Publié le 8 novembre 2013 à 22h52 - Dernière mise à jour le 1 décembre 2022 à 15h46
Il y a un an, le 6 septembre 2012, j’annonçais un plan d’actions pour l’agglomération d’Aix Marseille. Il fallait réagir face à la recrudescence de la délinquance et à la montée de la criminalité à Marseille. Il fallait mettre en place des solutions d’urgence face au décrochage de l’agglomération dans ses domaines les plus vitaux : les transports, le logement, l’emploi, la santé.
J’ai pris un engagement et vous en aviez été témoins : celui d’assurer le retour de la République. La République, c’est-à-dire d’abord l’ordre public, la sécurité des citoyens, la présence des services publics dans tous les quartiers, l’égalité entre les habitants et entre les territoires. Il fallait donner le signal de la reconquête du territoire métropolitain par la puissance publique. C’est la mission que j’avais assigné aux membres du gouvernement et aux responsables locaux de l’État. Et depuis lors je tiens à saluer le travail acharné qui a été accompli par chacun d’entre eux.
Permettez-moi à cette occasion de saluer les ministres qui sont ici aujourd’hui, Marylise Lebranchu, qui est revenue depuis le 6 septembre 2012 au moins 12 fois à Marseille pour parler avec tous les acteurs, François Lamy qui est venu lui aussi très souvent, Marie-Arlette Carlotti, mais qui est là encore plus souvent et Frédéric Cuvillier, le ministre des Transports, Geneviève Fioraso qui nous rejoindra cet après-midi. Je salue aussi ceux qui n’ont pas pu venir aujourd’hui mais qui sont souvent venus, parfois seul, parfois ensemble, parfois avec moi, et je voudrais citer Manuel Valls, Christiane Taubira et Vincent Peillon. Tous se sont mobilisés comme nous l’avions décidé depuis un an et ont permis de faire avancer les différents problèmes et de tenir les engagements qui avaient été pris.
L’État en effet a tenu parole, l’État a répondu présent et son action s’est déployée dans tous les domaines.
Nous avons donné les moyens à la force publique de s’attaquer aux réseaux criminels et aux trafiquants, deux zones de sécurité prioritaires ont été créées, couvrant 500 000 habitants. 407 postes de policiers et de gendarmes supplémentaires ont été affectés pour la police judiciaire et pour la sécurité publique dans les quartiers mais aussi autour du port. Un préfet de police a été nommé avec pleine autorité sur l’ensemble des forces de sécurité, il n’y a que deux préfets de police de plein exercice en France à Paris et désormais à Marseille.
Ce déploiement doit s’intensifier. Il doit s’intensifier et je vous annonce aujourd’hui que 80 personnels supplémentaires viendront dès le début de l’année 2014. Au total, en un an et demi, nous aurons recréé les postes de policiers et de gendarmes supprimés par le précédent gouvernement. Nous serons même allés au-delà et c’était nécessaire, parce que c’est une politique globale, implacable de lutte contre la délinquance qui a été mise en place tant en matière de prévention, de sanctions pénales ou encore d’encadrement des mineurs délinquants.
Ces moyens considérables commencent à produire leurs effets, c’est un fait nouveau mais il est incontestable que les données de délinquance dont nous disposons ont montré que nous avons commencé à baisser la délinquance depuis le début de l’année 2013. C’est un travail de longue haleine, c’est pour cela que je dis qu’il faut persévérer. Mais si on regarde les chiffres, il y a 2 000 vols avec violence en moins, 500 cambriolages de moins, trois fois moins d’homicides ou de tentatives d’homicides. Mais vous me direz il suffit d’un, c’est encore trop et je partage évidemment ce sentiment. Je partage aussi l’exaspération de la population à chaque fois qu’un drame se produit.
Mais les faits sont là, pour la première fois une baisse de la délinquance est aujourd’hui amorcée et il ne faut pas relâcher l’effort. Et je remercie les différentes collectivités locales, les communes et ce n’est pas qu’à Marseille, même si Marseille a une part principale, que ce soit en termes de vidéo surveillance, de police municipale parce que les maires sont au cœur de la politique de sécurité. L’État est le garant, l’État doit affirmer son autorité partout, dans tous les territoires. Et quand des biens publics sont détruits, il faut réaffirmer que ce n’est pas acceptable, que la violence n’est pas une solution, y compris quand on exprime une revendication, même si elle est légitime.
Et en même temps je sais que pour la vie quotidienne des habitants, celui qui est l’interlocuteur, c’est le maire, quelle que soit la taille de la commune et le maire, il ne peut pas remplacer l’État pour la sécurité, mais il peut être médiateur, il peut lui même mobiliser ses services, il peut le faire avec les services sociaux, les services de prévention, sa police municipale agir, et vous le faites, et je voulais vous en remercier.
