Meeting d’ Eugène Caselli : Un projet puissance quatre pour  » l’homme de dialogue »

Publié le 14 mai 2013 à  1h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  15h49

S’il ne sait pas dans quel secteur de la ville il sera candidat s’il est choisi aux primaires socialistes, Eugène Caselli a, dès son premier meeting, tracé les quatre axes de son programme pour Marseille. Un projet qui sera défendu par des « listes ouvertes » aux membres des autres formations républicaines.

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« Step by step », c’est-à-dire « pas à pas » dans la langue de Molière : ce sera le rythme d’Eugène Caselli (PS), président de la communauté urbaine, dans cette campagne des élections municipales pour laquelle il a fait officiellement acte de candidature en tenant son premier meeting de campagne, ce lundi 13 mai dans la soirée au Parc Chanot. Car s’il est candidat à l’Hôtel de Ville de la deuxième ville de France, il n’oublie qu’il est avant tout aujourd’hui candidat aux primaires socialistes, le « premier obstacle à passer ». Et de souhaiter qu’il s’agisse d’un « moment de débat ». « Nous sommes concurrents, pas adversaires et encore moins ennemis. Il ne faut pas d’agressivité entre nous. Viendra ensuite le temps d’un vote citoyen pour nous départager, puis d’une dynamique et après la victoire je l’espère », résume-t-il.
Alors pour l’heure, il est trop tôt pour dévoiler dans quel secteur de Marseille Eugène Caselli sera candidat. « Je déciderai après la primaire en fonction de l’intérêt stratégique de ma candidature », indique-t-il. Ce qui ne l’empêche pas de préciser qu’il sera un maire à temps plein : pas question de briguer un mandat de parlementaire national, ni le poste de président de cette future métropole Aix Marseille Provence qu’il appelle de ses vœux. « Maire d’une ville de 800 000 habitants, il y a assez à faire », ironise-t-il. A-t-il peur qu’un certain nombre de compétences transférées, dont il dispose aujourd’hui à la communauté urbaine, lui échappent demain s’il accède à l’hôtel de Ville. « Même s’il aura très peu de compétences sur la mairie, le maire de Marseille aura une influence : c’est celui qui donne du sens. Et si la majorité est correcte, le maire de Marseille aura largement son mot à dire sur le président de la métropole », tranche-t-il. Si ce ne sera pas lui alors, avec qui formera-t-il le binôme appelé demain à gouverner la deuxième ville de France ? « Après les primaires, il sera temps de faire un ticket », tempère-t-il.
Malgré ces zones d’ombre qui demeurent à, il est vrai, dix mois du scrutin, Eugène Caselli a déjà un projet pour Marseille. Un projet qu’il a mûri au cours de ces cinq dernières années durant lesquelles il a « travaillé au quotidien pour les grands dossiers marseillais ». « Je les connais bien et j’ai fait un constat : il y a une dualité dans cette ville. Il y a deux Marseille : une qui réussit avec le Vieux Port et Euromed 2, et des quartiers qui s’enfoncent dans la crise économique, sociale et urbaine, comme l’actualité nous le rappelle tous les jours », explique-t-il. Alors aux yeux du candidat qui se targue d’être le seul – déclaré ou pas encore -, de gauche comme de droite, à œuvrer 7 jours sur 7 sur la cité phocéenne – puisqu’il n’est ni ministre comme Marie-Arlette Carlotti (PS), ni député comme les socialistes Patrick Menucci et Henri Jibrayel, ni sénateur comme Jean-Claude Gaudin (UMP) et Samia Ghali (PS), ni député européen comme Jean-Luc Bennahmias (MoDem) et Karim Zéribi (EELV) -, le futur maire de la deuxième ville de France aura une mission prioritaire : « recoudre » la cité phocéenne. « Marseille a besoin d’unité, de se réunifier, pour qu’elle soit capitale euro-méditerranéenne », martèle-t-il. Une mission qui passe selon lui par « quatre grands axes ». « Ce sont des éléments de programme, pas un catalogue à la Prévert. Ce sont des éléments qui donnent du sens », insiste-t-il.

