Publié le 6 février 2015 à 19h34 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h37
C’est auréolé d’une Victoire de la musique 2014 dans la catégorie «Révélation artiste lyrique» que le ténor Stanislas de Barbeyrac s’installera ce mardi 10 février à 20h30 sur la scène du Jeu de Paume pour un récital piano-voix très éclectique où il interprétera Schumann, Tchaïkovski et des airs napolitains de Tosti. Cet artiste lyrique à l’esprit libre et qui fut exceptionnel de présence dans «La flûte enchantée» donnée au Grand Théâtre de Provence dans le cadre du Festival d’Aix 2014 et ce sous la direction de Pablo Heras-Casado, dans une mise en scène innovante de Simon Mac Burney. Entretien.
Destimed: Est-ce que cette Victoire de la musique a changé le cours de votre vie professionnelle ?
Stanislas de Barbeyrac:J’ai surtout vécu cette récompense comme une fierté personnelle et un grand honneur mais il est difficile de mesurer ce que cela apporte d’un point de vue strictement professionnel. Disons que je me rends compte qu’elle m’a procuré une certaine lisibilité, un lien plus fort avec les gens, des ouvertures par rapport à des projets de disque. Mais, dans mon quotidien de chanteur je garde les pieds sur terre et reste très calme par rapport à cela. Je continue à travailler sachant que rien n’est jamais acquis.
Quelle est votre impression générale par rapport à votre participation à «La flûte enchantée» donnée au G.T.P. en juillet dernier où vous incarniez Tamino?
C’est un grand souvenir, d’autant plus fort que ma participation s’est faite dans un contexte un peu spécial puisque je n’étais pas prévu au départ dans cette production. Je savais que j’avais les clefs pour y chanter le rôle de Tamino et j’ai pris cela à cœur. Ce fut un travail très épanouissant, très physique dans une ambiance de travail incroyable au niveau de la troupe. La mise en scène, qui malgré sa modernité, refusait les artifices développait des idées originales et poétiques. Et puis je me suis senti à l’aise malgré mes craintes car j’étais paniqué à l’idée de nouveautés qui pouvaient me ralentir, me bloquer comme l’usage de la vidéo, mais il n’en fut rien.
Comment s’est déroulé le travail avec le chef Pablo Heras-Casado ?
Musicalement on était en phase tout de suite. C’est un chef très exigeant et très catégorique dans ses choix, qui vous aide à vous surpasser. Son contact avec les musiciens est fantastique. Une vraie symbiose, une vraie écoute de sa part. Beaucoup de travail de recherche avec lui. Et comme humainement c’est un être exceptionnel j’espère retravailler vite avec lui.
Une chose est frappante quand on vous voit sur scène et notamment dans «La flûte enchantée», c’est votre qualité d’écoute des autres…
Je tiens beaucoup à cela. J’ai toujours considéré, et mon travail avec Simon Mac Burney a renforcé cette idée, que même si on est présent sur scène et qu’on n’y chante pas, on doit absolument écouter les autres. Cela crée une tension bénéfique. Je m’y emploie en tout cas.
A propos d’opéra, quels sont ceux qui vous touchent le plus?
Essentiellement quatre. Au premier rang «Le dialogue des Carmélites» de Poulenc que je vais reprendre sur scène bientôt. Puis «Werther», «Eugene Oneguin», et «Don Carlo» de Verdi. J’ajouterai que j’aime beaucoup «Le Roi Artus» de Chausson que je vais jouer ainsi que le rôle d’Admet que je vais chanter dans l’«Alceste» de Gluck.
Vous serez sur la scène du eu de Paume avec un récital au répertoire très éclectique. Comment avez-vous conçu ce programme ?
J’ai mélangé les styles. J’adore chanter les « Ditchterliebe » («Les amours du poète») de Robert Schumann qui ouvrent le concert. Puis il y aura des mélodies italiennes de Tosti, des airs de Tchaïkovski, le tout accompagné au piano par l’excellent Alphonse Cemin. J’adore mélanger les genres, montrer ainsi que je vais au-delà des étiquettes, ne privilégiant aucun style, ne me refusant pas par exemple d’aborder du jazz, faire des choses hors des lignes, pas où l’on m’attend fidèle à l’idée que pour moi chanter, c’est être libre !
Propos recueillis par Jean-Rémi BARLAND