Théâtre du Jeu de Paume à Aix-en-Provence: Agnès Régolo met en scène « Le mariage de Figaro »

Publié le 26 septembre 2014 à  13h47 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h11

Un mariage de Figaro tonitruant où Kristof Lorion s’impose en comte agité (Photo Raphaël Arnaud)
Un mariage de Figaro tonitruant où Kristof Lorion s’impose en comte agité (Photo Raphaël Arnaud)

Je ne suis pas sûr que si Beaumarchais pouvait revenir parmi nous il apprécierait forcément l’ensemble de la mise en scène qu’Agnès Régolo a faite de sa pièce «Le mariage de Figaro». Remarquez la question ne se pose pas et puis le dramaturge français en a vu d’autres, lui qui eut mille soucis avec la censure de son temps et qui a dû «homme assez ordinaire » se battre pour imposer ses idées. Il n’empêche. Avec sa troupe la «Cie du jour au lendemain», Agnès Régolo nous propose une lecture bruyante de ce mariage mouvementé avec des rajouts de musique un peu rock assez réussis et des mini chorégraphies qui, cela n’engage que moi, sont totalement superflues. Dans un rythme trop rapide où les comédiens au débit surpuissant n’imposent pas toutes les nuances de la pièce nous voyons sur scène les personnages courir, s’agiter et, ce n’est pas toujours avec subtilité. On reconnaîtra cependant une cohérence du projet, un esprit de troupe indéniable et surtout la volonté affichée et réussie d’Agnès Régolo de montrer toute l’intemporalité du projet de Beaumarchais. Éminemment moderne et fidèle à l’esprit du texte sa mise en scène demeure d’une grande intelligence, en dépit de ce qui à mes yeux reste des faiblesses formelles. On soulignera les performances de Sophie Lahayville facétieuse comtesse, Kristof Lorion, formidable en comte tourmenté autant que virevoltant, et on notera que Guillaume Clausse sans être transcendant campe un Figaro cohérent et surtout loin des images ampoulées que l’on donne parfois de son rôle dans des mises en scène classiques. Quelques réserves, en revanche, sur le jeu d’Élisa Voisin qui en Suzanne/Fanchette en rajoute au niveau du débit, en ne donnant pas à entendre toujours distinctement les répliques de son personnage. Ayant une valeur pédagogique indéniable, «Le mariage de Figaro» d’Agnès Régolo, aux décors sobres et aux lumières en trompe l’œil, a le mérite de faire aimer le théâtre au public plus jeune. Pour preuve la belle qualité d’écoute, dans une salle du Jeu de Paume comble, où les nombreux lycéens présents ont savouré tout cela avec jubilation (beaucoup de rires et applaudissements nourris) retrouvant sans doute un Figaro plus à leur portée, plus en prise avec la société d’aujourd’hui. Ce n’est déjà pas si mal, et co-produit par ce même Jeu de Paume voilà un spectacle réjouissant, pas toujours abouti, par trop agité, mais d’une générosité forçant le respect.
Jean-Rémi BARLAND
«Le mariage de Figaro» de Beaumarchais. Mise en scène Agnès Régolo. Au Jeu de Paume jusqu’au 27 septembre à 20h30.

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