Publié le 26 janvier 2015 à 23h30 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h36
Quelque 1000 personnes ont assisté ce lundi 26 janvier au meeting de Pierre Laurent, le secrétaire général du PCF. Deux axes ont structuré, nourri son intervention : la victoire de Syriza, le parti de la gauche anti-austérité d’Alexis Tsipras et les attentats que la France vient de connaître ainsi que la mobilisation qui a suivi. Sans oublier l’opposition du PCF et du Front de gauche à la Loi Macron. C’est le groupe Quartier Nord qui chauffe la salle avant de laisser la parole à Pierre Dharréville, secrétaire fédéral du PCF puis, à Pierre Laurent.
Un Pierre Laurent qui commence son propos par le mot espoir, en grec : «Car nous parlons tous grec depuis quelques jours, depuis ce dimanche 25 janvier, une date qui va rester, celle de la victoire d’une authentique révolution démocratique». Pour lui : «La victoire de Syriza est une formidable nouvelle pour le peuple grec d’abord. Des grecs qui, après cinq années d’humiliation, de chantage, ont retrouvé leur dignité, leur liberté d’agir. C’est aussi une grande nouvelle pour l’Europe. L’austérité qui a détruit la Grèce, mis à mal l’Espagne, le Portugal mais aussi la France, appartient maintenant au passé après avoir pourtant bénéficié du soutien de toutes les institutions européennes. Ils sont tous obligés de tenir compte du résultat grec. Un changement important est en marche».
«Notre victoire de 2005 (référendum sur le traité de Lisbonne), a été foulé au pied. Nous ne laisserons pas faire la même chose»
Puis de prévenir: «Attention, les membres de Syriza sont conscients que le plus dur commence. Ils savent qu’ils auront besoin d’un soutien large, solide, pour obtenir l’annulation d’une partie de la dette et le rééchelonnement de la dette ». Et d’avancer : «Nous demandons le respect du vote souverain. Notre victoire de 2005 (référendum sur le traité de Lisbonne), a été foulé au pied. Nous ne laisserons pas faire la même chose».
Il ne manque pas de dénoncer la tentative de récupération de Marine Le Pen : «Syriza c’est le contraire du FN. C’est le choix d’une solution solidaire dans l’Europe, avec les autres peuple européens». «Avec cette victoire, ajoute-t-il, une nouvelle page s’ouvre pour la gauche européenne». Annonce que les 30 et 31 mai, à l’occasion du 10e anniversaire de la victoire du « non » au référendum, «nous allons tenir un grand forum à Paris avec la gauche européenne».
A ses yeux: «Il n’y a pas d’exemple ou de modèle mais un chemin est montré. Il s’agit de constituer une force qui, demain, pourra l’emporter. Nous devons construire ensemble, à la gauche du PS qui devient, de plus en plus, la gauche tout court tant le PS, le gouvernement dérivent à droite. Les forces de gauche doivent réinventer la solidarité. Et bien sûr que, dans ce débat à mener nous ne devons pas chercher l’unanimité. Dans Syriza, ils ne sont pas d’accord sur tout mais ce qui domine c’est ce qui les rassemble, nous devons faire de même. Il manque 2 sièges à Syriza pour avoir la majorité absolue, je ne m’inquiète pas pour eux, ils sont dans un processus permanent d’élargissement, ils les trouveront».
Concernant les départementale dans les Bouches-du-Rhône, il explique: «Ce qui importe c’est de porter nos candidats le plus loin possible, d’avoir une majorité de gauche pour mettre en œuvre une politique de gauche».
Puis d’en venir aux attentats. «Des criminels ont assassiné une grande partie de Charlie, pris en otage et tué des clients d’une supérette, parce que juifs; des policiers dans leur mission de protection. Ils s’en sont pris ainsi à notre peuple, à ses valeurs, sa culture en voulant faire triompher une logique de guerre. Ils ont échoué. Dans un élan formidable des millions de Français se sont levés pour rendre hommage aux victimes mais aussi pour dire leur attachement aux valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité. Ils l’ont fait parce qu’ils sentaient que quelque chose d’immense se jouait».
«Les musulmans de France sont des citoyens et nous devons rejeter la volonté de stigmatisation qu’ils subissent»
Il indique avoir rencontré des habitants à Vitrolles, dans le cadre de sa journée phocéenne : «Il y avait des musulmans qui ont expliqué avoir peur. Il faut que s’arrête les injonctions permanentes de politiques, journalistes, soi-disant experts, qui ne cessent de mettre les musulmans en demeure de se désolidariser d’un crime avec lequel ils n’ont rien à voir. Les musulmans de France sont des citoyens et nous devons rejeter la volonté de stigmatisation qu’ils subissent. Et le combat contre le racisme devient un priorité. Le poison du racisme doit être extirpé de la conscience de trop nombreux de nos concitoyens».
Il exprime ensuite sont désaccord avec la Ministre de l’Éducation «lorsqu’elle juge qu’il y a des questions inadmissibles. Ce n’est pas par des menaces, des mises à l’index que l’on réglera le problème. Nous parlons d’enfants, d’adolescents, de jeunes adultes. Il faut, comme l’indique une enseignante sur son blog, écouter ce qu’ils disent d’eux, de notre société, de nous. Et construisons une réponse sur le long terme plutôt qu’une politique d’affichage. Nous n’avons pas besoin de textes pour cela mais d’enseignants, d’éducateurs, d’assistantes sociales, de conseillers d’orientation… Pourquoi ce qui a été possible pour la police serait impossible pour l’éducation ?»
Michel CAIRE