Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur : Agir+ pour le climat

Publié le 4 novembre 2014 à  17h21 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h24

C’est une journée studieuse qui s’est déroulée ce 3 novembre à l’Hôtel de la Région Paca avec le 8e Forum Agir, une initiative mise en place pour présenter les résultats et avancées des actions entreprises. Une manifestation qui au fil du temps est devenu un rendez-vous incontournable des acteurs de l’environnement sur le territoire régional. A l’occasion de cette rencontre, Hervé Le Treut, membre de l’Académie des sciences, directeur de l’Institut Pierre-Simon Laplace, vice-président du Giec (groupe intergouvernemental d’experts sur le climat) et Ronan Dantec, sénateur, porte-parole de l’organisation mondiale des villes et gouvernements locaux unis, ont notamment pris la parole, le premier revenant sur le rapport qui vient d’être rendu sur les conséquences du réchauffement climatique et les pistes pour y remédier, le second sur la nécessité de mobilisation des territoires dans le cadre de la 21e conférence climat en 2015 (Paris Climat 2015).

Annick Delhaye, vice-présidente de la Région, déléguée au développement soutenable, à l'Environnement, à l'Energie et au Climat qui a ouvert le 8e Forum Agir+ pour le climat (Photo Philippe Maillé)
Annick Delhaye, vice-présidente de la Région, déléguée au développement soutenable, à l’Environnement, à l’Energie et au Climat qui a ouvert le 8e Forum Agir+ pour le climat (Photo Philippe Maillé)

C’est Annick Delhaye, vice-présidente de la Région, déléguée au développement soutenable, à l’environnement, à l’énergie et au climat qui ouvre les débats. Elle situe dès ses premiers mots la hauteur à laquelle elle place les enjeux : «La lutte contre le réchauffement climatique doit être pour nous une préoccupation majeure face à l’Histoire». Et de citer le rapport du Giec qui souligne «la responsabilité des gouvernements dans la réponse qu’il est encore temps d’apporter pour éviter les risques les plus grand».

«Les gouvernements doivent agir, le temps joue contre nous»

Elle cite Ban Ki Moon, le secrétaire général de l’ONU selon lequel : «Les gouvernements doivent agir, le temps joue contre nous ». «Notre responsabilité, poursuit-elle, est double. Nous devons d’une part réduire les rejets de gaz à effet de serre et, d’autre part, nous projeter dans l’avenir afin d’adapter nos territoire, nos activités aux conséquences du réchauffement climatique». Puis d’insister sur le rôle que doivent jouer la société civile et les collectivités territoriales «pour convaincre chaque pays de jouer le jeu lors du sommet de Paris, et de prendre des mesures pour lutter contre les gaz à effet de serre».

«Nous devons passer d’une science de l’alerte à une science de la gestion et de la prise de décision»

Hervé Le Treut d’indiquer que pendant 10 000 ans il y a eu stabilité en matière de gaz à effet de serre. «C’est à partir des années 50 que l’on note une modification très forte. Les premières études datent de cette période, elles révèlent que l’on rejette un milliard de tonnes par an de carbone dans l’atmosphère, puis 3 à 4 milliards dans les années 70, en 1992 on en est à 6 à 7 et, 10 milliards aujourd’hui». Un phénomène qui entraîne le réchauffement de la planète, la fonte de la banquise. Le niveau des océans va monter, de 50 centimètres à un mètre d’ici la fin du siècle.
«Il faut savoir, ajoute-t-il, que 4 à 5 degrés de plus ou de moins représente un changement climatique majeur. Face à cela nous avons fait des études pour voir comment ne pas dépasser une augmentation de 2 degrés de la température. On peut le faire en n’utilisant plus d’énergies fossiles d’ici la fin du siècle, un enjeu énorme lorsque l’on sait qu’elles représentent 85% de celles que nous utilisons aujourd’hui».
Puis de juger : «C’est complexe de comprendre les gaz à effet de serre; les questions en débat; les régions représentent un niveau pertinent pour comprendre les enjeux. De plus, on trouve dans les Régions un haut niveau de compétence sur les questions environnementales, climatiques, qu ‘il faut entendre». Et de conclure : «Nous devons passer d’une science de l’alerte à une science de la gestion et de la prise de décision».

«Le problème avec les négociations sur le changement climatique et qu’elles ne se passent pas en dehors du monde»

Ronan Dantec vient de remettre un document, écrit avec Michel Delebarre. Il note: «Le problème avec les négociations sur le changement climatique et qu’elles ne se passent pas en dehors du monde. Or, il n’échappe à personne que le contexte actuel est assez compliqué avec nombre de guerres et se sont les mêmes qui doivent se mettre d’accord pour œuvrer sur le climat ». Autre paramètre avancé : « La question climatique est véritablement le premier sujet international à solidarité obligatoire. Ses effets dépassant naturellement les frontières, quelles qu’elles soient, son traitement se heurte encore aux conflits d’intérêts, aux lobbies économiques, aux frilosités étatiques». Pour faire face à cette situation, Ronan Dantec indique, qu’avant le Sommet de Paris, Ban Ki Moon a organisé une réunion à New York avec les États, il n’en est pas sorti grand chose, comme il l’avait prévu. Il avait aussi invité les villes et gouvernements locaux et un pacte des maires a été signé au niveau mondial.
A ses yeux «Tout le monde devra croire à ce qui se dit au Sommet de Paris et prendre des engagements. Pour qu’il en soit ainsi la responsabilité des territoires est grande. Et il est essentiel que la France soit exemplaire en matière de lutte contre le changement climatique».
Michel CAIRE