Egalité de traitement entre Nord et Sud

Le premier d’entre eux s’intitule « Marseille rassemblée », qui est le thème qu’il s’est choisi pour sa campagne. La première priorité sera l’emploi afin de « ne pas laisser au bord de la route les 10 000 jeunes de moins de 25 ans qui ne trouvent pas de travail ». Il s’agira aussi de rattraper le retard de la ville en matière de transports, avec la constitution d’un « axe Nord-Sud », afin d’être « en 2025 au niveau de Lyon avec 100 km de transports en site propre lourd ». Eugène Caselli compte aussi s’appuyer sur les biens sortis de terre à l’occasion de Marseille Provence 2013 afin d’en faire « une marque » qui contribuera à bâtir un projet culturel « plus lisible » que celui de la majorité actuelle et surtout « plus égalitaire au Nord et au Sud ». Une ambition qui se matérialisera par l’implantation, dans les quartiers Nord, d’« une Académie des Arts et des Talents » comprenant une école de théâtre ainsi qu’une école de danse et de musique urbaine, « une école de hip hop réclamée par de nombreux musiciens à Marseille ».
Une égalité de traitement entre Nord et Sud qui prévaudra également au niveau des infrastructures où les maires de secteur se verront dotés des « moyens d’investir ». « Priorité sera donnée aux piscines dont une grande partie est, aujourd’hui, fermée. Cela est inconcevable », dénonce Eugène Caselli. Sans oublier l’édification d’une Arena des sports et spectacles de 15 000 places, « une nécessité indiscutable », sur le territoire d’Euroméditerranée, qui sera « financée par l’ensemble des collectivités ». Autre « nécessité avérée » : la création d’une antenne de l’Institut national des sports à Luminy. Enfin, en partenariat avec la Région, Marseille se portera candidate à l’organisation des Jeux Méditerranéens en 2024. « Plus qu’un symbole, une réalité. Et c’est maintenant qu’il faut s’y préparer », souligne le président de la communauté urbaine.
Le deuxième grand axe de sa future politique, c’est « Marseille apaisée ». Et cela passe en tout premier lieu par la sécurité. Alors aux côtés de l’Etat qui « remplit sa mission » et au sujet duquel Eugène Caselli estime qu’il faut « donner du temps » aux zones de sécurité, il souhaite qu’au terme de son mandat (2020), à Marseille, « comme à Lyon, Nice », on compte « un policier municipal pour 1 000 habitants ». « Cela fait 800 policiers municipaux, munis d’armes non létales, qui seront recrutés, tout au long du mandat, à chaque départ en retraite d’un fonctionnaire municipal », étaye-t-il. Il souhaite doter la cité phocéenne de 200 « Cadets de la cité », un corps composé de 100 adjoints de médiation embauchés en emploi d’avenir et de 100 jeunes en service civique. Ils constitueront « une police de tranquillité ».

Passer du « passe-droit amical » au « droit pour tous »

