Publié le 15 novembre 2014 à 14h42 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
On savait que le photographe luttait contre un cancer. Las la maladie a été plus forte et Lucien Clergue s’est éteint dans la nuit de vendredi à samedi à l’âge de 80 ans. Il était né à Arles le 14 août 1934. Alors nombreux sont ceux qui vont se pencher sur la carrière de l’artiste, sur chacun des clichés qui ont fait sa réputation. Laissons ces exégètes faire leur travail et recommandons encore plus à ceux qui ne connaissent pas son œuvre d’aller visiter le musée Réattu qui, pendant quelques semaines encore, expose «Les Clergue d’Arles» et «De Clergue à Picasso». Le plus bel hommage que l’on puisse rendre à ce photographe, entré de son vivant au Panthéon du 8e art, sans aucun doute, d’aller apprécier son travail dans sa ville natale. Que dire de Clergue et de sa vie ? D’abord que sa complicité avec Picasso a été la fondation principale de sa carrière et de son œuvre. Les deux hommes se sont rencontrés en 1953 et ont vécu leurs carrières respectives de façon intense, avec des points de rencontre réguliers. Là aussi, l’exposition accrochée à Réattu est édifiante pour comprendre cette complicité. On y découvre, entre autres, ce superbe portrait de Picasso qui a fait le tour du monde. La vie de Lucien Clergue a été émaillée de rencontres ; Picasso, certes, mais aussi Jean-Marie Magnan, Cocteau, Saint-John Perse, Ansel Adams… Des personnalités, la liste est loin d’être exhaustive, auprès desquelles Clergue s’enrichit tout en enrichissant les autres.
En 1969, il crée les «Rencontres Internationales de la photographie» à Arles avec Jean-Maurice Rouquette et Michel Tournier. Il va enchaîner entre séances de prises de vues, enseignements, diplômes, honneurs et médailles, jusqu’à être élu, en 2006, à l’Académie des beaux-arts où il fait entrer le 8e art, une épée d’académicien signée Christian Lacroix, sur le côté, le 10 octobre 2007. Sur la lame est gravée une maxime inspirée de Joseph Delteil : «Aujourd’hui l’œil est le prince du monde»… Le prince et ses yeux sont partis dans les étoiles. Peut-être pour y rencontrer un autre petit prince, celui de Saint-Ex, afin de deviser avec lui sur le sable, le renard, les moutons…
Michel EGEA