Publié le 3 octobre 2014 à 23h00 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Le voyage d’essai, ce vendredi 3 octobre, de la première rame TER Provence-Alpes-Côte d’Azur Regio 2N. Elle transportera plus d’usagers, dans de meilleurs conditions, avec une adaptation pour les personnes à mobilité réduite, sur les axes Marseille-Aubagne-Toulon (15 000 passagers quotidien) et sur la Côte d’Azur (46 000), à partir du 17 novembre. Un voyage auquel participait Michel Vauzelle, le Président de Région, Guillaume Pepy, le Président de la SNCF et Jean Berger, le président de Bombardier transport France. Occasion pour Michel Vauzelle de rappeler l’importance de l’effort accompli au fil des années par la Région depuis qu’il a accédé à sa présidence.
Un Michel Vauzelle qui explique la complexité de la situation à laquelle est confronté le politique. «L’élu prend des engagements. Lorsqu’ils ne sont pas tenus, on dit qu’il est de mauvaise foi, alors qu’il est prisonnier de techniciens, de technocrates. Et lorsqu’il y a un retard ce n’est pas l’entreprise qui est responsable aux yeux des citoyens mais l’élu. C’est d’autant plus grave que lorsque les gens perdent confiance dans les politiques c’est en eux qu’ils perdent confiance et donc en la démocratie. Et cela ouvre la porte aux pires possibilités». Il souligne à ce propos : « Aujourd’hui les habitants du Burkina Faso ont un meilleur moral que les Français. C’est problématique. Mais il est vrai qu’on ne cesse de vanter chez nous le modèle allemand en oubliant de dire qu’il n’y a pas de salaire minimum, qu’on trouve des travailleurs pauvres dans ce pays…».
«Nous n’avons obtenu l’autorisation de mise en exploitation que le 26 septembre»
Dans ce dossier, 8 rames auraient dû être livrées, seulement 4 le seront dans un premier temps : «C’est très pénalisant», reconnaît Guillaume Pépy. Alors que du côté de Bombardier, on avance : «Nous n’avons obtenu l’autorisation de mise en exploitation que le 26 septembre. Aujourd’hui le produit est donc stabilisé et nous y voyons plus clair. Nous sommes donc maintenant très optimiste en ce qui concerne la production».
Guillaume Pepy se fait l’écho d’une réunion qui a eu lieu le matin à la Région : «Nous avons été interpellés sur deux sujets : les retards de livraison d’infrastructures, une question qui va être traitée le 14 octobre par le Président de SCNF Réseau qui présentera à cette occasion un calendrier des travaux». Il justifie ce retard : « Le ministre des Transports souhaite que la totalité des moyens soit réservée à l’entretien des réseaux car la sécurité est la première des priorités».
Il annonce: «Trois actions vont être entreprises: nos trains vont être mieux entretenus, les voies seront réparées et elles seront également sécurisées pour éviter les accidents car, actuellement on en déplore chaque semaine. Tout cela devrait nous permettre d’être à la hauteur des efforts accomplis par la Région Paca, la première en matière d’investissement ».
Au global, depuis 1998, la Région a investi 830 millions d’euros dans le financement de l’acquisition ou de modernisation des matériels ferroviaires régionaux assurant le service TER en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Dans ce contexte, la Région a conclu une convention de financement avec la Banque Européenne d’Investissement qui finance l’investissement à hauteur de 130 millions d’euros sur 30 et la Caisse des Dépôts et Consignations qui finance à hauteur de 64,1 millions d’euros sur 40 ans. Cette convention permet à la Région de réaliser une économie globale nette de 50 millions par rapport aux deux crédits-bails initialement contractés.
Les mises en service commerciale de premières rames interviendront au quatrième trimestre 2014 pour Regio 2N et au Printemps 2015 pour Régiolis.
« Cette rame propose 493 places assises, 944 avec celles debout »
Alain Wiart, chef de projet TER Paca fait visiter le Regio2N : « Cette rame propose 493 places assises, 944 avec celles debout. Il sera possible, si nécessaire, de grouper 2 rames pour transporter jusqu’à 1 900 personnes. La normes est de 10 bagageries, la Région a fait le choix d’en proposer 18». Elle dispose également de quatre toilettes et propose 2 espaces vélos «que l’on bloque avec des sangles». «La climatisation sert deux voitures, poursuit-il, de ce fait, si une tombe en panne, une partie sera toujours desservie. La dernière partie de la rame répond aux besoins des personnes à mobilité réduite. Les portes sont plus larges, les toilettes sont adaptées et un comble lacune automatique favorise une montée et une descente aisée». Il met en avant le fait que la rame est équipée de larges couloirs qui facilite la circulation, fait remarquer que le train propose une prise de courant pour deux sièges. « Le nombre de personnes qui montent est détecté. Une vidéo-surveillance est installée, elle ne peut être vue par le conducteur sauf dans le cas où une personne tire le signal d’alarme. Il peut alors visionner les 15 dernières secondes afin de savoir s’il y a un problème ou s’il s’agit d’une plaisanterie». Parmi les nouveaux équipements: «Si la rame est inoccupée la lumière baisse, la climatisation est diffuse». Regio 2N dispose enfin de moteurs à aimants permanents et réducteurs à haut rendement, récupération d’énergie au freinage, aérodynamisme… Et les composants du train présentent également un taux de recyclage supérieur à 95%.
Le voyage d’essai s’est rendu jusqu’à Arles où il a été accueilli par Hervé Schiavetti, le Maire de la commune.
Michel CAIRE
La CGT Cheminots se mobilise
La venue de Guillaume Pepy n’a pas laissé insensible la CGT cheminots. Une délégation est venue à la gare de la Blancarde dès qu’elle a appris la présence du président de la SNCF. Nicolas Desclos, le secrétaire CGT cheminots à Marseille explique : «Nous aurions aimé que monsieur Pépy vienne nous voir. Une telle manifestation, aujourd’hui, est une provocation lorsque l’on connaît l’état du TER. Des trains sont supprimés tous les jours soit parce qu’ils n’ont pas été révisés, soit par manque d’effectif. Et ce nouveau train impose que le personnel soit formé, donc des trains vont être supprimés pour permettre la formation des conducteurs. Et pour les voies c’est pareil, le manque d’effectif conduit à des problèmes».
Un propos auquel Guillaume Pepy répondra plus tard : «Nous aimerions pouvoir développer nos effectifs mais qui paie ? Soit les usagers, soit les contribuables or, ni les uns ni les autres ne le peuvent. Il faut donc mieux utiliser les moyens dont nous disposons. C’est d’ailleurs ce qu’ont accepté les cheminots des ateliers d’entretien qui travaillent maintenant également les nuits et les week-end pour maximiser le nombre de trains mis à la disposition des usagers». Il en vient à la Région Paca : «On parle des trains qui n’arrivent pas à l’heure, c’est normal, mais il faut savoir qu’ici le nombre d’usagers a augmenté de 30% en 4 ans. Et, dans le même temps, on assiste à une immense modernisation des voies. Nous aimerions que les travaux avancent plus rapidement mais tellement de trains circulent dans cette région qu’il faut avancer morceau par morceau. Mais cela va payer, cela paie déjà. Et Paca est la première a mettre Régio 2N en activité et elle est une des trois premières, au niveau national, en matière de ferroviaire».
M.C.