Toujours dans la lutte contre le chômage, il a demandé au Premier ministre Jean-Marc Ayrault de créer « un Euromed du centre-ville » afin de générer « comme Euromed 2 au Nord » dans un secteur de la ville « paupérisé ». « Il en a parlé dans sa conférence de presse. Donc maintenant j’attends », précise Eugène Caselli au sujet du locataire de Matignon. « Marseille apaisée » passe aussi par un effort accru en matière de « logement pour tous ». « Les plans prévoient 1 500 logements par an. Il faut aller plus loin », prône-t-il en s’engageant sur 2 000 logements par an « dans la rénovation et le neuf ». Les écoles ne seront pas oubliées avec des « locaux rénovés de la même façon au Nord comme au Sud » selon un « plan pluriannuel sur 6 ans ». Enfin, Eugène Caselli veut créer « un Conseil de la Cité ». « Il regroupera les personnels religieux, ce qui existe déjà, mais aussi les personnalités économiques, culturelles, du monde associatif. Des personnalités incontestables qui remettront Marseille sur le seuil de ses valeurs républicaines et incontestables », précise-t-il.
Le troisième axe de son programme, pas le moins polémique, s’intitule « Marseille gouvernée ». « Il faut passer d’une culture du passe-droit amical auquel on a tous été confronté, au droit pour tous », martèle-t-il d’emblée. Ainsi, dorénavant, les logements, places en crèches, emplois publics seront attribués par « une commission mixte avec des élus de l’opposition : que le clientélisme soit terminé ». Et au sein de l’équipe qui l’entourera à la tête de la deuxième ville de France, il veut des adjoints qui soient « des spécialistes dans leur domaine ». « Je les choisirai en fonction de cette spécialité », promet-il.
Ultime axe majeur enfin, « Marseille pilotée » vers l’avenir, ce qui passe prioritairement à ses yeux par la constitution de la métropole Aix Marseille Provence. « On en a un besoin absolu dans les 15 ans ou c’est le déclin », affirme-t-il. Car selon lui, elle est la seule à même de doter Marseille du statut de « capitale euro-méditerranéenne », de « créer les 100 000 emplois qui nous manquent » ou encore de « mettre fin aux baronnies ». Et d’estimer, dans cette dernière optique, que « son assemblée doit être élue au suffrage universel direct », soulignant que « je sais que je ne vais pas me faire des amis », une disposition qu’il aimerait voir actée dès le prochain texte de loi. Il appelle ainsi le gouvernement à « ne pas reculer sur la métropole » car « il en va de l’avenir de Marseille, de sa puissance, de son développement ».

Refaire du port « le poumon économique du territoire »

Un développement qui passe de manière incontournable par le port, afin d’en faire « un véritable poumon économique du territoire ». « Le port doit devenir le passage obligé des containers du Sud au Nord de l’Europe alors que beaucoup le contournent aujourd’hui. Marseille, porte d’entrée du Sud, doit devenir la plus grande plate-forme d’échanges du Sud de l’Europe », résume-t-il. Or à ses yeux, la deuxième ville de France a tous les atouts pour relever ce défi, forte du « premier port en eau profonde d’Europe » (Marseille) et du « 3e port pétrolier au monde » (Fos). « Cela doit nous permettre de jouer un rôle majeur en Euroméditerranée », tranche-t-il.
Fort de ses projets, Eugène Caselli veut aussi l’être du bilan de sa mandature passée à la tête de la communauté urbaine, qu’il assumera complétement. « Jean-Claude Gaudin est UMP et je suis socialiste. S’il n’y avait pas eu d’accord, les projets auraient été gelés. Une bataille de rue n’aurait pas servi la ville. Là, on a pu avancer un certain nombre de projets : le J4, Euromed 2, le parking de la Joliette, le Vieux Port… Chacun a pu défendre et Marseille en a profité », analyse-t-il. Pas une mince affaire quand on souvient, qu’à peine élue, la droite réclamait sa démission. « Marseille n’a pas reculé de 6 ans. Contrairement à ce que la droite disait, Marseille a avancé », se félicite-t-il toute en soulignant que « de toute façon, on ne gère pas une communauté de 18 communes, et demain j’espère 90, sans passer des compromis ».
Cette image d’« homme de dialogue » qu’il a acquise, il a d’ailleurs bien l’intention de la cultiver durant cette campagne. « J’ai une image plus recentrée que les autres et je la cultive », indique-t-il, tout en se réjouissant d’être, selon le dernier réalisé par le PS, le candidat socialiste qui gagne le plus (18,5 points) entre les deux tours des municipales et celui vers lequel se rallient le plus les électeurs communistes, écologistes et du Modem. « C’est une capacité de rassemblement, c’est comme ça que ça s’appelle », appuie-t-il. Celui qui souhaite être perçu comme « un candidat sérieux, travailleur, quelqu’un qui ne parle pas fort et qui essaye de rassembler au-delà des clivages » ne manque d’ailleurs de lancer un appel. « Mes listes sont ouvertes à tous ceux qui ont des compétences à mettre au service d’un projet républicain sur les valeurs que je défends, qui sont des valeurs de gauche », conclut-il.

Serge PAYRAU

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