L’agenda positif de la Région Provence Alpes Côte d’Azur

Le réchauffement climatique est une réalité qui affecte déjà le territoire de la région. Plus de chaleur, cela signifie notamment une augmentation du niveau de la mer : 12 à 22cm de plus entre 1961 et 2003, certaines communes du littoral des Alpes-Maritimes devant chaque année ré-ensabler leurs plages. Plus de chaleur, c’est également davantage de périodes de canicule ou d’événements extrêmes comme les inondations ou, à l’inverse, la sécheresse, avec toutes les conséquences que cette dernière a sur l’agriculture. Plus de chaleur, c’est également davantage de pollution atmosphérique. Afin de se préparer aux conséquences du réchauffement climatique et de les limiter au maximum la Région a dressé son « Agenda positif » qui se décline en six points principaux:
-Villes et villages engagés : au niveau local, il s’agit d’encourager les initiatives, souvent simples et peu coûteuses, pour promouvoir les économies d’énergies (rénovation des éclairages publics, recours à des moyens de chauffage alternatifs, économie de flux, chasse aux gaspillage etc…), de développer les transports en commun, de créer des économies circulaires, ou encore de développer les énergies renouvelables et l’écotourisme.
-Rénover ou construire autrement. 31% de la consommation énergétique est due aux bâtiments. La Région prend donc en charge la rénovation de ses locaux les plus consommateurs d’énergie, encourage la construction de bâtiments neufs plus économes en énergie et travaille à développer une démarche de sensibilisation des locataires aux écogestes. Avec notamment le programme Rhea, la Région accompagne financièrement les bailleurs sociaux dans leurs opérations de rénovation : 25.000 logements sociaux sur tout le territoire ont été ainsi rénovés, conformément aux normes de basse consommation.
-Se déplacer autrement, limiter la pollution. En Provence Alpes Côte d’Azur, les collectivités locales se mobilisent pour sensibiliser les automobilistes à l’importance d’un usage plus raisonné de la voiture individuelle (co-voiturage, éco-conduite, etc…), tout en promouvant des modes de transports alternatifs, mois polluant (vélo, marche, transports en commun, etc…). La Région soutient les projets de transports collectifs et conduit une politique d’amélioration des réseaux de transports ferroviaires (TER), dont elle a la charge : en 15 ans l’offre de TER a doublé tandis que la fréquentation de ces trains a augmenté de 125%.
-Les énergies renouvelables : les projets de production d’énergie plus respectueuse de l’environnement (éolien, bois, photovoltaïque, hydroélectricité, etc…) se multiplient. La Région aide ces filières à se développer et à se structurer. Par exemple, pour profiter de l’ensoleillement exceptionnel de son territoire, la Région a subventionné en 2013 12 projets d’installations photovoltaïques, qui permettront de produire 1230 Mwh. Quant à l’éolien, l’objectif de 545MW a été fixé pour l’horizon 2020.
-Changer les comportements : la lutte contre le réchauffement climatique passe aussi par les citoyens et par l’évolution de leurs comportements : nouvelles manières de consommer, d’habiter, de se divertir. Depuis 2006 la Région soutient le développement de l’agriculture bio et elle s’est associée en mai 2014 à un appel à projets pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Aujourd’hui, cette filière représente 15,2% des terres cultivées sur le territoire régional. La Région finance également un grand nombre d’éco-festivals et considère le développement du tourisme durable comme une priorité.
-L’économie circulaire, mieux consommation et limiter le gaspillage : l’économie circulaire propose un autre modèle, découplant la croissance économique de l’épuisement des ressources naturelles, en proposant des systèmes innovants aux différentes étapes de la vie d’un produit. Convaincue que la rareté des ressources demande une action, que l’économie circulaire peut-être un levier pour développer le tissu industriel local, qu’elle est créatrice d’emplois et d’emplois non délocalisables, la Région a inscrit l’économie circulaire dans ses dispositifs depuis 2010. Elle soutient des appels à projets, des outils ainsi que des réflexions nouvelles. A la clé : une industrie plus respectueuse de l’environnement, un meilleur traitement des déchets et des créations d’emploi.
-Un document qui présente le double intérêt de montrer que des solutions sont possibles et que la lutte contre les rejets de gaz à effet de serre, ne se réduit pas à des contraintes mais ouvre des opportunités, en terme d’emplois, de qualité de vie…
Destimed

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