisme.
L’histoire du Camp des Milles témoigne des intolérances successives, contre des étrangers, contre des opposants, contre les juifs, qui conduisirent à la déportation de plus de 2 000 hommes, femmes et enfants juifs depuis le Camp des Milles vers le camp d’extermination d’Auschwitz via Drancy ou Rivesaltes.
Dix mille personnes de 38 nationalités y ont été internées entre 1939 et 1942, parmi lesquelles de très nombreux artistes et intellectuels, dont Max Ernst ou Hans Bellmer. Ils réalisèrent sur place des centaines d’œuvres et des dessins, graffiti ou peintures dont certains sont encore visibles sur les murs du camp.
L’ambition du Site-Mémorial du Camp des Milles est de rappeler l’histoire tragique dont témoigne le Camp et de s’appuyer sur cette histoire pour que l’homme d’aujourd’hui puisse apprendre de l’expérience de nos anciens. Contribuant ainsi hautement aux valeurs de respect, de dignité et de fraternité, il constitue, par les médiations utilisées, une réalisation pédagogique unique au monde sur un lieu de mémoire.
Les expositions permanentes du Site-Mémorial sont organisées sur 15 000m2 de bâti et 7 ha, selon le parcours muséographique suivant :
– Le Volet historique présente l’histoire des trois grandes périodes du Camp des Milles entre 1939 et 1942, replacé dans son contexte local, national et européen ; des bornes audiovisuelles reconstituent les destins individuels d’internés célèbres ou inconnus ; d’autres présentent le récit de témoins de cette époque.
– Le Volet mémoriel permet la visite, émouvante, des lieux historiques laissés en l’état et de quelques points forts : espaces où s’entassaient les internés dans les étages, lieux de sauvetage, immense « four à tuiles » baptisé Die Katakombe par les internés qui en firent un lieu de vie culturelle…
– Le Volet réflexif présente, pour la première fois sur un lieu de mémoire, des connaissances scientifiques pluridisciplinaires qui permettent au visiteur de mieux comprendre les engrenages et les mécanismes humains récurrents (préjugés, passivité, soumission aveugle à l’autorité…) qui ont conduit et peuvent conduire au pire. Il s’agit ainsi de donner au visiteur des outils de réflexion sur la responsabilité de chacun dans une « montée des périls ».
Cette section « réflexive » se termine par un «Mur des actes justes» qui présente la diversité des actes de sauvetage et de résistances aux quatre grands crimes à caractère génocidaire du XXe siècle, contre les Arméniens, les Juifs, les Tsiganes et les Tutsis au Rwanda. Un hommage au courage de ces hommes et femmes, un exemple et une invitation à la responsabilité individuelle.
Après sa sortie du bâtiment principal, le visiteur accède à une « Salle des peintures » où se trouvent d’immenses peintures murales colorées et ironiques, réalisées par les internés. Entrée libre.
Le Chemin des Déportés, emprunté à l’été 1942 par plus de 2000 hommes, femmes et enfants juifs conduit enfin au Wagon du Souvenir situé à l’endroit même du départ pour la déportation. Accès libre.
O.B.
Horaires pour les Journées du patrimoine : de 10h à 19h (Fermeture de la billetterie à 18h). Tarifs et gratuités pour les Journées du patrimoine :
-Espaces d’accès gratuits : Salle des Peintures murales, Exposition nationale sur les enfants juifs déportés (réalisée par Serge Klarsfeld), Exposition de l’OSE « Sauver les enfants » 1938-1945 », Chemin des déportés, Wagon du Souvenir, ainsi que l’exposition temporaire « Une cicatrice dans l’histoire, Rwanda 1994 »
-Espaces d’accès payant (7,5€) : Espaces muséographiques des volets historique, mémoriel et réflexif. Gratuit : enfants de moins 9 ans, anciens combattants-anciens déportés – anciens résistants, bénéficiaires des minimas sociaux
Médiations gratuites pour les Journées du patrimoine : départ toutes les heures à partir de 10h30. Possibilité de restauration sur place
Plus d’info au 04 42 39 17 11 ou Camp des Milles.org