C’est une construction commune que nous devons poursuivre et ce qui vaut pour la sécurité vaut également pour l’accès aux services publics. 2013 marquera un tournant, les services publics réinvestissent les quartiers jusqu’ici abandonnés par la puissance publique.
Je pense à l’accompagnement scolaire, je pense à la pré-scolarisation, à la lutte contre le décrochage, je pense aux emplois d’avenir, aux 600 emplois francs, je pense aux 300 millions d’euros de subventions de l’ANRU pour la rénovation urbaine.
Cette action a été engagée avec vigueur et elle va s’intensifier encore dans les mois qui viennent car la France a besoin de Marseille.
Je l’ai dit et je le redis ici, quand je dis Marseille, c’est bien sûr la commune de Marseille, mais c’est tout un territoire, celui d’Aix Provence. Marseille, c’est un symbole, un symbole de la vitalité de notre pays pour ceux qui disent le contraire, je le redis, le symbole de la jeunesse, le symbole de l’ouverture sur le monde. Voyez le succès de Marseille Provence 2013 Capitale européenne de la culture, que je suis venu ouvrir et qui ensuite a été complété par la visite du président de la République inaugurant le Mucem.
Vous pouvez être fiers de ce que vous avez fait ensemble, oui je le dis, à Marseille et dans les autres communes, un million et demi de visiteurs, un million de visiteurs pour le Mucem depuis son ouverture en juin dernier, des centaines de milliers de personnes qui participent, qui partagent quelque chose.
Beaucoup de Français, qui malheureusement ne retenaient que certaines images de violence, ont découvert que Marseille était une ville magnifique, que Marseille était capable d’inventions, d’innovations et qu’elle était capable aussi de rayonner en Europe et dans le monde. Alors oui je le dis : Marseille a sa place et son rôle à jouer en France et en Europe et c’est la raison pour laquelle je dis la France a besoin de Marseille, de son dynamisme, de son esprit d’entreprendre. Et oui notre ambition est bien de lui donner les moyens d’une influence nationale et internationale.
« Marseille porte du Sud », c’est ce que titrait le grand reporter Albert Londres dont vous connaissez la qualité des articles. Il écrivait cela, il y a bien longtemps, c’était en 1926. La formule a alors marqué les esprits. Mais aujourd’hui il faut lui donner une autre dimension parce que le monde a changé. L’Europe s’est construite. La Méditerranée est un espace commun et se réveille. Marseille, capitale du Sud doit devenir la porte méditerranéenne de l’Europe. Voilà notre ambition. C’est l’intérêt de la France, mais c’est aussi l’intérêt des habitants de cette région.
Cette agglomération a des ressources immenses, d’abord par sa situation, sa jeunesse, sa diversité et son ouverture. Elle a les moyens de devenir en 15 ans la grande métropole euro-méditerranéenne. Elle a les moyens de devenir un territoire attractif pour les activités économiques, industrielles et de services, à condition que nous sachions mobiliser tous les territoires de la métropole. C’est déjà en partie le cas, et grâce à vos efforts, de nombreux secteurs se développent, des nouvelles technologies, la recherche, les industries culturelles. Mais il faudrait aller encore beaucoup plus loin.
Voir plus loin et voir plus grand. Voilà l’enjeu. Et ne pas se laisser arrêter par les blocages lancinants qui depuis trop longtemps empêchent cette métropole de montrer sa vraie dimension, son vrai visage, sa vraie réalité.
Les habitants veulent pouvoir circuler au quotidien pour accéder à leur travail, à leur formation, à leur loisir ? Mais comment construire un réseau puissant, cohérent et fluide quand dix autorités de transports cohabitent sur un territoire divisé en six intercommunalités distinctes ?
Aix, Marseille-Provence a besoin aussi de quartiers rénovés, a besoin de logements accessibles à tous les revenus. Mais comment y arriver quand deux tiers des crédits mis à disposition par l’État ne sont pas consommés ? Comment expliquer à la population que 210 millions d’euros de crédits de rénovation urbaine attendent toujours d’être utilisés ?
Cette situation, je le dis franchement n’est pas acceptable pour les habitants qui veulent du changement, mais elle est aussi emblématique de certains blocages institutionnels, de certaines lourdeurs qui entravent l’action publique et qui ralentissent ses projets et qui mettent en cause sa crédibilité.
Aujourd’hui notre responsabilité est d’ouvrir les yeux sur la frustration qui monte face aux retards accumulés et aux inégalités qui se sont creusés, notre responsabilité est de dire qu’une situation exceptionnelle exige des moyens exceptionnels et que les sujets métropolitains doivent être traités au niveau métropolitain. Je salue encore une fois l’action des maires et des élus qui font un travail exceptionnel sur leur territoire. Quand ils en parlent, ils en parlent avec passion. Je comprends cela moi qui ait été maire pendant 35 ans, dont 23 ans à la tête de la ville de Nantes.
