Publié le 17 décembre 2014 à 22h30 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
La Villa Méditerranée vient d’accueillir, la réunion climat des élus locaux et régionaux de la Méditerranée. Organisée par la Commission Méditerranée de Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU) et par la Commission interméditerranéenne de la Conférence des régions périphériques maritimes (CIM CRPM), cette rencontre a rassemblé des élus locaux issus de 15 pays de la Méditerranée et des experts des changements climatiques. Une déclaration climat des élus locaux et régionaux, adoptée en fin de séance, sera présentée à la Conférence méditerranéenne (Med COP 21) qui se tiendra en mai 2015 à la Villa Méditerranée, en présence de François Hollande, le Président de la République, puis en décembre à la Conférence Climat 2015 (COP 21). Une mobilisation d’autant plus importante que l’espace méditerranéen est reconnu comme une des zones les plus vulnérables en matière de changement climatique. Si rien n’est fait les experts pronostiquent à l’horizon 2010 une hausse des températures moyennes de 3 à 5°C, une diminution des précipitations pouvant atteindre 25%, une croissance de la fréquence des événements climatiques extrêmes et une hausse du niveau de la mer qui pourrait atteindre 35cm.
C’est Michel Vauzelle, le président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui ouvre les débats, avançant: «On ne peut pas déconnecter les problèmes de climat des questions politiques ainsi que de la montée de la violence». Puis, de rappeler que, depuis le Sommet de la Terre de Rio, en 1992, les autorités locales et régionales se sont saisies progressivement des questions liées à l’adaptation et à la lutte contre le changement climatique. «Elles se sont structurées au niveau mondial pour participer à la définition des objectifs internationaux et nationaux, ainsi que pour formuler leurs attentes et leurs propres engagements lors notamment des dernières Conférences des Parties (COP)».
«Les collectivités territoriales ont un rôle primordial dans la lutte contre le réchauffement climatique»
Et de considérer : «En tant que responsables du développement des territoires, les collectivités territoriales ont un rôle primordial dans la lutte contre le réchauffement climatique. Elles sont au premier rang pour agir sur les principales causes d’émissions de gaz à effet de serre à travers le résidentiel, le transport et l’alimentation; élaborer des stratégies locales et régionales en matière d’adaptation aux effets du changement climatique; ou encore sensibiliser nos concitoyens».
Eric Servat est directeur de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement, directeur du Laboratoire Hydrosciences Montpellier, selon lui : «Le réchauffement que nous connaissons est sans équivalent». Un phénomène qui a commencé au milieu du siècle précédent. Les anomalies de températures augmentent, tout comme le niveau des océans. «La fréquence des vagues de chaleur est en augmentation sur une grande partie de l’Europe, de l’Asie et de l’Australie». Les précipitations abondantes s’accroissent sur les régions continentales. «De nouvelles émanations de gaz à effet de serre impliqueront une poursuite du réchauffement et des changements affectant toutes les composantes du système climatique».
Donc, pour éviter ce scénario catastrophe, pour limiter le changement climatique «il faudra réduire notablement et durablement les émissions de gaz», prévient-il. Précisant « Les changements concernant le cycle de l’eau en réponse au réchauffement ne seront pas uniformes. Le contraste des précipitations entre régions sèches et humides ainsi qu’entre saisons sèches et humides va s’accroître en dépit de rares exceptions régionales». Et, en Méditerranée: «Les pays sont déjà en état de stress hydrique et cela ne va que s’accentuer. Des évolutions qui sont lourdes de conséquences sur la situation économique, géographique, politique».
«Des personnes seront contraintes de se déplacer, d’autres, piégées par la pauvreté, ne le pourront pas»
Marianela Fader, consultante à la Banque Mondiale, Institut Postdam sur le Climat, explique pour sa part : «Une augmentation de 2% de la température entraînerait le passage de jours de chaleur extrême de 4 à 82, avec une augmentation de 4% on passerait à 115 jours. Pour mesurer l’impact que cela pourrait avoir, une étude israélienne met en avant le fait qu’un degré en plus se traduirait par un accroissement des maladies et 4% de mortalité en plus». Une augmentation de la température qui aura également un impact sur le tourisme, une érosion des plages, sans ignorer des menaces multiples. «Des personnes seront contraintes de se déplacer, d’autres, piégées par la pauvreté, ne le pourront pas». Face à cela elle préconise le développement de solutions diverses, décentralisées et à petite échelle «et là réside, en revanche, un potentiel de synergie énorme».
La Catalogne est engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique et l’adaptation à ce dernier comme l’explique Joana Ortega I Alemany, vice-présidente de la Generalitat de Catalogne. A. Querali d’enchaîner : «Le travail se mène sur 15-20 ans. Le gouvernement de Catalogne a trois priorités : connaître les impacts du changement climatique en prenant en compte la diversité des micro-climats; développer des solutions pour éviter le réchauffement; développer une stratégie d’adaptation. Dans tous les cas il s’agit d’impliquer la population».
Nadira Bouazza est architecte-urbaniste, elle travaille en Algérie sur l’architecture écoresponsable. Elle cite deux imposantes opérations en cours : les villes nouvelles d’Hassi Messaoud et d’Oran. «On travaille pour intégrer le développement durable dans les projets urbains» et une troisième qui a été lancée pour «le réaménagement de la baie d’Alger où un partenariat algéro-français vise à en faire un éco-quartier». Elle plaide enfin pour que les propositions à formuler en termes d’architecture écoresponsable ainsi que les moyens de les concrétiser soient adapter à chaque pays.
José-Luis Munoz-Bonet, région de Valence (Espagne), conclut ce débat en se prononçant pour une une coopération générale, du public comme du privé, des régions, des États. Et de mettre en avant les travaux de la Kic-Climat, une des branches opérationnelles de l’Institut européen d’innovation – I.E.T. La Kic-Climat vise à accélérer la création de valeur pour l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à celui-ci. Elle co-finance et intègre des technologies innovantes, des projets de start-up, des services d’adaptation, des dispositifs de gestion des risques, des formations spécifiques; elle favorise l’émergence de marchés potentiels et de champs d’application, dégage leurs synergies; elle vise à créer les chemins les plus efficaces pour relier les uns et les autres.
La KIC-Climat s’appuie sur cinq centres nationaux (complétés par un réseau de six régions européennes) : Londres, Zürich, Berlin, Paris et Randstad.
Michel CAIRE