Publié le 7 octobre 2014 à 11h08 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h22
Que pouvaient-ils bien réaliser après « Intouchables » qui puisse toucher le public et surprendre le spectateur familier de leurs films ? En cinéastes inventifs ouverts sur le monde Eric Toledano et Olivier Nakache ont répondu de brillante manière avec « Samba », leur nouveau long métrage qui, présenté ce lundi au Cézanne d’Aix s’annonce comme un énorme succès au box-office. Intelligence d’un scénario qui adapte « Samba pour la France » un roman de Delphine Coulin, (l’écrivaine a participé à son écriture avec sa sœur pour le remanier considérablement), travail important sur le son, musique percutante signée Ludovico Einaudi, images savamment agencées, dans un montage de Dorian Rigal-Ansous, acteurs au sommet de leur art, promenade burlesque sur les toits de Paris, évocation de la ville la nuit, hymne à l’entraide, voilà une splendide comédie sociale, sentimentale, et romantique. Avec un fond sombre puisque on nous raconte la rencontre de samba un Sénégalais en situation irrégulière (impressionnant Omar Sy) et d’Alice, une cadre supérieure française épuisée par un burn-out (bouleversante Charlotte Gainsbourg). « Samba », entre humour et émotion parle de la tolérance et du partage en des scènes touchantes qui sont toutes des petits tableaux de la vie quotidienne. Le travail des bénévoles aidant la réinsertion des sans-papiers, l’exploitation des clandestins par des entrepreneurs peu regardants, la peur qui taraude ceux qui se trouvent sous le coup d’une expulsion, le film se veut une plongée dans la France des défavorisés, et traite des problèmes sociaux sans démagogie ni voyeurisme. Lumineux duo d’acteurs auquel s’ajoute la présence non moins éblouissante de Tahar Rahim et Izïa Higelin, en couple improbable. Ce même Tahar Rahim qui s’offre une danse endiablée dans le film reproduite en live sur la scène du Cézanne, toute la salle debout tapant dans ses mains. A une époque, où, en France on nous rabâche à longueur de journées que l’Autre est un danger, qu’il convient de s’isoler, comme il est bon de voir un film qui prône le partage, la solidarité, le brassage des cultures, le métissage et la tolérance. En le faisant non pas de manière pédagogique mais par des artistes qui ne démontrent pas mais qui montrent et qui par la force du romanesque donnent naissance à des personnages vrais, anti-héros auxquels on peut s’identifier. Un film dont on sort éblouis, qui rend heureux et qui donne envie d’aimer la terre entière. Pour cela que toute l’équipe soit remerciée!
Jean-Rémi BARLAND
« Samba » d’Eric Toledano et Olivier Nakache sur les écrans le 15 octobre