« Quand on est maire, comme le disait François Mitterrand lors de son dernier passage au congrès de l’association des maires en tant que président de la République, il faut aimer les gens ». Et c’est vrai : qu’on soit maire d’un village ou maire d’une grande ville. Je connais cette passion, cette envie de réussir. Mais le moment est venu de se rassembler. Les défis qui vous attendent sont immenses et ils dépassent de très loin les capacités d’actions de chaque collectivité.
La métropole d’Aix Marseille Provence existe d’ailleurs déjà dans la réalité des habitants, dans leur vie quotidienne, quand ils se déplacent, ou qu’ils se croisent, qu’ils vivent ensemble, ils n’ont pas toujours en tête la frontière qui les sépare. Cette métropole existe déjà dans les esprits et dans les têtes. Ce qui lui manque, ce sont les outils institutionnels et démocratiques qui permettraient de forcer les verrous qui entravent l’action des responsables publics.
C’est le sens du projet de loi d’affirmation des métropoles qui est actuellement examiné par le Parlement. Je crois à la capacité de toutes nos grandes aires urbaines à tirer vers le haut la croissance du pays, à créer des richesses, mais aussi à diffuser le développement autour d’elles au profit des communes, au profit des quartiers, même les plus petits. Cette dimension métropolitaine n’a de sens que si elle porte à la fois une ambition mais aussi des valeurs de solidarité.
C’est une nouvelle page de l’histoire urbaine de la France que nous devons écrire ensemble. C’est un changement considérable pour les dirigeants que nous sommes. Beaucoup de communes de France gardent encore en mémoire l’image des maires bâtisseurs de la reconstruction, ceux qui après la guerre ont surmonté la pénurie de logements, géré l’expansion économique et développé les services publics pour les habitants, construit des écoles, des équipements sportifs. Il est facile aujourd’hui de critiquer la manière dont ils ont décidé à l’époque, moi je ne le ferai pas.
Nous sommes dans une nouvelle étape, non pas pour critiquer le passé mais pour construire l’avenir. Je pense bien sûr ici à Marseille à Gaston Defferre, mais je pense aussi à tous les élus de sa génération, à tous ces maires bâtisseurs. Je vous disais : j’ai été 23 ans maire de Nantes, et je me souviens que cette ville avait été profondément blessée par les bombardements de la seconde guerre mondiale, et que pendant des années et des années jusqu’aux années 60, il y avait encore des logements de transit pour les populations. Et que le défi de ceux qui dirigeaient la ville, quelle que soit leur sensibilité politique, mais c’était vrai aussi dans d’autres territoires, c’était de reconstruire des logements, de faire des cités, des logements de qualité. C’était aussi de faire des investissements dans les services de l’eau, de l’assainissement.
Aujourd’hui notre conception de l’avenir des villes n’est plus la même, mais leur œuvre a marqué leur temps, et notre génération doit savoir s’inscrire dans cette histoire pour relever les nouveaux défis de notre époque. Je pense aux mutations sociales, je pense aux mutations économiques, je pense évidemment au défi du développement durable, de la transition énergétique, je pense aussi aux nouvelles technologies et, en particulier, le bouleversement que le numérique apporte partout ; et aussi je pense aux nouvelles formes d’organisation des citoyens en associations, dans des secteurs de la guerre économique, l’économie sociale et solidaire, les circuits courts mais aussi la création d’entreprises petites ou moyennes.
C’est cela la réalité d’aujourd’hui, elle est nouvelle et donc il faut la prendre en compte. C’est pourquoi la métropole a besoin d’une vision d’avenir, elle a besoin d’une ambition de long terme, d’une vision commune qui donne envie aux habitants de s’investir dans l’amélioration de leur cadre de vie. L’État doit y aider, c’est son rôle, c’est son devoir pour faire émerger des projets de développement et de les discuter avec les habitants et les élus bien sûr.
Cette ambition, nous devons la construire collectivement dans ce cadre du projet métropolitain. J’adhère aux conclusions d’ailleurs de la première conférence métropolitaine de décembre 2012. J’ai été impressionné par la force des contributions de ceux qui ont participé, plus de 2.000 personnes ont déjà répondu présent. C’est dire l’attente forte de toute la métropole ! Et je salue à cette occasion le travail du préfet Cadot et du préfet Thery ainsi que la mission interministérielle pour la métropole.
Cette démarche que nous engageons est une démarche fondatrice. Son but est de faire converger les projets locaux et nationaux dans une vision cohérente, car c’est de cette cohérence que viendra le succès. C’est pourquoi il faut tout miser sur le dialogue, sur le partenariat, mobiliser tout le monde autour d’une vision partagée de ce que sera Aix-Marseille-Provence dans 15 ans.
