Publié le 12 juillet 2013 à 1h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 15h43
« Nos positions restent solides grâce à notre portefeuille de marques et notre culture de la proximité »
Ricard, le nom est associé à la création du Mondial La Marseillaise à pétanque. Les liens sont restés forts entre la société et ce concours. A cette occasion, Philippe Savinel, le PDG de la société Ricard fait le point sur la situation de la société dans un contexte de crise persistante.
Philippe Savinel, comment se comporte la société Ricard dans ce contexte de crise?
Depuis 18 mois nous traversons une situation difficile même si nos positions restent solides. Il faut savoir que les anis connaissent une baisse de 5%, les liqueurs de 8%, et, pour la première fois en France depuis 20 ans, le whisky est en baisse. Ces phénomènes sont liés à trois facteurs. Premièrement, la France connaît une récession, avec une baisse de la consommation, une baisse du pouvoir achat et un record d’épargne sur le livret A. Par ailleurs, les études révèlent également que le moral en France a atteint le niveau le plus bas depuis 1972. Tout cela a forcément un impact sur nous qui sommes dans le festif. Deuxièmement, nous sommes confrontés, depuis le 1er janvier 2012, à une nouvelle augmentation des taxes qui entraîne, par exemple, une augmentation du prix de la bouteille de Ricard de 2 euros. Troisièmement, pour ne rien arranger, nous venons de connaître le printemps le plus froid et le plus pluvieux depuis 30 ans. Alors, encore une fois, nos positions sont solides et nous baissons moins que les autres. Nous avons eu d’ailleurs la surprise de découvrir que les marques nationales résistaient mieux que les marques distributeurs. Les gens consomment donc moins, mais préfèrent payer un peu plus cher pour des produits de qualité.
Quelles sont les raisons qui vous permettent de résister ?
Nous résistons bien pour deux raisons parce que nous avons de belles marques, et ensuite grâce à notre culture de la proximité, du terrain, qui fait que nous sommes présents dans les magasins, les cafés, les restaurants, les hôtels et lors des grandes manifestations. La proximité est une vraie force en temps de crise. Et, surtout, nous continuons à faire les choses sérieusement sans nous prendre au sérieux.
Quand, selon vous, va-t-on sortir de cette crise ?
On ne sait pas, on peut continuer à plonger, comme l’Espagne, le Portugal, la Grèce, l’Irlande. On espère, bien sûr, que cela ne sera pas le cas et que notre économie va repartir de l’avant, début 2014, comme des indicateurs le laissent espérer. Certes, nous ne faisons pas partie des besoins vitaux. Mais, dans cette période de crise, on voit que trois types de dépenses résistent : celles de jeux, les gens ont besoin de rêve ; celles pour les enfants, par amour, par pulsion de vie ; et enfin celles pour les spiritueux car on a besoin de convivialité, de fête. Nous ne sommes donc pas totalement une variable d’ajustement. Nous sommes extrêmement attentifs à la situation, nous gérons au plus près. Il est également important de dire que pendant que nous sommes en crise en Occident, la Russie, la Chine et toute l’Asie du Sud-Est ainsi que le Brésil sont des marchés en plein développement.
Quels sont les axes que vous entendez mettre en avant pour garder le cap ?
Fort de notre histoire, nous entendons défendre une société du bonheur, de la bonne humeur et de l’amitié. Des valeurs qui, je tiens à le dire, sont opposées à l’excès d’alcool. Pour cela, nous développons la politique des trois R : Rajeunir, Revaloriser, Rassembler. Il faut en permanence rajeunir, tirer vers le haut. Encore une fois, il ne s’agit pas de boire excessivement, en cachette, mais du verre qui rassemble, qui permet de briser la glace, de se parler. Il faut aller de l’avant, mais sans renier l’histoire. Ricard, c’est plus de 80 ans d’histoire, et que dire de Jameson, la fondation de la distillerie date de 1780. Il faut s’appuyer sur ce passé tout en ayant une image de marque en accord avec notre époque. Et puis, nous suivons très attentivement les évolutions de la société, la globalisation implique que le monde est/et mon village. Et, là encore, nous mesurons combien nous sommes privilégiés en ayant dans nos gènes la culture de produit et de la proximité qui entre en résonance avec les phénomènes actuels de tribus, de consommation des produits de proximité, de premiumisation. Et, là, encore, dans une logique de consommation responsable, nous ne visons pas la quantité, mais une consommation de qualité.
Enfin, quel regard portez-vous sur Marseille-Provence 2013 ?
Nous avons pris toute notre place pour que le territoire de Marseille-Provence, obtienne la capitale européenne de la culture en 2013. J’ai l’habitude de dire que si Marseille est Capitale européenne de la culture c’est aussi la capitale mondiale de Ricard. Nous exportons, depuis des décennies, le nom de Marseille dans le monde qui, tout un temps, a eu besoin de références. Tel n’est plus le cas aujourd’hui. Malgré des problèmes qui demeurent, la ville est en train de se forger une image très positive, et c’est on ne peut plus justifié. Et c’est bon pour le savon de Marseille, l’huile d’olive de la région, le Ricard, et tous les produits du terroir. Un capital de sympathie pour la cité phocéenne se développe, je peux le mesurer lors de mes déplacements professionnels et, en plus, la dimension culturelle tire vers le haut l’image. Mais je pense que ce qu’il y a de plus fort dans cette aventure, c’est le changement qu’elle a produit chez les Marseillais. Là, où il y a pu avoir par le passé de la fatalité on trouve aujourd’hui de la fierté.
Propos recueillis par Michel CAIRE
La société Ricard
La société Ricard est le leader français des spiritueux, avec un chiffre d’affaires consolidé 2011/2012 de 470 millions d’euros (base IFRS hors droits et taxes), réalisé pour 90.6% en France et pour 9.4 % à l’étranger. En 2013, Ricard est à la fois propriétaire et distributrice de marques. Elle détient notamment Ricard, Pacific, Lillet et distribue 30 marques internationales du groupe Pernod Ricard, parmi lesquelles Absolut, Chivas, Jameson, The Glenlivet, Clan Campbell, Perrier-Jouët, Malibu et Beefeater. La société est n°1 de l’anis dans le monde grâce à Ricard, et n°1 des whiskys en France. Fondée en 1932 par Paul Ricard à Marseille, la société Ricard se rapproche de Pernod en 1975 pour créer le groupe Pernod Ricard, co-leader mondial des Vins et Spiritueux. Elle est aujourd’hui filiale à 100% du groupe Pernod Ricard. La société Ricard rassemble 900 collaborateurs répartis entre le siège de Marseille, les 8 directions régionales des ventes et les 4 sites de production.