Libre expression de Pierre Distinguin: Marseille, le point G du Sport !

Publié le 28 novembre 2014 à  22h50 - DerniÚre mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h29

(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)

La remise du titre de Capitale europĂ©enne du Sport 2017 s’est dĂ©roulĂ©e dans l’enceinte du parlement europĂ©en mercredi 19 novembre, en prĂ©sence de plusieurs commissaires europĂ©ens et de dĂ©putĂ©s Marseillais, preuve s’il fallait s’en convaincre de l’intĂ©rĂȘt de ce titre pour l’ensemble des reprĂ©sentants politiques. Last but not least, 6 des 9 ambassadeurs sportifs attachĂ©s Ă  2017 (J. Tigana, N. Simon, R. Virenque, M.P. Gnabouyou, R. Melillo, N. Benoit) n’ont pas boudĂ© le plaisir de s’assoir sur les bancs du parlement et de recevoir un standing ovation de la quasi-totalitĂ© des participants, peut-ĂȘtre est-ce lĂ  l’un des premiers signaux du niveau croissant de considĂ©ration dont bĂ©nĂ©ficie le label de Capitale europĂ©enne du Sport Ă  Bruxelles. Au risque de s’avancer imprudemment, la Capitale europĂ©enne du sport 2017 sera un cru exceptionnel en comparaison des cĂ©lĂ©brations rĂ©alisĂ©es ailleurs en Europe.
Le titre Ă©tant acquis sur la base d’un projet Ă  bĂątir, le «dire» ne contraint pas toujours le «faire» malheureusement, a l’instar d’Istanbul en 2012 qui dĂ©ploya un budget 3 fois supĂ©rieur aux prĂ©cĂ©dentes capitales, mais qui affecta ses ressources principalement sur la communication et le marketing, sans grande inspiration associative, acadĂ©mique, ou Ă©conomique. Anvers en 2013 proposa en revanche un modĂšle original avec une opĂ©ration emblĂ©matique autour du Sport pour tous intitulĂ©e 365 jours de sports par an, soit un 1 Ă©vĂšnement organisĂ© chaque jour. Le pari fut tenu et bien tenu, parvenant Ă  faire d’ailleurs grimper un indice d’adhĂ©sion des habitants d’Anvers de 5 % Ă  50 % environ en 24 mois.
Organiser une annĂ©e capitale du sport n’est pas aussi contraignante qu’organiser une grande compĂ©tition mondiale ou un championnat d’Europe de football, le cahier des charges imposĂ© par ACES (1), la jeune association qui gĂšre depuis 10 ans ce concours europĂ©en, est relativement souple dĂšs lors que la ville candidate se situe en mode «mouvement» et non pas en mode «ArrĂȘt sur image». A ce niveau, l’Europe rĂ©compense le «projet» plus que «l’état des lieux» et en cela, le sĂ©same est comparable au titre de la culture, cf. Marseille 2013 qui a candidatĂ© et gagnĂ© sous l’angle du rattrapage culturel. Aux yeux des membres du jury d’ACES qui s’est dĂ©placĂ© Ă  Marseille au nombre de 9 en octobre, Marseille impressionne autant qu’elle fascine. Quant aux dĂ©tracteurs qui ne perçoivent le sport que sous la forme d’un nuage de points elliptiques gravitant autour de l’orbite que peut prĂ©tendre ĂȘtre le new stade VĂ©lodrome, la ville a montrĂ© que le Sport faisait partie de son ADN dans son comportement comme dans son caractĂšre, dans la voix comme dans les regards, y compris au plan de l’organisation mĂȘme de la ville ; Alors bien entendu, le travail de l’homme n’a pas façonnĂ© d’équipements sportifs aussi reluisants et sophistiquĂ©s que dans les grandes mĂ©tropoles du nord de l’Europe, mĂȘme si la beautĂ© brute mĂ©rite qu’on l’entretienne voir qu’on l’accentue; En vĂ©ritĂ©, « La ville EST Le sport », et c’est le credo avisĂ© de la candidature de Marseille 2017. Être le sport est Ă  l’InnĂ© ce que le Faire est Ă  l’acquis. Alors Ă  nous de jouer pour que la belle endormie se mette en mouvement et fasse rayonner son environnement, fut-ce un prix Ă  payer pour rĂ©nover et amĂ©nager des Ă©quipements au bĂ©nĂ©fice du plus grand nombre.
Et si au final, la vĂ©ritable rupture de notre candidature se situait justement en rapport de ce point angulaire qui juxtaposerait l’innĂ© et l’acquis, Marseille pourrait alors devenir le point G du sport en France, un territoire unique et hypersensible qui transcenderait les frontiĂšres et les rĂ©sistances individuelles vers plus de rĂ©jouissance collective ! Ambition ou prĂ©tention, l’avenir nous le dira.
En attendant, poursuivons le «job» et continuons de mobiliser la classe politique autour du sport, car la clef de la rĂ©ussite se mesurera Ă  terme au nombre de commissaires europĂ©ens et au budget que pourra affecter la commission europĂ©enne sur le Sport. Si le sport figure bien dans les recommandations de la commission europĂ©enne, (cf. le livre blanc du sport en Europe publiĂ© le 11 juillet 2007), il reste un gros travail de lobbying et d’indicateurs Ă  l’échelle des pays membres pour dĂ©finitivement sceller cette activitĂ© comme un marqueur de progrĂšs, d’épanouissement, de cohĂ©sion sociale, de diversitĂ© et de dĂ©veloppement Ă©conomique. 150 signatures de dĂ©putĂ©s ont ce jour Ă©tĂ© enregistrĂ©es dans un Intergroupe (2) du parlement qui en comprend 732, c’est un bon dĂ©but ! L’objectif sera Ă©videmment Ă  terme d’affecter une enveloppe budgĂ©taire en rapport avec les vrais enjeux, dont une partie serait affectĂ©e aux rĂ©gions et/ou aux villes qui font les efforts nĂ©cessaires. Le montant total de l’enveloppe, Ă©voquĂ© lors de la cĂ©rĂ©monie serait de 5 milliards d’euros sur 5 ans, une misĂšre Ă  l’échelle des retours induits sur le stress, l’absentĂ©isme au travail, la santĂ©, l’attractivitĂ© des territoires, etc.
Pour l’instant ne boudons pas notre plaisir de placer notre mĂ©tropole au centre du jeu, recensons et hiĂ©rarchisons les demandes de contribution au projet 2017 et organisons nous collectivement pour profiter au mieux de ce fameux point G.

(1) ACES est l’association de droit privĂ© (basĂ©e Ă  Bruxelles) qui est accrĂ©ditĂ©e par la commission europĂ©enne pour attribuer les titres de Capitales et villes europĂ©ennes du sport.
(2) groupe de dĂ©putĂ©s europĂ©ens qui constituent un groupe d’influence non officielle sur un sujet donnĂ©, afin de faire valoir des points de vues de la sociĂ©tĂ© civile

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