Cette démarche fondatrice, nous devons la conduire ensemble. Nous disposons de temps pour cela, il n’y a pas à se précipiter pour faire des erreurs, puisque la métropole ne sera créée qu’au 1er janvier 2016. C’est la précaution que le gouvernement et le législateur ont décidé de prendre.
Je veux confirmer devant vous ce que j’ai indiqué à la délégation des maires que je recevais mercredi à Matignon. Et je l’ai redit ce matin au petit déjeuner que nous avons partagé ensemble. A savoir, ma conviction que rien ne se fera de durable ni d’efficace sans les maires, j’ai dit pourquoi tout à l’heure. Les maires m’ont fait part de leur volonté, je dirai même de leur exigence légitime d’être pleinement associés à cette démarche. C’est une préoccupation que je partage totalement.
Je vais donc confirmer que j’allais – avec Marylise Lebranchu – modifier de manière concertée le décret qui a créé la mission de préfiguration. J’entends en effet modifier la composition du Conseil des élus pour y intégrer les représentants des maires, et instituer également un Conseil territorial de projet composé de manière paritaire entre les maires et les représentants de l’État . Je ferai une proposition de rédaction et nous nous mettrons d’accord. Parce que le temps du dialogue – et nous avons le temps – n’est pas un temps perdu, il permet à chacun de mieux s’approprier les enjeux communs, et à mes yeux c’est une condition de réussite car l’enjeu – je le disais à l’instant – est de taille : construire à l’horizon de 15 ans la grande Métropole euroméditerranéenne.
Alors 15 ans ça peut paraître long, d’autres trouvent que c’est court à l’échelle d’une agglomération et à l’échelle d’une vie humaine. Mais c’est le temps nécessaire pour qu’un enfant qui entre à l’école maternelle obtienne son bac. Autant dire que c’est déjà demain !
15 ans c’est assez pour mettre en œuvre notre ambition qui est de faire d’Aix-Marseille-Provence un symbole de la réconciliation des territoires, une métropole moderne à la pointe du développement durable et la porte méditerranéenne de l’Europe.
Mais je le dis avec force : nous ne parviendrons pas à atteindre ce triple objectif si une partie de la population continue de se sentir abandonnée. Il n’y a pas d’avenir sans réduction de la fracture territoriale. C’est la principale difficulté que nous avons à gérer : il nous faut en même temps préparer l’avenir de la métropole et améliorer le quotidien de ces habitants. Bâtir un projet métropolitain tout en répondant à l’urgence.
Et l’urgence, ici c’est d’abord la rénovation des quartiers défavorisés. Ils sont pour l’essentiel à Marseille, mais il en existe dans d’autres communes et ils devront aussi être pris en compte. 70% des crédits de rénovation urbaine, malheureusement 210 millions – ce n’est pas une petite somme – ne sont toujours pas engagés. Il faut donc accélérer les procédures, mobiliser les différents acteurs pour utiliser ces ressources budgétaires pour que le cadre de vie change vraiment.
Le nouveau plan national de rénovation urbaine requalifiera en priorité les quartiers non traités à ce jour comme la Castellane et Air-Bel. Des opérations immédiates viendront améliorer les équipements publics et le cadre de vie du quotidien, 5 millions par an y seront alloués dès 2014. L’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité augmentera également son effort avec 2 millions d’euros supplémentaires en 2014 pour la vie dans les quartiers. Ils s’ajouteront à l’augmentation de 1 million décidée en 2013.
3,5 millions euros supplémentaires seront mobilisés par l’État pour l’accès à la santé et aux soins. Des consultations médicales seront mises en place dans une quinzaine de centres sociaux. Quatre centres de santé seront créés, dont un à vocation universitaire, pour renforcer la présence des professionnels de santé dans les quartiers.
La Caisse Nationale d’Allocations Familiales a décidé de s’engager aux côtés de l’État, elle aussi, en mobilisant 3,8 millions euros. 1 000 places de crèche conventionnées pourront être créées. 1500 familles seront aidées au soutien scolaire. 500 modules de qualification BAFA seront ouverts aux jeunes des quartiers. Les postes de responsables d’accueil de jeunesse dans les centres sociaux seront pérennisés. Merci à François Lamy et à Valérie Fourneyron d’avoir préparé ce dossier.
L’emploi restera évidemment au cœur de nos préoccupations. L’État y consacre déjà des moyens très importants, que ce soit par la Garantie jeune, qui concerne 1700 jeunes totalement éloignés de l’emploi, qu’il ne faut pas laisser galérer dans les quartiers. Je pense aussi aux emplois francs, et aux emplois d’avenir. L’État finance 75% de leur rémunération pour le secteur non-marchand. Aux 1500 d’emplois d’avenir prévus initialement, 500 supplémentaires ont été ajoutés. Tous les employeurs doivent s’en saisir, et encore une fois je dis ce n’est pas limité à la ville de Marseille, tous les employeurs potentiels, publics ou associatifs, ou même privés, doivent s’en saisir, car ces emplois changent la vie des jeunes.
