Publié le 19 octobre 2014 à 12h55 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Répondant à l’invitation de l’association pour la promotion de l’œuvre de Vincent Roux et des Amis de Saint-Jean-de-Malte, Thierry Escaich est venu improviser sur des tableaux de Vincent Roux pour commémorer le 25e anniversaire de la chute du mur de Berlin. Pour la circonstance, le superbe édifice religieux avait presque fait le plein. Il faut dire que la réputation de Thierry Escaich n’est plus à faire, lui qui enseigne au Conservatoire national supérieur de musique de Paris et se produit un peu partout dans le monde.
Une fois les réglages effectués pour coordonner les images avec la musique, et après une Passacaille de Bach pour honorer Rostropovitch, le récital pouvait débuter. Plus d’une heure de concert avec pour seules partitions les photocopies des tableaux de Vincent Roux choisis par le musicien. Tableaux qui, soit dit en passant, étaient exposés pour un certain nombre d’entre eux dans l’église, le soir du concert.
La Porte de Brandebourg, pour débuter avec la puissance des notes pour faire vivre une foule bruyante, heureuse, et des répétitions pour illustrer la chute du mur. Joyeuse et animée, la Bravade à Saint-Tropez laissera la place à la sourdine pour Saint-Tropez sous la neige et à la sérénité pour Venise, elle aussi sous la neige. Notre-Dame de Paris explose ensuite en majesté avant que la chaleur de Tolède envahisse la nef. La Sagrada Familia sera l’un des temps forts de ce concert. Thierry Escaich fait vivre une procession avant de magnifier l’élévation des flèches de l’édifice dans le ciel orangé de Barcelone. Suivront les sonorités cristallines et fluides de l’eau qui coule sous les ponts de Londres, de Paris, de Delft. Puis la grande place de Bruxelles arrivera, toute en effervescence et en bruissements joyeux. A la paisible Irlande succèdera une certaine austérité toute médiévale pour le Château de Kronborg. Place, ensuite à la montagne Sainte Victoire qui s’éveille au petit matin avec légèreté… Avant que le soleil de midi ne fasse chauffer ses pierres avec puissance. C’est Sainte Victoire en majesté.
On entend même les cigales sous les pins en noir et blanc. Puis arrive le feu, la détresse, la destruction et un final plus serein face à une montagne dont la minéralité s’impose dans les tons de bleu. Pour terminer, la légèreté des voiliers sur l’eau sera suivie par un final puissant mais apaisé.
C’est ainsi que l’auteur de ces lignes a reçu, et vécu, ces improvisions de Thierry Escaich sous les voûtes séculaires de cette église Saint-Jean-de-Malte dont la beauté dépouillée incite à la réflexion, voire à la méditation.
Michel EGEA