Publié le 4 septembre 2013 à 19h26 - Dernière mise à jour le 1 décembre 2022 à 15h48
Notre système d’éducation-formation doit profondément se remettre en cause.
J’ai appris avec beaucoup d’émotion le suicide de M. Pierre Jacque, enseignant au Lycée Antonin-Artaud à Marseille (13ème) et j’ai lu avec attention sa lettre posthume, sans présumer du contexte personnel dans lequel se trouvait Monsieur Jacque.
On y lit un profond attachement au métier d’enseignant, un cri d’alarme sur le niveau des élèves et la responsabilité de l’Éducation nationale, l’inadaptation des programmes par rapport aux besoins du marché du travail, l’injustice des processus d’évaluation, une souffrance vis à vis d’une réforme des filières technologiques vécue comme un coup de massue.
Ce cri d’alarme corrobore la dégringolade de la France dans les classements internationaux sur la qualité de l’éducation depuis dix ans, période où l’éducation et la formation n’étaient plus la priorité des politiques gouvernementales.
Il fait écho aussi à nombreux témoignages d’insatisfaction vis à vis du système d’éducation-formation dans son ensemble, tels qu’ils me sont rapportés dans mes déplacements sur le terrain, par des entreprises, des jeunes ou adultes en formations, dans de nombreux secteurs d’activité.
La lettre évoque aussi l’application d’une réforme à la hussarde et les difficultés, partout en France, d’investir en quelques mois sur du nouveau matériel et des locaux adaptés. L’État devrait pourtant connaître la lourdeur des marchés publics et des procédures budgétaires…
En tant qu’élue, représentant la Région au conseil d’administration du lycée Antonin Artaud, je peux témoigner de l’énergie et de la mobilisation qui furent nécessaire pour livrer, dans des délais réduits, le matériel et les travaux nécessaires. La Région a dû trouver des solutions juridiques et financières permettant d’assurer in extremis la rentrée 2012 en conformité avec ces nouveaux programmes « STI2D ». Aucune concertation n’avait eu lieu sur le contenu de la réforme et sur les moyens nécessaires en investissements. Ce poids du fait accompli, imposé d’en haut, a généré beaucoup de stress et d’incompréhension chez tous les acteurs concernés.
Dans ce domaine de la formation, on évoque souvent une mauvaise répartition des compétences ou une insuffisance des moyens financiers mais nous manquons aussi de capacité à agir ensemble, à entendre les retours du terrain, à donner du sens et de l’efficacité aux politiques publiques.
L’arrivée d’un nouveau Recteur peut être l’occasion de relancer ce dialogue pour améliorer :
1. La cohérence et la qualité des formations initiales et continues (la Région est compétente sur l’apprentissage et la formation professionnelle, l’Etat sur les formations initiales : générales, techniques et professionnelles)… sous peine de voir prospérer des formations privées inaccessibles au plus grand nombre ;
2. L’anticipation des besoins en formations et des investissements nécessaires, souvent à la charge des collectivités locales ;
3. La concertation entre le monde économique et la carte des formations professionnelles, pour rénover et réhabiliter les filières technologiques, alors que nous manquons de bons techniciens dans notre Région.
La responsabilité de ce chantier de redressement de notre système éducatif nous concerne tous.
En hommage à M. Jacque, en signe de solidarité émue et sincère pour ses proches, ses collègues et élèves, je serai présente, avec Jean-Marc Coppola, Vice-Président aux Lycées, auprès de la communauté scolaire du Lycée Antonin-Artaud ce jeudi 5 septembre.