Il y a 1 an à peu près, j’avais reçu à Matignon les premiers candidats aux emplois d’avenir, parmi eux il y avait un jeune, d’ici, le jeune Hamza Ouertani. Il est devenu emploi d’avenir, formé, intégré, à l’hôpital de Marseille, il est devenu brancardier, et pour faire le point avec ces jeunes, 1 an après, pour savoir ce qu’ils étaient devenus, je les ai reçus avec Michel Sapin à Matignon. J’ai été touché par ce qu’il m’a dit, après une première année : il était fier, et il était fier aussi de venir dans son quartier. Ses camarades, ses amis, lui disaient « mais qu’est-ce qui t’es arrivé ? Tu as changé. » Il leur a expliqué : « faites comme moi. Allez à la Mission locale. Je ne sais pas si vous trouverez forcément quelque chose, mais ne vous laissez pas décourager. » Moi je le dis, je le dis aux jeunes, je le dis à leurs parents, mais je le dis aussi aux élus, aux responsables, tous ceux qui peuvent faire bouger les lignes, y compris les chefs d’entreprises : tendez la main, même si vous avez le sentiment que ces jeunes ont laissé tomber. Il faut leur donner leur chance.
Cela nécessite une vraie mobilisation, et c’est l’ensemble du service public de l’emploi qui doit aussi se mobiliser. La présence à mes côtés aujourd’hui du directeur général de Pôle Emploi, Jean Basseres, en atteste. Pôle Emploi va être renforcé ici avec 53 postes, et notamment de nouvelles permanences au plus près de la réalité des quartiers, en utilisant les centres sociaux comme permanences. 18 nouveaux postes seront créés pour la Mission locale. Il faut renforcer la Mission locale. Enfin, de nombreuses mesures sont prévues pour faciliter l’accès à l’emploi, on a parlé du PLI ce matin, on a parlé aussi de crédit pour une deuxième école de la deuxième chance, je m’y suis engagé. Et puis je pense aussi à ce qu’on peut faire pour le financement par Pôle Emploi de 2000 cartes transport, qui seront débloquées.
Là il faut bouger, il faut redonner un avenir à cette jeunesse et tous les moyens doivent être mobilisés pour les accompagner.
Cela concerne aussi la scolarisation des tout petits, il y a eu des efforts de faits, dans les communes, et notamment à Marseille, mais nous voulons aller plus loin avec la création de 8 nouvelles classes en petite section, dont 5 dans les quartiers Nord. Cela concerne les plus grands avec la volonté de lancer un programme ambitieux d’internat éducatif, avec le projet de Cité de la jeunesse, ou encore avec le service civique, où 2 millions seront mobilisés pour porter à 500 le nombre de ces volontaires marseillais. Des volontaires d’un nouveau genre, qui se verront confier des missions à la hauteur de leur envie et de s’investir au service du bien collectif.
Cela concerne le sport aussi. Nous allons lancer un plan d’urgence pour les clubs et les équipements de quartiers. Le sport est une école de l’estime de soi et du respect des règles. Il faut le soutenir, et l’État apportera dès 2014 un financement exceptionnel de 1,4 million d’euros pour les activités sportives et l’accès aux équipements. Ces fonds pourront bénéficier à des équipements comme aux piscines, notamment des quartiers Nord. Tous ces efforts en faveur des quartiers seront nécessaires pour prouver la crédibilité de la candidature de la métropole comme capitale européenne des sports, candidature qui recevra le soutien de l’État.
Je ne citerai pas toutes les actions qui seront engagées à partir d’aujourd’hui. Il y en a tellement… Leur but c’est d’enrayer les inégalités qui se creusent aux dépens des populations les plus fragiles. On a parlé ce matin du Plan pauvreté de l’État, que je l’ai lancé il y a quelques mois avec Marie-Arlette Carlotti, et on m’a demandé où on en était. Je vais voir avec Marie-Arlette Carlotti pour que la mission confiée à François Chereque se déplace ici, sur le terrain, pour faire le point avec vous, mesdames et messieurs les élus, Monsieur le président du Conseil Général. C’est le point que vous avez soulevé, mais aussi avec les maires.
Nous devons réconcilier la ville, et pour cela nous avons un effort considérable à faire en matière de transports, parce que c’est un des leviers les plus puissants de transformation urbaine qui soit. Lier les quartiers, les désenclaver, c’est rendre la ville accessible à tous, c’est élargir l’horizon des habitants.
