Publié le 5 février 2015 à 12h07 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h37
Exposée devant la Chambre de commerce et d’industrie Marseille Provence (CCIMP), une Volkswagen Tiguan rebaptisée I-fusion (Innovative Fuel Sensor for Engine) attend le top départ pour sillonner l’Europe afin de tester, lors d’un périple de 50 000 kilomètres, les performances de ce qui se cache sous son capot. Point de secret, il s’agit d’un capteur optique, pensé et conçu par la société aixoise *SPH3, qui a la capacité d’analyser la qualité des carburants en temps réel et de transmettre les informations jusqu’à l’ordinateur chargé du contrôle du moteur. Informations qui permettront à l’ordinateur d’optimiser le fonctionnement du moteur. «Le capteur fonctionne comme un scanner infrarouge qui identifie chaque 20 secondes la structure moléculaire du carburant, son ADN», indique Alain Lunati, président de la société SPH3. Rappelant que ce capteur est le fruit de 10 années de R&D d’une équipe soudée de 14 personnes et qu’il s’agit là «de la cinquième génération de notre capteur, le prototype industrie, qui sera fourni aux constructeurs automobiles pour être installé dans les véhicules». Ce test, 4 mois durant, va ainsi permettre de démontrer la viabilité de ce boitier intelligent dans des conditions tout terrain où il va être confronté aux changements de températures de -40°C à +125°C, aux vibrations, à la variabilité du carburant dans 13 pays.
«Un moteur non-optimisé consomme plus et pollue donc plus»
Ce projet, qui a pris, aujourd’hui, toute sa consistance part d’un constat: tous les carburants à la pompe ne sont pas les mêmes. Et Alain Lunati d’indiquer : «Les moteurs sont calibrés sur un carburant de référence. Comme il est statistiquement impossible de retrouver ces carburants à la pompe, les constructeurs y ajoutent des marges de sécurité. Ces marges assurent le fonctionnement du moteur sur la plage de variabilité des carburants que l’on trouve à la pompe. Mais elles introduisent aussi des pénalités en termes de consommation et d’émissions polluantes car le moteur n’est pas optimisé pour le carburant spécifique dans le réservoir. Un moteur non-optimisé consomme plus et pollue donc plus».
«Les carburants ne sont pas les mêmes à la pompe»
Et d’expliquer la variabilité des carburants. «Les carburants ne sont pas les mêmes à la pompe. Même s’ils doivent respecter une quinzaine de critères de qualité pour être distribués à la pompe, il n’en reste pas moins que les milliers de molécules qui les composent vont dépendre étroitement des caractéristiques du pétrole brut utilisé dans les raffineries ainsi que des unités qui ont servi à la fabrication des différents produits intermédiaires et qui sont de qualités variables».
«Mais, sans cette flexibilité, ajoute-t-il, l’offre en carburant ne pourrait contenter la demande et entraînerait une flambée des prix à la pompe.» Et l’idée de ce boitier est donc de rendre «le véhicule intelligent et capable de s’adapter au carburant qui se trouve dans le réservoir», assure-t-il.
Et si la fabrication de ce boitier convainc les industriels, le prix à l’unité serait de 20€. Actuellement SP3H a déposé 90 brevets dans 27 pays.
Patricia MAILLE-CAIRE
*Le projet I-Fusion SP3H a convaincu la Commission Européenne qui a choisi de soutenir ce projet dans le cadre du programme Horizon 2020. Entreprise du territoire Aix-Marseille-Provence spécialisée dans la recherche de solutions éco-innovantes, SP3H est l’unique entreprise française sélectionnée par la Commission Européenne dans la catégorie « Green Transport »