Publié le 24 septembre 2014 à 10h14 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
La goélette Tara a jeté l’ancre, ce samedi, dans le Vieux-Port de Marseille et les Marseillais n’ont pas résisté à l’appel de la mer en prenant d’assaut, durant tout le week-end, ce superbe voilier de 36 mètres de long entièrement dévolu au devenir de la planète.
Le Tara, depuis 2003, sillonne les mers de l’Arctique à la Méditerranée pour des missions scientifiques et éducatives, afin d’étudier et comprendre l’impact des changements climatiques et de la crise écologique. Tara expéditions s’est également donné comme mission de développer un plaidoyer afin de mobiliser la société et inciter les décideurs à avancer concrètement vers les solutions beaucoup fortes pour la planète.
Actuellement Tara est en Méditerranée pour une expédition qui a démarré au mois d’avril et s’achèvera en novembre. Une mer en danger sachant que 450 millions d’habitants vivent sur ses zones côtières. «Par les caractéristiques géographiques et climatiques, la Méditerranée abrite aussi près de 7% de la diversité biologique marine, même si elle ne représente que 0,8% de la surface de l’Océan. Aujourd’hui ses mégapoles sont saturées, la Méditerranée concentre 30% du trafic maritime mondial, les difficultés liées aux pollutions venant de la terre se multiplient, mettant sous pression l’écosystème marin essentiel pour les populations et pour la vie en général. Parmi ces pollutions, la présence croissante de micro-plastiques dans la mer et sa probable incorporation dans la chaîne alimentaire pose question», est-il souligné.
De fait, une étude scientifique, impliquant 15 laboratoires, est menée à bord du Tara sur la pollution plastique en mer, coordonnée par le laboratoire d’océanographie de Villefranche-sur-Mer (Université Pierre et Marie Curie et CNRS) en France et l’Université du Michigan aux États-Unis. L’accumulation de débris plastique dans la nature est l’un des fléaux récents les plus répandus et durables sur la surface de la planète et l’une des grandes préoccupations environnementales de notre temps.
«Pourtant nous connaissons trop peu de choses sur ce qu’il advient de ces plastiques et sur leurs rôles dans la dynamique des écosystèmes pour pouvoir prédire leurs impacts à venir sur les océans de la planète et sur l’Homme», indique Romain Troublé, secrétaire général de Tara expéditions. Soulignant également que «les déchets ne viennent pas que de la côte mais sont transportés également par les fleuves qui finissent dans la Méditerranée». Sacs plastiques et autres barquette sont en ligne de mire : «Pour un quart d’heure d’utilisation, ces plastiques mettent 450 ans pour se dégrader.»
Marie Barbieux, doctorante au laboratoire de Villefranche-sur-Mer, a embarqué à bord du Tara pour effectuer des prélèvements. «Un filet traîné par le navire accroche les déchets en surface. Toutes les 5 heures, son contenu est récupéré pour être identifié par les scientifiques puis conservé pour être envoyé au laboratoire de Villefranche-sur-Mer». Une opération qui a pour but «de mieux comprendre les impacts du plastique sur l’écosystème méditerranéen. Les fragments de plastique sont quantifiés, mesurés et pesés. Les matières plastiques sont qualifiés (ainsi que les polluants organiques liés au plastique) qui se répandent en mer. Encore inconnus, de véritables écosystèmes microscopiques et macroscopiques (bactéries, protozoaires, micro-algues, crustacés, mollusques, etc.) se développent à la surface des fragments de plastique posant des questions sur l’entrée probable de ces polluants dans la chaîne alimentaire».
Romain Troublé d’expliquer: «Le plastique est un substrat sur lequel se fixe la vie. Ce petit plastique sent l’algue et le poisson l’absorbe. L’inconnue est de savoir où finit ce plastique ? Est-ce qu’il reste dans le poisson ? Des bactéries se fixent également sur ces fragments. Par exemple des bactéries se fixent sur des fragments en Algérie et dérivent jusqu’à Marseille dans un espace où elles n’ont rien à faire. On n’a pas encore de recul sur les conséquences». Il est avancé que la Méditerranée est la 4e zone dans le monde polluée par le plastique. Romain Troublé de dévoiler: «En Arctique, zone vierge, on en a trouvé aussi de partout ». Pour l’heure pas de solutions si ce n’est que «cette situation est réversible si on n’arrête de jeter du plastique.» Prochaine escale du Tara, Naples «Où nous allons effectuer des prélèvements sur la peau et le gras des cétacés»
Patricia Maillé-Caire
Le Tara est à Marseille jusqu’au 29 septembre à la Société Nautique de Marseille face au 23 quai de Rive Neuve. Au programme:
– Exposition Notre Planète Océan : ouverte au public chez agnès b. jusqu’au 29 septembre du lundi au samedi de 10h à 19h (33 Cours Honoré d’Estienne d’Orves, 13001 Marseille).
– Atelier de rencontres citoyennes sur les principaux enjeux environnementaux en Méditerranée : jeudi 25 septembre.
– Conférence grand public : Méditerranée une mer sous pression : samedi 27 septembre à 18h à la Villa Méditerranée.
450 millions d’habitants vivent sur les zones côtières de la Méditerranée répartis dans 22 pays riverains. Les difficultés liées aux pollutions venant de la terre se multiplient, mettant sous pression l’écosystème marin essentiel pour les populations et pour la vie en général. Parmi ces pollutions, la présence croissante de micro-plastiques. Mais des solutions concrètes existent.
Avec Gaby Gorsky, directeur scientifique de l’expédition Tara Méditerranée (CNRS/UPMC), Étienne Bourgois, président de Tara Expéditions et Hugues Ravenel, directeur du centre d’activités régionales du Plan Bleu.
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