Voilà notre deuxième défi : investir dans les transports, notamment ceux du quotidien, faciliter la vie des habitants en facilitant leurs déplacements, cela suppose de s’attaquer en priorité à la question du système ferroviaire.
Le système est aujourd’hui verrouillé. La gare Saint-Charles, même refaite, reste un cul-de-sac qui bloque l’émergence d’un véritable réseau ferroviaire métropolitain, or les habitants en ont besoin pour faire le choix du train dans leurs déplacements quotidiens. C’est pourquoi j’ai fixé comme priorité, à la suite du rapport de la commission Mobilité 21, de réaliser une gare souterraine, traversante, à Saint-Charles, ce qui mobilisera 2,5 milliards d’euros d’investissement.
Cette gare souterraine permettra de faire voyager 20 millions de passagers par an, soit deux tiers de plus qu’aujourd’hui, dans des conditions optimales de régularité et de confort, des études vont s’engager immédiatement, en vue d’une déclaration d’utilité publique dans les 4 ans, donc il y a énormément de travail à faire, d’ici la fin du quinquennat.
Mais sans attendre cette échéance, sans attendre, il faut mettre en œuvre dès à présent des investissements de désaturation de la gare actuelle, pour accompagner la croissance des trafics. Le prochain contrat de Plan, Monsieur le président du Conseil Régional, que je souhaite négocier avec vous, mais vous associerez, je le sais, les autres collectivités, pourra le prévoir, avec 100 millions, davantage si c’est nécessaire.
Le deuxième dossier majeur, pour les transports, c’est la liaison Aix-Marseille. Aix-Marseille a besoin d’un axe ferroviaire structurant, à la hauteur des ambitions de la métropole et de la vie quotidienne des habitants. Il y a peu, cette ligne reliant ces deux pôles majeurs de la métropole était une voie unique non électrifiée, des investissements ont été réalisés pour doubler partiellement cette ligne, afin de porter l’offre à 3 trains par heure, et améliorer le temps de parcours, nous devons aller plus loin et augmenter l’offre d’un tiers, soit 4 TER par heure, là encore le Contrat de plan prévoira de doubler la voie unique sur la moitié du parcours entre Aix et Marseille, ce doublement de l’offre que nous devons préparer, c’est-à-dire 6 TER par heure, dès la mise en service de la gare souterraine à Saint-Charles. Nous avons peu de temps pour y parvenir. Si on ne démarre pas tout de suite les études, on prendra du retard, donc j’insiste vraiment pour démarrer tout de suite.
Enfin il y a un troisième projet sur lequel j’estime que nous devons désormais accélérer, c’est celui de la liaison entre les autres pôles de l’agglomération et aussi entre les quartiers Nord et Sud de Marseille. D’ores et déjà la ligne 2 est en marche, l’appel d’offre a été attribué le 8 octobre, la L2, après 20 ans d’hésitations, de tergiversations, il nous revient d’achever ce projet qui donnera à Marseille un nouveau visage, en décongestionnant le centre-ville, en fluidifiant les déplacements entre les différents pôles, et aussi en en profitant pour requalifier les zones traversées, ça change la vision de la ville et le vécu des habitants.
Au-delà, il y a un troisième appel national à projet TCSP, que le gouvernement a lancé et qui se conclura à la fin de cette année. Un effort particulier sera réalisé pour les projets de la métropole d’Aix-Marseille, afin de rattraper son retard. Une contribution exceptionnelle de l’État à hauteur de 60 millions d’euros est réservée de manière exceptionnelle au sein de l’enveloppe nationale, soit plus de 10% de celle-ci, je le précise, en particulier le prolongement de la ligne 3 du tramway ainsi que l’aménagement de la station de métro Saint-Charles, qui sont à mes yeux des projets prioritaires.
J’annonce également que l’État soutiendra la prolongation du métro depuis la station « Capitaine Gèze » jusqu’à « Hôpital Nord » et de « Sainte Marguerite » vers « Saint Loup. » Il revient aux collectivités locales, là encore, de se mobiliser pour faire aboutir ce projet, mais il est, ça a été dit aussi tout à l’heure, incroyable de constater que nous n’avons toujours pas d’étude. C’est pourquoi j’ai décidé, et je vous l’annonce aujourd’hui, que l’État va engager une participation aux études de ce projet immédiatement. Et puis un projet essentiel pour la future métropole c’est le transport automatique entre la gare de Vitrolles et l’aéroport de Marignane.
Voilà quelques exemples, mais qui sont très forts. J’examinerai aussi, bien sûr, les autres dossiers, concernant l’ensemble des pôles de l’agglomération. Autant de projets qui vont désormais se débloquer grâce aux moyens que je viens d’annoncer, mais qui doivent s’intégrer, là encore, dans une vision d’avenir et une ambition à long terme.
