Publié le 5 décembre 2014 à 13h23 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h30
«Concerti con molti strumenti » : en français, concertos avec beaucoup d’instruments. Sous ce titre Café Zimmermann conviait les mélomanes à un parcours musical composé d’œuvres données à la cour de Dresde au début du 18e siècle. Séduisant parcours, au demeurant, effectué jeudi soir au cœur d’un Grand Théâtre de Provence où il ne restait pas beaucoup de places disponibles. Ce qui pourrait confirmer deux choses : d’une part que Café Zimmermann, en résidence depuis quatre ans au GTP, s’est constitué un fidèle public au fil de ses sorties, d’autre part qu’il existe bel et bien ici un public désireux d’écouter de la musique baroque de qualité.
Pour ce concert, aux côtés des valeurs sûres que sont Telemann, Bach et Vivaldi, Café Zimmermann avait décidé de jouer deux cartes «découverte» avec les pièces de Johann David Heinichen et de Jan Dismas Zelenka, tous deux contemporains des premiers nommés. Et une fois de plus, le public s’est retrouvé comblé. Il faut dire qu’avec cette formation, on est loin du côté «cinéma» adopté (trop ?) souvent par des ensembles baroques dirigés par des violonistes bardés de cuir qui pensent plus à leur look sur scène qu’à la précision de leur direction. Café Zimmermann c’est plutôt le contraire. Les ornementations, c’est dans la musique qu’elles se trouvent et Pablo Valetti, qui dirige depuis son pupitre de premier violon solo, préfère mettre, lui, son talent et sa concentration au service d’interprétations sans failles.
Une rigueur qui permet de respecter l’architecture des partitions sans les déshumaniser, bien au contraire. Rigueur ne voulant pas dire ici austérité mais précision au service de la sensibilité, du son et de la couleur. Ce son, c’est la marque de fabrique de Café Zimmermann et si les enregistrements discographiques de l’ensemble consacrés à Bach puis, plus récemment, à Vivaldi sont autant de références c’est assurément en raison de ce son né du travail, de la cohésion et de la précision des musiciens.
Toutes ces qualités qui ont fait le succès du concert, jeudi soir, avec, pour nous, un coup de cœur pour ce Concerto à 8 concertanti en sol majeur du Bohémien Jan Dismas Zelenka, une pièce profane des plus intéressantes, presque perdue dans un océan de compositions religieuses, qui témoigne d’une grande liberté de composition et d’une richesse singulière laissant entendre une modernité peu courante à cette époque. Sans oublier, bien sûr, les interprétations des concerti de Vivaldi, lumineux moments de grand bonheur.
Michel EGEA