Publié le 5 décembre 2014 à 19h57 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
C’est à la Villa Méditerranée, à Marseille, que se tient les 4 et 5 décembre les rencontres sur la santé des jeunes en Méditerranée avec pour thème: «Protéger la jeunesse pour préserver l’avenir », un moment d’échange et de partage entre les deux rives de la Méditerranée. Cette rencontre -préparée par des débats sur internet entre partenaires- s’articule autour de tables rondes qui posent les enjeux et ouvrent le débat ainsi qu’autour d’ateliers pédagogiques qui constituent des espaces de témoignages et d’échanges. Un séminaire qui accueille plus de 200 représentants de 10 pays (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie, France, Italie, Espagne, Malte, Portugal) et qui s’inscrit dans une programme de coopération «dialogue 5+5 (*)» lancé en 1990. Un débat qui peut être suivi en direct et en différé sur masante.regionpaca.fr. Deux journées qui sont l’occasion de croiser les constats d’experts scientifiques, la vision des décideurs politiques et les aspirations de la jeunesse. Un maître mot est apparu dès le premier jour, de par et d’autre de la Méditerranée : l’intervention des citoyens et tout particulièrement des jeunes.
Le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Michel Vauzelle a ouvert le débat, rappelle que la Région, pour réaffirmer son double engagement en faveur de la santé et en faveur de la coopération méditerranéenne, a tenu à organiser cette manifestation en partenariat avec l’Observatoire Régional de la Santé et l’Unité Mixte de Recherche IRD-CNRS-Aix-Marseille Université. Au-delà, le président d’expliquer: «Mon rêve est que soit reconnue, en tant que telle, la jeunesse méditerranéenne car, tous ensemble, nous avons les mêmes problèmes». Et d’insister sur l’importance des sociétés civiles, sur le fait que cette opération «n’est pas une énième réunion où on discute. Nous sommes sortis de cela à la Villa Méditerranée, nous nous inscrivons dans le cadre du rapport que m’a commandé le Président de la République sur une Méditerranée de projets. Nous travaillons sur le concret, nous sommes là pour prendre des décisions et nous nous inscrivons dans une logique de démocratie participative avec les jeunes qui disent, proposent et, cela, sur toute la Méditerranée puisque 400 questions viennent d’être posées sur Internet». Et de conclure en indiquant que, s’occuper de la jeunesse, «c’est s’occuper du présent et de l’avenir de la Méditerranée».
«La Méditerranée a un atout majeur : sa jeunesse»
Drifa Khoudir, conseillère du ministre de la Santé algérien rappelle le chemin accompli par son pays depuis l’indépendance: «Nous n’avions alors que 500 médecins pour 10,5 millions d’habitants avec une mortalité infantile de 180 pour 1000 et une durée moyenne de vie de 48 ans». L’Algérie compte aujourd’hui 38 millions d’habitants et une espérance de vie de 77 ans. «Des politiques sont conduites avec les ONG, la jeunesse, différents ministères, des collectivités territoriales. Maintenant, il faut du temps pour évaluer les politiques que nous mettons en place», avance-t-elle avant d’ajouter: «La Méditerranée a un atout majeur : sa jeunesse, c’est une chance à saisir maintenant, après il sera trop tard».
Le professeur Moatti insiste pour sa part sur la spécificité que représente la francophonie: «Ce n’est pas seulement une langue, c’est une culture, une façon de penser, de travailler. Ainsi les ONG anglo-saxonnes créent des structures décentralisées alors que la culture francophone pousse à travailler avec des structures qui sont des émanations directes des pays».
Choukri Belhassan, Tunisie, émet le souhait que des propositions pratiques, réalisables, sortiront de ces deux journées «afin de les inclure dans la stratégie tunisienne».
Najat Gharbi du ministère de la santé marocain attend de cette réunion qu’elle permette «l’émergence d’une plate-forme de débats, de bonnes pratiques et qu’elle mette en lumière les axes de futures coopérations Nord/Sud». Précisant que dans un pays qui ne cesse d’évoluer,«la jeunesse représente 46% de la population. Une jeunesse qui, pour 15,5% fume, 3,5% se drogue, 50% est dans l’inactivité physique, et 14,2% fait des tentatives de suicide». «Une politique se développe, ajoute-t-elle, regroupant de nombreux partenaires, institutionnels mais aussi des ONG, des associations de jeunes.»
Eric Trautman, ministère de la santé, France, se réjouit qu’une telle manifestation se déroule à Marseille en même temps qu’HôpitalExpo Méditerranée : «Marseille a une longue tradition dans la santé et a noué des coopérations très riches avec les Pays méditerranéens». Et de rappeler: «les efforts accomplis par les pays de la rive Sud en matière de santé».
Michel CAIRE
(*) Le dialogue 5+5 est aujourd’hui l’enceinte de dialogue de la Méditerranée occidentale qui regroupe : les cinq pays de l’Union du Maghreb arabe : l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie, la Tunisie ; les cinq pays de l’Union Européenne : l’Espagne, la France, l’Italie, Malte et le Portugal ; l’Union du Maghreb Arabe et la Commission européenne y participent en tant qu’observateurs. Le secrétariat général de l’Union pour la Méditerranée est observateur chargé de la mise en œuvre des décisions prises en 5+5. Le 5+5 est actuellement coprésidé par le Portugal et le Maroc, la France en assurera la coprésidence de 2015 à 2017.
Des enjeux communs
Durant deux journées, la santé des adolescents et des jeunes adultes de 16 à 25 ans vivant dans ces territoires est placée au cœur du débat. Pourquoi ? Parce ce que c’est une des conditions nécessaires à la croissance et au développement humain. Consommation de tabac ou d’alcool, nouveaux régimes alimentaires ou encore baisse d’exercice physique sont étroitement associés à l’apparition de véritables épidémies comme l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires…
Leur essor met en cause directement certains comportements à risques chez les jeunes qui témoignent aussi d’une certaine forme de vulnérabilité psychologique. Ce sont des enjeux communs auxquels doivent faire face les pays participants au séminaire. L’impact de la maladie sur les jeunes se perçoit également à d’autres niveaux : le coût généré par sa prise en charge par les systèmes de santé à la suite de la mortalité prématurée ou/et la vulnérabilité sociale.