Aix-Marseille-Provence est plus qu’une métropole. Son potentiel est immense, y compris à l’échelle internationale.
J’ai dit qu’Aix-Marseille-Provence doit devenir, d’ici 15 ans, la porte méditerranéenne de l’Europe. C’est là notre troisième défi, et chacun doit être conscient que nous ne créerons pas ce nouvel avenir sans investir sans investir aussi dans des projets structurants, à la hauteur de notre ambition. Je veux parler là de projets de premier plan, capables de porter l’influence internationale d’Aix-Marseille-Provence dans tous les domaines.
Son influence intellectuelle tout d’abord. La fusion des trois universités a déjà permis de propulser l’université Aix-Marseille dans le classement de Shanghai, et de lui donner une visibilité internationale. Je peux même témoigner que lors d’un récent déplacement, des universitaires – je crois que c’était à Moscou – m’ont parlé de l’université d’Aix-Marseille comme d’une université au rayonnement international. Je vous le dis, l’université, les universités, en quelque sorte, ont montré le chemin. Ce n’était pas si facile de se rassembler dans un projet collectif, quand on a des habitudes, quand on a des présidences. Mais ils ont pris conscience qu’on ne pouvait pas en rester là, et d’un seul coup une dynamique s’est créée. Il faut continuer.
J’ai décidé de débloquer un effort complémentaire de 6,7 millions d’euros, qui permettra notamment la restructuration du campus Saint-Jérôme, la réhabilitation de ses installations sportives, l’amélioration du campus Saint-Charles, ainsi que le renforcement du pôle santé de la Timone. Nous engagerons également le regroupement de l’école nationale supérieure d’architecture, de l’école nationale supérieure du paysage, de l’institut d’urbanisme et d’aménagement régional.
Il nous faut aussi gérer au mieux les suites du brillant succès aussi qu’il faut encourager sur le plan culturel par Marseille, de Marseille Provence, capitale européenne de la Culture.
Une mission de préfiguration sur l’après 2013 sera mise en place, beaucoup me disent cela, les habitants, les associations, les acteurs économiques, les acteurs culturels, j’en rencontre quelques-uns qu’ils soient à Marseille, que je connais ou à Paris, mais qui font la réputation de Marseille, qui me disent : « mais quoi après ce grand événement ? » Eh bien cette mission de préfiguration poursuivra le travail entre l’État, les collectivités, les acteurs culturels et le monde économique. Il s’agit de réfléchir ensemble à un nouveau rendez-vous qui pourrait être un rendez-vous de type biennal, de référence internationale. Les conclusions de ce travail seront rendues avant la fin de l’année. C’est très important pour poursuivre la dynamique et même l’amplifier. La culture est un élément fédérateur, fédérateur entre les quartiers, les communes, la diversité, les origines, les parcours. La culture, c’est en même temps partager quelque chose de beau, de plus fort. C’est inventer, innover, rayonner et partager du bonheur. C’est une chance, je le sais d’expérience. La culture est un moteur aussi du développement économique. Ce n’est pas quelque chose simplement qu’on rajoute, ce n’est pas la cerise sur le gâteau, ce n’est pas simplement ce qui reste quand on a tout oublié, c’est un moteur aussi d’intégration sociale, c’est un moteur de respect des diversités culturelles.
Donc le rayonnement intellectuel, culturel mais aussi le rayonnement économique.
Rien ne se fera non plus sans le port et sans les activités industrielles portuaires ! Marseille est actuellement le premier port français. Nous devons le conforter à sa place de premier port méditerranéen, car il est à la croisée de tous les enjeux de la métropole. 40 000 emplois directs et indirects en dépendent. L’objectif doit être d’en créer 20 000 supplémentaires en misant sur le trafic conteneurs et l’industrie portuaire.
Il y a des investissements à lancer. Certains sont en voie de l’être. Je pense à la remise en service de la Forme 10, élargissement de la passe Nord, le terminal de transport combiné, la liaison fluviale, l’aménagement des bassins Est, mais il faut aller plus loin et avancer sur les projets de nouveaux terminaux conteneurs Fos 3XL et 4XL ou encore sur de nouveaux aménagements des bassins Est.
A court terme la priorité doit être de garantir une desserte performante des équipements portuaires. Il faut d’abord traiter les points de congestion les plus urgents, je souhaite que le prochain contrat de plan achève la déviation de Miramas en 2016 et le contournement de Martigues Port de Bouc avant 2020, une liaison autoroutière complète entre Fos et Salon devra parallèlement être réalisée d’ici dix ans, le gouvernement en a fait une de ses priorités, la commission nationale du débat public, parce que ça ne peut pas se faire autrement sera saisie d’ici la fin de l’année prochaine.
