Publié le 28 octobre 2014 à 23h28 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Peu à peu Marseille se construit un profil de capitale euro-méditerranéenne. Ainsi, la Villa Méditerranée a accueilli ce 28 octobre, la réunion 5+5(*) «Éducation, enseignement et Formation professionnels » après le colloque, voilà peu, sur «le dialogue 5+5 levier au service d’une reconfiguration des relations euro-méditerranéennes » organisé par la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques.
A l’issue de la réunion, les ministres de l’Éducation du 5+5 ont adopté une déclaration prévoyant un plan d’action concret en matière d’enseignement et de formation professionnels en Méditerranée.
Najat Vallaud Belkacem, ministre de l’Éducation national, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche explique : « Pour la première fois, nous travaillons ensemble sur l’enseignement professionnel qui est sous-valorisé alors qu’il ouvre de vrais perspectives d’emplois s’il est revalorisé».
Les pistes sont nombreuses : travailler à l’amélioration de la qualité de la formation et de l’enseignement professionnel ; le développement de l’attractivité de ces formations et enseignements ; la mise en valeur de l’apprentissage tout au long de la vie et la validation des acquis professionnels; la mise en valeur d’une meilleure adéquation entre les formations et les besoins des entreprises, assurance d’une flexibilité entre enseignement professionnel, enseignement général et supérieur. « L’objectif est de procéder à l’élaboration d’unités de compétences professionnelles communes au sein de chaque système national d’enseignement et de formation, visant à amorcer la constitution de blocs de compétences reconnues et validées par tous ».
Rachid Belmokhtar, ministre de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle du Maroc, co-président du 5+5 Éducation, formule le vœu de voir un CV voir le jour reconnu par les 10 pays. Alors que Nuno Crato, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la recherche du Portugal, l’autre co-président du 5+5 Éducation, précise que la logique du 5+5 permet, au-delà des accords entre les 10, de voir deux pays, deux villes, deux écoles, passer des accords entre eux.
La réflexion a porté sur des secteurs professionnels définis comme prioritaires : BTP, maintenance, numérique, tourisme, etc.
Najat Vallaud Belkacem avait avancé, en ouverture de la réunion : «Il s’agit de renforcer le partenariat entre le bassin méditerranéen et l’Union européenne sachant que nos dix pays représentent le noyau dur du dialogue euroméditerranéen. Et la question est d’importance, nous devons donner des réponses aux attentes de nos peuples qui veulent du concret ».
« La constitution de la communauté euroméditerranéenne du savoir et de la formation »
Rachid Belmokhtar ne cache pas ses ambitions pour le futur de l’Euroméditerranée. Il cite, en effet, comme modèle le pacte européen du charbon et de l’acier, prémices de la construction européenne .«Pour nous, le point de départ doit résider dans la constitution de la communauté euroméditerranéenne du savoir et de la formation».
Nuno Crato appuie son intervention sur ce qui se pratique dans son pays : «Au fur et à mesure que le nombre d’années d’éducation obligatoire augmente au Portugal nous développons la formation professionnelle». Puis, de proposer que chacun fasse bénéficier les autres de ses expériences, que la jeunesse puisse étudier dans plusieurs pays. D’insister : «Les métiers évoluent de plus en plus vite, pour prendre en compte cela, il faut offrir une base cognitive de plus en plus importante : développer la connaissance des langues étrangères, les mathématiques et la culture digitale».
«Le vrai défi c’est la jeunesse et notamment les jeunes femmes»
La représentante de l’Union pour la Méditerranée s’inscrit dans la logique de la réunion: «Le vrai défi c’est la jeunesse et notamment les jeunes femmes». L’Union du Maghreb Arabe d’ajouter : «Il faut jeter les bases d’une coopération solide entre les deux composantes du 5+5 et cela dans l’intérêt de tous». Tandis que du côté de l’Union Européenne, on précise : « L’UE sera à vos côtés de façon concrètes et vos expériences pourront enrichir nos actions dans le cadre de la politique européenne de voisinage».
C’est Michel Vauzelle, le président de la Région Provence Alpes Côte d’Azur qui a reçu les ministres : «Je suis heureux de vous accueillir dans cette Villa, dans cette région profondément méditerranéenne par son histoire, sa culture, ses populations. Face à la violence qui augmente, nous avons à trouver les réponses pour garantir la sécurité de nos peuples, pour co-construire ensemble notre avenir et, cela passe par la réduction de la crise sociale qui touche la jeunesse tant au Nord qu’au Sud de la Méditerranée. Un des éléments de la réponse réside dans l’Éducation».
Michel CAIRE
Dialogue 5+5
Le 5+5 est aujourd’hui l’enceinte de dialogue de la Méditerranée occidentale qui regroupe : les cinq pays de l’Union du Maghreb arabe : l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie, la Tunisie ; les cinq pays de l’Union Européenne : l’Espagne, la France, l’Italie, Malte et le Portugal ; l’Union du Maghreb Arabe et la Commission européenne y participent en tant qu’observateurs. Le secrétariat général de l’Union pour la Méditerranée est observateur chargé de la mise en œuvre des décisions prises en 5+5. Le 5+5 est actuellement coprésidé par le Portugal et le Maroc, la France en assurera la coprésidence de 2015 à 2017.