Publié le 15 novembre 2014 à 19h35 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h25
A l’occasion du centenaire de la Grande Guerre, le Musée d’Histoire de Marseille aborde un sujet peu connu en France, celui du Front d’Orient. Une grande exposition à découvrir jusqu’au 17 mai 2015.
Des soldats transis, les « poilus », amaigris, recroquevillés, de la boue jusqu’aux yeux, embusqués dans les tranchées de Verdun. L’histoire a retenu cette image-là, elle imprègne la mémoire collective à tel point qu’elle est devenue le triste visage de la boucherie de la Première Guerre Mondiale, 1914-1918. Le Musée d’Histoire de Marseille évoque un aspect moins connu et pourtant essentiel, tant en enjeu militaire qu’en nombre d’hommes engagés celui du Front d’Orient.
La rencontre de l’Orient
Des centaines de milliers d’hommes issus d’une quinzaine de pays ont combattu dans les Dardanelles à partir de février-mars 1915 jusqu’en janvier 1916, puis dans les Balkans en octobre 1915 et en Crimée, en Ukraine et en Hongrie bien au-delà de l’armistice de 1918.
Construite en cinq séquences, l’exposition donne à comprendre le contexte du conflit, des prémices de la guerre aux opérations militaires maritimes et terrestres jusqu’à la recomposition géopolitique de l’Europe au sortir de la guerre jusqu’à nos jours.
Grâce à plus de trois cents objets, affiches, photographies, cartes et des dispositifs multimédias, cette exposition invite à suivre les traces de ces soldats embarqués à Marseille. Découvrant l’Orient, ils sont confrontés à des conditions de vie difficiles, soumis à des épidémies, dans des zones de combat montagneuses. Marseille a joué un rôle central comme port principal d’un des principaux acteurs du conflit, la France et comme lieu d’arrivée de nombreuses populations fuyant la répression en particulier les Arméniens, rescapés du génocide commis par l’Empire ottoman. L’exposition évoque le conflit vu d’en haut (géostratégie, politique, opérations militaires) et vu d’en bas (les conditions de guerre, la vie quotidienne du soldat, des populations civiles, les rencontres). Elle permet de suivre le parcours d’un photographe marseillais, Fernand Detaille, qui a couvert le conflit du Front d’Orient de la bataille des Dardanelles jusqu’à l’armistice. Le regard de ce photographe est le fil rouge de cette exposition. Son parcours photographique a été publié dans l’ouvrage intitulé «l’Armée d’Orient». L’embarquement des troupes à Marseille est le point de départ du récit de l’exposition, et son point d’arrivée est celui des cérémonies du souvenir devant le Monument aux armées d’Orient installé sur la Corniche de Marseille. Le récit de ces épisodes de la Grande Guerre est incarné par des documents et objets (artisanat de tranchée, dessins, correspondances, photographies, souvenirs …) témoignant d’itinéraires de soldats engagés sur le Front d’Orient. Différents points de vue sont présents à travers notamment des affiches et des films dans cette exposition qui s’adresse autant aux adultes qu’aux enfants. L’objectif est de présenter des faits historiques, des hommes et des femmes en donnant des repères dans l’espace (cartes) et dans le temps (chronologie) et des clés de compréhension.
Les cinq thèmes de l’exposition sont :
-Les prémices de la Première Guerre Mondiale en Méditerranée orientale
-Un nouveau front
-La Rencontre de l’Orient
-Le retour du Front d’Orient : les soldats oubliés
-L’héritage européen
-Une « Escale de l’Histoire» destiné aux jeunes publics, est consacrée à la géographie politique de cette région. Sous forme d’un jeu, au début et à la fin de l’exposition, les jeunes visiteurs appréhendent les anciens et nouveaux pays avant et après la Première Guerre Mondiale.
Un nouveau front
L’ouverture de ce front, loin de la Marne, de la Belgique et de la Somme doit permettre d’accélérer la victoire des Alliés et d’éviter une rupture des communications entre Russes, Français et Anglais. En 1915, une flotte franco-anglaise tente de forcer le détroit des Dardanelles tenu par les Turcs, alliés des Allemands. C’est un revers pour les Anglais et Français dans l’une des rares batailles navales de la 1ère Guerre mondiale. Une nouvelle tentative, précédée d’un débarquement terrestre, à Gallipoli, de troupes françaises et issues du Commonwealth, composées d’Anglais, d’Australiens et de Néo- zélandais, notamment, se solde par un nouvel échec face à la résistance acharnée des Turcs. De grandes figures entame ici leur entrée dans l’Histoire tels Winston Churchill, Lord de l’Amirauté qui soutient cette intervention navale et terrestre, ainsi que Mustapha Kemal Ataturk, officier artilleur turc, qui sera le futur président de la République de Turquie. Afin de venir en aide aux alliés serbes dont le pays est envahi par les Austro-Hongrois, Allemands et Bulgares, un contingent allié, composé essentiellement de Français, d’Anglais, d’Italiens et de Serbes débarque à Salonique en Grèce. A l’instar du front occidental, un guerre de tranchées dans les montagnes de Macédoine va stabiliser le conflit dans cette zone, avec de nombreuses exactions sur les populations civiles, jusqu’à ce que les troupes alliées mettent en déroute les troupes bulgares en septembre 1918. Cette avancée vers le nord des Balkans puis vers l’Autriche-Hongrie va être décisive dans la signature de l’armistice du 11 novembre 1918 et de la victoire finale de l’Entente.
Des troupes stationnent à Constantinople jusqu’en 1923 et l’armée française tente d’endiguer l’avancée des troupes russes bolchéviques et des mutineries dans ses rangs, animées par des idéaux communistes et le désir de rentrer en France. Le conflit d’Orient aura pour conséquence la disparition de trois empires, l’Empire ottoman, l’Autriche-Hongrie et la Russie et la recomposition géopolitique de cette région.
Musée d’Histoire de Marseille 2, rue Henri-Barbusse. 13001 Marseille. Tél. : 04 91 55 36 00. Ouvert tous les jours sauf le lundi De 10 heures à 18 heures. Plein tarif : 5 euros, demi-tarif : 3 euros. Pass Musées de Marseille, réduction et gratuité : conditions disponibles à l’accueil.
Visites commentées, vendredi à 12h30, samedi à 15h, dimanche à 10h (durée : 1h)