Là encore, pas de temps à perdre pour ces travaux indispensables, pour renforcer l’attractivité, toutes les activités industrielles ou portuaires et l’État sera particulièrement attentif aussi à tous les projets industriels nouveaux qui immergeront, mais aussi à l’évolution des territoires, parce qu’il y a des territoires qui sont déjà en reconversion. Je pense à l’étang de Berre. Il faut être très vigilant, et ne pas seulement parler des projets nouveaux, il faut aussi revitaliser, restructurer pour garder ou développer l’emploi.
Mesdames, messieurs c’est une ambition d’ensemble que l’État propose de déployer avec les collectivités et tous les partenaires, cela au service du développement de la métropole. Notre chance aujourd’hui c’est qu’il existe une convergence chez les acteurs locaux autour d’une grande ambition, je le dis parce que je connais la réalité et la diversité, la diversité politique de l’histoire, la diversité des territoires, ses traditions, je connais ça, je sais que ce n’est pas toujours le plus facile pour vous, mais je connais aussi quand je parle avec chacun d’entre vous, beaucoup d’entre vous que vous êtes conscients des enjeux, et qu’il faut bouger, qu’il faut avancer, qu’une grande ambition, cela est prêt à vous mobiliser.
Cette volonté existe aussi au sein du gouvernement, pour changer les choses, apporter les moyens nécessaires. Nous avons donc là une convergence d’opportunités, il faut la saisir, elle ne se représentera pas de sitôt. Au total, plus de 3 milliards d’euros seront investis dans les transports métropolitains, effort qui pourra encore s’accroître lorsque l’agglomération se sera dotée d’une métropole et d’une approche globale et organisée des déplacements urbains.
A ce montant s’ajouteront les 1,5 milliards d’euros du plan d’investissement d’avenir que j’ai annoncé le 9 juillet dernier, les opérations du prochain programme de rénovation urbaine et le plan d’urgence de 37 millions dont je viens de présenter les grands principes. Et lorsque la métropole sera constituée, elle bénéficiera – en plus des dotations qu’elle a déjà – d’une dotation d’intercommunalité supplémentaire pour un montant d’environ 50 millions à la somme des dotations perçues aujourd’hui par chacune des 6 intercommunalités existantes.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, je le redis encore, sur nos intentions, ce que nous proposons ce n’est pas du secours, ce n’est pas seulement du rattrapage, c’est un engagement réciproque, franchir une étape vers davantage de solidarité, de qualité de vie au quotidien, une attractivité retrouvée, des ambitions économiques nouvelles, voilà ce que je propose. Et pour fédérer ces initiatives, nous lancerons une consultation urbaine internationale, autour des grands axes de développement de l’ensemble du territoire métropolitain. Nous mobiliserons les plus grands experts – urbanistes, architectes locaux, nationaux et internationaux ainsi que les professionnels de l’aménagement – pour qu’ils leur donnent leur avis, pour qu’ils leur donnent leurs conseils, pour mettre en débat avec les élus mais aussi la population et les forces vives du territoire.
En tout cas, c’est la responsabilité de l’État, de l’État républicain d’impulser ce projet collectif, c’est sa responsabilité de dire comment il compte tout de suite – mais aussi dans la durée – y prendre sa part et assumer ses responsabilités à vos côtés. C’est sa responsabilité d’être au côté de ceux qui en ont besoin, et de reconnaître la spécificité de chacun.
Mesdames, messieurs, c’est la Constitution qui le dit : « la France est une République une et indivisible », mais vous le savez, la France est diverse. Certains territoires ont déjà commencé à retrouver une dynamique économique, ont déjà réussi à inverser la courbe du chômage ; mais d’autres souffrent ou à l’intérieur de ces territoires, il y a ceux qui sont en marche, en dynamique et ceux qui vivent des mutations. Je pense bien sûr à la Bretagne, je pense à la Lorraine, je pense aussi à d’autres régions de France, je pense aussi à des parties du territoire ici, dans cette région.
Mais ce que je veux vous dire, c’est que, même si la France est diverse, elle est une République qui ne se conçoit pas sans la solidarité et l’égalité ; et qu’il n’y aura pas de redressement sans que tous les territoires et tous les Français y soient associés.
Alors oui mesdames et messieurs les élus, les responsables fonctionnaires, responsables des collectivités territoriales, mesdames et messieurs les responsables des entreprises, des organisations syndicales, des associations, la France compte sur vous parce que la France a besoin de vous.
La France a besoin que cette grande métropole reprenne son destin en main, qu’elle sache se dépasser, qu’elle révèle enfin toutes ses potentialités.
Oui, c’est un grand et beau projet pour le pays tout entier, c’est l’intérêt de tous les Français qu’il réussisse, et vous pouvez compter sur mon engagement, celui de tout le gouvernement pour vous y aider. Vive Marseille, vive la Provence, vive la République et vive la France.