Publié le 9 octobre 2014 à 11h55 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h22
Il y a 250 ans mourrait Rameau. Il y a 300 ans, naissait Gluck. Un double anniversaire que ne pouvait pas laisser passer l’OFJ Baroque et son directeur musical Christophe Coin qui rappelait, entre les deux pièces données en première partie, la rivalité qui était de mise entre les deux compositeurs. Pour illustrer son propos, le chef d’orchestre proposait, dans cette première partie, des extraits de deux tragédies lyriques : «Dardanus » de Rameau et «Don Juan » de Gluck. L’occasion pour la jeune formation composée de 28 musiciens de mettre en valeur le travail effectué pendant la résidence d’une dizaine de jours au Grand Théâtre de Provence.
Il a un beau son, cet orchestre, et Christophe Coin n’hésite pas à le solliciter à tous les pupitres pour donner du relief à chacune des pièces. Des interprétations limpides, tout juste perturbées par quelques instants approximatifs dans les vents, notamment du côté des hautbois.
Mais à la décharge des jeunes musiciens, il convient de savoir que la pratique des instruments d’époque est loin d’être une sinécure. Les plus difficiles à travailler demeurant les cuivres qui, ici, furent impeccables, tant les trompettes que les cors avec, notamment, de très belles attaques. Les cuivres sont à ranger au rang des satisfactions au même titre que des cordes souples et soyeuses qui contribuent grandement à la beauté de son dont nous parlons plus haut. De la couleur et de la chaleur chez elles pour venir récompenser, entre autres, l’excellence du travail effectué par le violon solo Johannes Pramsohler qui fut aussi leur coach au long de cette résidence. Cordes qui se sont aussi mises en évidence au long de parties (nombreuses pour un seul programme) de pizzicati. Notamment le deuxième mouvement de la très courte symphonie de François Martin, donnée en début de deuxième partie. Une découverte pour le public. Prémices d’une musique intéressante, mais prémices seulement car François Martin est mort à l’âge de 30 ans.
Fort remarquée aussi, au cours de ce concert, la prestation aux castagnettes du percussionniste Laurent Sauron qui fut aussi excellent aux autres instruments de son pupitre. Apprécié, aussi, le jeu de Loris Barrucand, impeccable au clavecin.
Le concert s’achevait avec Rameau et sa suite des «Fêtes d’Hébé».
Rigaudons, menuets, passepieds étaient au rendez-vous ; sourires et joie de jouer chez les musiciens aussi. Il n’y a pas de doute possible, ces jeunes sont promis à un bel avenir musical.
Cette résidence marquait la fin de deux ans de collaboration entre Christophe Coin et l’OFJ Baroque. Deux années des plus intéressantes à en croire le directeur musical qui était fort satisfait du travail effectué ces derniers jours. L’année prochaine, et en 2016, c’est Leonardo García Alarcón qui assurera la direction musicale de l’OFJ Baroque avec un programme consacré aux compositeurs français et italiens au temps de Louis XIV. Un grand comédien sera aussi de la partie !
Rappelons que Leonardo García Alarcón est un fidèle du festival international d’Aix-en-Provence et grand spécialiste de la musique baroque. Il a recréé, en 2013, au théâtre du Jeu de Paume d’Aix-en-Provence, «Elena» de Cavalli. Une production qui a triomphé et qui fait désormais l’objet d’un dvd chez Ricercar.
Pour l’heure l’OFJ baroque poursuit sa tournée : concert pédagogique a Blagnac, concert à Toulouse puis à Paris. Bon voyage…
Michel EGEA